Le Sacrement du Baptême, par Dr. Wilbert Kreiss - index
II - LA DOCTRINE BIBLIQUE DU BAPTÊME
Nous ne traiterons pas en détails toute la doctrine biblique du baptême. Il est des éléments de cette doctrine que nous passerons sous silence, et d'autres que nous ne ferons qu'évoquer, le but de notre étude étant de montrer l'efficacité et la signification de ce sacrement. Nous nous contenterons donc d'exposer tout ce qui nous permet d'atteindre ce but, tout ce qui est susceptible d'aider le lecteur à prendre conscience des merveilleuses bénédictions que confère le baptême.
1) L'institution divine du baptême :
Le baptême est l'un des deux sacrements de la nouvelle alliance. A ce titre, il constitue avec la prédication de l'Evangile et de la Sainte Cène, un moyen de grâce. Dieu, qui dispose seul de la grâce, peut seul définir les moyens par lesquels il veut offrir aux hommes. Il est souverain dans sa volonté. S'il nous ordonnait de ramasser un brin de paille, en nous promettant par là que nous obtiendrions le pardon, nous aurions à le faire. Quiconque méprise l'un ou l'autre des moyens de grâce qu'il a institués, s'en prend donc à sa grâce même. Or il a plu au Seigneur de choisir des moyens de grâce tels que l'homme ne puisse fonder son salut sur ses mérites personnels. Le baptême en est un.
Jésus-Christ, le Fils de Dieu devenu homme pour le salut du monde, a institué le baptême avant de remonter au ciel, et prescrit à l'Eglise de l'administrer:
"Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Matthieu 28:19.20).
Jésus veut donc que les hommes soient baptisés, que l'Eglise baptise des hommes de toutes nations. Et cela, jusqu'à son retour à la fin du monde. Il a promis aux siens qu'il serait avec eux jusqu'à ce jour là. Or, là où est le Christ est aussi sa grâce. Et puisque sa grâce est offerte aux pécheurs par les moyens qu'il a lui-même choisis, il faut que ces moyens de grâce soient administrés :
"Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé" (Marc 16: 16).
"Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ" (Actes 2:38).
Il est vrai que le baptême a été administré avant que Jésus n'en donne l'ordre à ses apôtres. Jean-Baptiste baptisait dans le désert de Judée, et son baptême avait la même efficacité que celui que Jésus a institué. Il était administré, lui aussi, pour le pardon des péchés (Marc 1 : 4). Il s'agit en fait du même baptême, à cette différence près que Jean baptisait ceux qui venaient à lui pour le pardon des péchés que le Christ devait acquérir au monde par sa mort sur la croix, tandis que l'Eglise chrétienne baptise pour le pardon des péchés qu'il a acquis. Aussi ce que la Bible dit des pharisiens et des scribes qui refusaient de se faire baptiser par Jean, est-il vrai aujourd'hui encore :
"Les pharisiens et les docteurs de la loi, en ne se faisant pas baptiser par lui, ont rendu nul à leur égard le dessein de Dieu" (Luc 7:30).
Baptiser n'est donc pas une pieuse coutume, mais la soumission à un ordre solennel du Seigneur.
2) L'essence du baptême :
Qu'est-ce que le baptême? Un sacrement, avons-nous dit. Nous définissons le sacrement comme un acte sacré institué par Dieu lui-même, où sa Parole est unie à des éléments visibles, et par lequel Dieu nous offre et nous garantit la rémission des péchés que Jésus nous a acquise. Dans le baptême, il s'agit de l'eau. Ce n'est donc pas une eau ordinaire, mais, pour citer le Petit Catéchisme, "une eau administrée par suite d'un commandement de Dieu et unie à sa Parole". En vertu de la promesse qui y est unie, l'eau du baptême devient "une eau de grâce et de vie, et le bain de la régénération dans le Saint-Esprit, comme le dit Saint Paul à Tite au troisième chapitre".
De même que la Parole de Dieu fait du baptême un baptême, de même elle est ce qui lui donne son efficacité et son pouvoir. Baptiser signifie donc appliquer de l'eau à un pécheur sur l'ordre du Seigneur, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, en se fondant sur la promesse qui y est attachée. Un tel baptême réalise de grandes choses et procure des bénédictions merveilleuses.
3) L'efficacité du baptême :
Le baptême est le bain de la régénération dans le Saint-Esprit, dans lequel Dieu offre à des hommes conçus dans le péché, coupables, maudits et condamnés par la loi, et assujettis à la mort et au diable, le pardon de tous leurs péchés, les revêt de la justice du Christ, les régénère pour qu'ils soient ses enfants bien-aimés, des temples du Saint-Esprit et des héritiers de la vie éternelle.
Ce n'est pas là une pieuse conception du baptême, une idée personnelle que les théologiens luthériens se font de son efficacité et de sa signification, mais, comme nous allons le voir, le clair enseignement de l'Ecriture Sainte.
Mais lisons auparavant cette belle page de Luther:
"Dieu a commandé et institué le baptême. Il faut remarquer cela tout d'abord, afin d'être assuré que le baptême est une institution divine, et non une cérémonie imaginée et inventée par les hommes. Si je puis dire avec certitude que le Décalogue, le Symbole Apostolique et le Notre-Père n'ont pas jailli du cerveau d'un homme, mais ont été révélés et donnés par Dieu, je puis également affirmer que le baptême n'est pas une invention humaine, mais une institution divine. Et non seulement Dieu l'a institué lui-même, mais il nous a commandé de nous faire baptiser, si nous voulons être sauvés.
"Il ne faut donc pas croire qu'il soit aussi peu important de recevoir le baptême que d'étrenner un habit de fête; il est, au contraire, extrêmement important que l'on considère le baptême comme une chose excellente que l'on ne saurait trop estimer. C'est surtout pour cela que nous luttons et combattons aujourd'hui, car le monde est plein de sectes qui prétendent que le baptême est une cérémonie purement extérieure, et que les cérémonies extérieures sont inutiles.
"Quoi qu'il en soit, nous avons ici la Parole et le commandement de Dieu, qui instituent, fondent et sanctionnent le baptême. Or, ce que Dieu institue et ordonne n'est pas une chose vaine, mais une chose précieuse, même si elle n'a qu'une chétive apparence et semble avoir encore moins de valeur qu'un fétu. Si, jusqu'à présent, on a pu faire grand cas des lettres et des bulles par lesquelles le pape distribuait des indulgences et consacrait des autels ou des églises, et cela à cause du sceau qui y était apposé, combien plus devons-nous exalter le baptême, parce qu'il est commandé par Dieu et administré en son nom. Car il est écrit : "Allez..., baptisez... au nom de Dieu", et non pas en votre nom. Etre baptisé au nom de Dieu, ce n'est pas être baptisé par des hommes, mais par Dieu lui-même. Bien que le baptême soit administré par des hommes, il n'en est pas moins l'oeuvre de Dieu, et chacun peut conclure qu'il est bien supérieur à toute oeuvre accomplie par un homme, même par un saint. Pourrait-on, en effet, faire une oeuvre plus grande que l'oeuvre de Dieu?" (Le Grand Catéchisme, Editions "Je Sers", p.195,196).
Dieu offre dans le baptême le pardon des péchés :
"Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés" (Actes 2:38).
"Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés" (Actes 22:16).
Le baptême institué par Jésus a ainsi la même efficacité que celui de Jean-Baptiste, dont l'Ecriture dit :
"Jean parut, baptisant dans le désert et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés" (Marc 1:4).
Le pardon des péchés! C'est ce dont l'homme a le plus besoin. Né dans l'iniquité, conçu dans le péché (Psaume 51:7), il est par nature chair né de la chair (Jean 3:6), un enfant de colère (Ephésiens 2 : 3), en qui n'habite rien de bon (Romains 7:18). Il est mort par ses offenses et par ses péchés (Ephésiens 2:1), coupable (Romains 3:19), maudit par la Loi (Galates 3:10), assujetti au mal et à l'injustice, sur le large chemin qui mène à la perdition. Ses péchés le séparent de son Créateur, lui valent la disgrâce et la damnation éternelle. Mais voici que Jésus-Christ lui offre dans le baptême le pardon qu'il lui a mérité sur la croix, un pardon total, pour lequel il a dû verser son sang innocent et précieux. Jean-Baptiste prêchait le baptême de repentance; Pierre annonça à ses auditeurs de la Pentecôte bouleversés par sa prédication: "Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé". La repentance est faite de contrition et de foi en Jésus-Christ. Elle est l'attitude de l'homme qui se sait condamné par la Loi, qui accepte son verdict, mais qui a aussi découvert en Jésus le Fils de Dieu qui l'a racheté par son sacrifice et en qui il peut trouver le pardon. Cette repentance conduit au baptême, qui, lui, est administré "pour la rémission des péchés" (Marc 1:4), "pour le pardon des péchés" (Actes 2:38).
Laissons ce texte s'exprimer librement! Il ne dit pas : "Cherchez et trouvez le pardon, puis venez vous faire baptiser", mais: "Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés". Ainsi donc, Dieu offre réellement le pardon dans le baptême. L'apôtre Saint Paul affirme la même chose, quand il dit:
"Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l'avoir purifiée par le bain d'eau dans la Parole" (Ephésiens 5:25.26).
Il est tout à fait évident que l'apôtre parle ici du baptême. Après avoir proclamé que Jésus aime son Eglise et qu'en vertu de cet amour il s'est livré lui-même pour elle, livré à la mort par laquelle il a expié les péchés de l'humanité, il montre comment il applique à son Eglise les bienfaits de son sacrifice. Il la sanctifie, c'est-à-dire la fait sienne, l'édifie et l'affermit dans la foi, la piété et la sainteté, après l'avoir purifiée de ses péchés et lui avoir offert le pardon par le bain d'eau dans la Parole. Le baptême, en effet, n'est pas une eau ordinaire, mais une eau administrée par suite d'un commandement de Dieu et unie à sa Parole, une eau qui est porteuse de la merveilleuse promesse du pardon. De même que l'eau de la toilette nous purifie extérieurement, le baptême nous lave intérieurement. Qu'y a-t-il en nous? La souillure du péché, toutes les saletés de l'âme et du coeur, notre impureté innée qui se manifeste chaque jour par de nombreux péchés. Non qu'il efface nos péchés, mais il les recouvre de la justice du Christ, nous revêt des mérites du Rédempteur.
Chrétien, qui lis ces lignes, non seulement Jésus t'a acquis et mérité le pardon dont tu as tant besoin, non seulement il te le promet dans sa Parole, mais il te l'a aussi effectivement et personnellement offert dans ton baptême! Par de l'eau? Par quelque chose d'aussi ordinaire et méprisable que l'eau du robinet? Oui, par de l'eau; par une eau qui en soi n'a pas ce pouvoir merveilleux, mais qui le reçoit de la promesse qui y est jointe. Par une eau capable de faire ce miracle, parce que ton Dieu veut qu'il en soit ainsi, comme l'eau avait purifié Naaman le Syrien de sa lèpre, parce que Dieu en avait décidé ainsi, comme la salive de Jésus avait rendu la vue à l'aveugle, parce que Jésus voulait qu'il en soit ainsi. Il plaît à Dieu de recourir à l'eau pour nous offrir le pardon. N'en soyons pas scandalisés et croyons avec humilité et gratitude ce qu'affirme la Bible. Ne cherchons pas un symbole là où il n'y en a pas. Croyons que le Seigneur donne le pardon là où l'Ecriture le déclare. Ce n'est pas l'homme qui agit dans le baptême, l'homme qui aime tellement se prévaloir de ce qu'il fait et en tirer gloire, mais Dieu qui offre au pécheur ce dont il a besoin : le pardon de toutes ses injustices. Sachons briser notre orgueil, plier notre raison et recevoir avec simplicité, foi et gratitude ce don ineffable!
Par le baptême le pécheur revêt Jésus-Christ et devient enfant de Dieu :
"Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ" (Galates 3:26.27).
Saint Paul n'oppose pas la foi au baptême, comme le font les Baptistes qui, parce que la foi sauve, déclarent que le baptême ne peut pas le faire aussi. Si c'est par la foi qu'on devient un enfant de Dieu, disent-ils, ce n'est pas par le baptême. Ce faisant, ils opposent ce que l'apôtre considère ensemble et réunit dans ce splendide texte. La deuxième partie de la phrase, en effet, explique la première : la foi a fait de nous des enfants de Dieu, parce qu'en recevant le baptême, nous avons revêtu le Christ. Dans le texte grec, les mots "vous tous qui avez été baptisés..." sont précédés d'une particule qui signifie "car, en effet". C'est parce qu'ils ont été baptisés en Christ, que les croyants sont enfants de Dieu par la foi en Christ. Le baptême est, du côté de l'homme croyant, l'expression de sa foi en Jésus et de sa recherche du pardon. Du côté de Dieu, il est l'acte par lequel le Seigneur offre au croyant les promesses du pardon et les lui scelle de façon visible et personnelle.
"Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ". Pour A. Kuen, cette phrase signifie simplement qu'en recevant le baptême, le croyant atteste aux yeux du monde qu'il appartient à Jésus, qu'il marche sur ses traces et fait profession de le suivre. En réalité, c'est beaucoup plus que cela. Revêtir le Christ signifie être littéralement enveloppé dans ses mérites et sa justice, si bien que Dieu nous regarde à travers le Christ. C'est participer par le pardon à la justice et à la sainteté du Rédempteur, de sorte que Dieu ne voit plus nos péchés. A ses yeux nous sommes dès lors aussi justes et innocents que son Fils bien-aimé. Jésus devient notre frère, si bien que nous sommes avec lui et grâce à lui enfants de Dieu.
Revêtir le Christ, c'est revêtir par la foi la belle robe que le père avait réservée à son fils prodigue (Luc 15:22), l'habit de noces sans lequel on n'accède pas au salut (Matthieu 22:11- 14). C'est encore laver sa robe et la blanchir dans le sang de l'Agneau (Apocalypse 7:14). C'est exulter avec le prophète: "Je me réjouirai en l'Eternel, mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu, car il m'a revêtu des vêtements du salut, il m'a couvert du manteau de la justice, comme le fiancé s'orne d'un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux" (Esaïe 61:10). "Je revêtirai de salut ses sacrificateurs, dit l'Eternel, et ses fidèles pousseront des cris de joie". (Psaume 132:16). Revêtir le Christ, c'est, pour parler avec Saint Paul, "être trouvé en lui, non pas avec ma justice, celle qui vient de la Loi, mais avec la justice qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, afin de connaître Christ et la puissance de sa résurrection" (Philippiens 3:9.10). Paul ne dit pas, avec A. Kuen que le baptême est le "symbole d'un revêtement" (Le Baptême, p.46), mais qu'il est le moyen même par lequel s'effectue ce revêtement, le moyen par lequel le croyant devient par la foi participant de la justice de son Sauveur. Par lui Dieu nous fait grâce et fait des enfants de colère que nous étions par nature, ses enfants bien-aimés.
Dans ce texte, comme dans les précédents, l'Ecriture Sainte réunit le baptême et la foi. C'est une vérité de la plus haute importance. Il convient, en effet, de ne pas attribuer au baptême une puissance magique. Certes, ce n'est pas notre foi qui fait de lui un sacrement, un moyen de grâce. Il est cela en vertu de l'institution et de la promesse divines. Mais c'est par la foi que le pécheur s'approprie le pardon, le salut et toutes les bénédictions qui lui sont offertes dans le baptême. Si, comme nous aurons l'occasion de le voir, nous disons que le baptême sauve, il va de soi qu'il sauve par la foi. Il est un contrat et une alliance. Une alliance que l'homme peut rejeter, à laquelle il peut devenir infidèle. Le baptême sauve, si nous persévérons dans la foi au pardon et au salut que Dieu nous y a promis et offerts. Aussi beaucoup de baptisés périront-ils, parce qu'ils se sont détournés du Christ et de son pardon.
Chrétien, rien n'est plus près de toi que le vêtement que tu portes sur le dos. Jésus est devenu ton vêtement dans le baptême. C'est là que tu as été, on ne peut plus étroitement, uni à lui et rendu participant de sa rédemption. C'est là que par la foi Dieu a fait de lui ton Sauveur personnel. Il appartient à toi qu'il le reste, qu'il soit ton Rédempteur dans la vie et la mort, dans le temps et dans l'éternité. Ton baptême, qui est pour toi une source intarissable de consolations et de forces, t'engage donc à lui rester fidèle jusqu'à la mort.
Dieu offre dans le baptême le salut éternel :
"Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16).
Une fois de plus, l'Ecriture lie la foi et le baptême. "Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé". On nous objecte aussitôt : Jésus ne dit pas que celui qui ne croira pas et qui ne sera pas baptisé, sera condamné. Seul celui qui ne croira pas sera condamné. Le baptême n'est donc pas indispensable au salut. C'est donc qu'il ne le procure pas! A cela nous répondons: Il est vrai que le baptême n'est pas de nécessité absolue pour le salut. Le larron sur la croix n'a sans doute jamais été baptisé. Mais ceci ne nous autorise pas à affirmer que le baptême ne procure pas le salut. Jésus le dit: "Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé". Il réunit donc la foi et le baptême et affirme que par les deux on parvient au salut. Les deux vont toujours ensemble. Dès l'instant qu'un homme parvient à la foi, il souhaite recevoir le baptême et le sollicite, car Dieu y promet la vie éternelle et la scelle à celui qui reçoit ce sacrement avec foi. La foi se fonde sur les promesses du baptême. Mais tandis que la foi est subjective, qu'elle est la confiance en les promesses divines, le baptême est un acte objectif par lequel le Seigneur réalise sa promesse. Il ne peut donc être un simple symbole, n'offrant rien. S'il en était ainsi, il ne serait pas lié de façon aussi directe au salut. Un symbole n'a jamais sauvé personne! Le baptême offre de la part de Dieu, et le croyant y reçoit par la foi, le salut des mains de son Sauveur. Il est donc le canal, le moyen par lequel Dieu offre au monde le salut du Christ. Affirmer le contraire et refuser le baptême, constitue une démarche contradictoire, qui procède d'une fausse conception de ce sacrement. Le fait de n'avoir pas pu être baptisé, ne condamne personne. En le refusant délibérément, par contre, on rend nul à l' égard de soi-même, le dessein de Dieu (Luc 7:30).
Qu'est-ce qui sauve le pécheur? Les Baptistes répondent : la foi! Jésus dit: la foi et le baptême! L'un n'exclut pas l'autre, bien au contraire. La foi et le baptême sauvent. Mais pas de la même façon! Le baptême sauve, parce qu'il est le moyen objectif par lequel Dieu m'offre son salut. La foi sauve, parce qu'elle est le moyen personnel par lequel je me l'approprie. Nous ne disons pas : parce que la foi sauve, Jésus ne sauve pas! Il est donc non pas la source, mais le symbole du salut! Non, l'Ecriture enseigne les deux : Jésus sauve, et la foi sauve. Comme elle enseigne : le baptême sauve, et la foi sauve!
Dieu, dans sa miséricorde, nous a encore donné d'autres textes dans la Bible qui nous affirment que le baptême sauve. Et il est difficile de leur faire dire autre chose...
"Lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération" (Tite 3:4.5).
Dans le texte précédent, Jésus a affirmé que celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé. Il a ainsi fait du salut à venir le point d'aboutissement de la foi et du baptême. Paul, par contre, parle au parfait. Il affirme que Dieu nous a sauvés, selon sa miséricorde et par le baptême. Il a institué et choisi ce sacrement pour nous communiquer son salut, nous faire entrer dans le règne de grâce de Jésus, dans lequel nous avons l'assurance que nous sommes réconciliés avec lui, ses enfants bien-aimés et les héritiers de la vie éternelle. Le croyant est dès maintenant sauvé par le baptême. Il est dès maintenant en possession de la vie éternelle, bien que, pour en jouir entièrement, il lui faille encore passer par la mort, pour être définitivement libéré du péché.
L'apôtre Pierre confesse que Jésus-Christ est allé, après sa mort, proclamer sa victoire aux esprits en prison, c'est-à-dire aux damnés, en particulier aux contemporains incrédules de Noé, à ceux qui refusèrent de se convertir, pendant qu'il construisait l'arche. Il compare ensuite le déluge au baptême :
"...pendant la construction de l'arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c'est-à-dire huit, furent sauvées à travers l'eau. Cette eau était une figure du baptême, qui n'est pas la purification des souillures du corps, mais l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus-Christ" (1 Pierre 3:20.21).
Nous reconnaissons volontiers que ce texte présente des difficultés. Nous le traduisons littéralement: "...pendant la construction de l'arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c'est-à-dire huit, furent sauvées à travers l'eau. Laquelle, comme un type, vous sauve maintenant, vous aussi, en tant que baptême". Pour l'instant nous laisserons la suite du texte, où il est question de l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, de côté. nous devrons revenir là dessus par la suite. Retenons que l'apôtre trace un parallèle entre l'eau du déluge et celle du baptême. En quoi se ressemblent-elles? En ce qu'elles sauvent toutes les deux. De même que l'eau du déluge permit à Noé et à sa famille d'échapper au jugement qui frappa l'humanité de son époque, de même l'eau maintenant nous sauve : en tant que baptême. C'est-à-dire en tant qu'eau "administrée par suite d'un commandement de Dieu et unie à sa Parole". Le baptême permet au croyant d'échapper à la perdition. L'eau qui permit à Noé et aux siens d'échapper à un terrible jugement divin et de remettre les pieds sur une terre rajeunie et renouvelée, purifiée des péchés de leurs contemporains, conduit les croyants, par-delà le jugement final, dans les nouveaux cieux et sur la nouvelle terre qui jaillira du feu purificateur qui attend le monde.
Le jour où nous avons été baptisés, Jésus, qui a racheté l'humanité entière, nous a ouvert les portes du ciel. Le salut nous appartient. Le jour où le Seigneur mettra un terme à notre vie terrestre, il nous fera, si nous avons été fidèles et avons persévéré dans la foi en ses promesses, entrer dans ce salut et en jouir pleinement. Alors, la requête qu'il a adressée à son Père: "Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée" (Jean 17 : 24), sera exaucée en faveur de tous ceux qui auront revêtu leur Sauveur dans le baptême et lui auront été fidèles (Galates 3:26.27).
Encore une fois, laissons parler ces textes! Laissons-les nous dire ce qu'ils veulent effectivement nous annoncer, ce que le Saint-Esprit veut nous révéler par eux! Que le chrétien qui croit en l'inspiration de ces textes, qui croit et confesse que Dieu parle à travers eux, les laisse parler et accepte leur message, sans leur imposer une interprétation conforme à un système théologique particulier! L'Ecriture est formelle: Le baptême sauve!
Le baptême régénère l'homme et fait de lui le temple du Saint-Esprit:
L'homme est né dans l'iniquité et a été conçu dans le péché. Les pensées de son coeur sont mauvaises dès sa jeunesse. Il n'y a pas, depuis la chute, d'homme pur sur la terre. Le péché originel est une réalité, une terrible réalité clairement enseignée dans la Bible (Psaume 51:7; Jean 3:6; Ephésiens 2:1.3; Genèse 8:21; Romains 7:18; 8:7, etc). Tous les hommes sont donc par nature au pouvoir de Satan et assujettis à la colère de Dieu et à la damnation.
Nicodème croyait qu'il suffisait de s'appliquer à la justice et à la piété, de renoncer autant que possible au mal, bref de devenir meilleur, pour entrer dans le royaume de Dieu. Il se trompe, le brave homme! Jésus lui enseigne une vérité bouleversante: Il ne faut pas devenir meilleur, il faut devenir un tout autre homme. Il faut subir au plus profond de soi-même un changement d'une telle envergure qu'on peut le comparer à une nouvelle naissance: "En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu" (Jean 3:3). Nicodème s'interroge. Comment un adulte pourrait-il renaître, changer au point qu'il devienne un nouvel homme? Voici la réponse de Jésus:
"En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit" (Jean 3:5.6).
Tout lecteur non prémuni de la Bible, tout lecteur qui n'est pas prisonnier d'un préjugé et qui ne part pas du principe que lorsque l'Ecriture parle d'eau et de régénération, il NE PEUT PAS être question du baptême, parce qu'il ne PEUT voir en celui-ci autre chose qu'un symbole, est obligé de convenir que Jésus fait allusion au sacrement du Baptême.
Le baptême est de l'eau enrichie d'une merveilleuse promesse de grâce, de pardon et de salut, par laquelle le Saint-Esprit régénère les pécheurs. Les Saintes Ecritures lui attribuent ainsi la même efficacité qu'à la Parole, dont il est dit: "Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la Parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23). "Il nous a engendrés selon sa volonté, par la Parole de vérité" (Jacques 1:18). Saint Augustin a dit à juste titre qu'un sacrement est un élément auquel s'ajoute la Parole, qu'il est ainsi "parole visible". A ce titre, il produit les mêmes effets que la prédication de l'Evangile. C'est grâce à la Parole, à la promesse qui y est jointe, que le sacrement est ce qu'il est, qu'il réalise ce qu'affirme la Bible.
Saint Paul enseigne exactement la même vérité que le Christ, quand il écrit:
"Il nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit, qu'il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle" (Tite 3:5-7).
Si le baptême n'est pas l'unique moyen de régénération, il en est l'unique bain. Là aussi, il n'existe aucune raison d'affirmer avec A. Kuen que l'apôtre parle d'autre chose que du baptême. Si ce n'est un préjugé dogmatique, la conviction qu'il ne PEUT songer au baptême... Et de même qu'un bain naturel n'est pas un simple signe ou symbole de purification, mais le moyen de se laver, de même le baptême n'est pas simplement symbole de régénération, mais le moyen, le bain par lequel le Saint-Esprit la réalise... C'est pourquoi Paul ajoute qu'il est un bain de renouvellement du Saint-Esprit. Segond a traduit: "Par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit". Si cette traduction est grammaticalement correcte, nous préférons cependant cette autre, tout aussi correcte grammaticalement et dogmatiquement plus juste, car elle affirme mieux l'union de l'eau et du Saint-Esprit dans le baptême: "Par le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit".
Alors, que se passe-t-il en fait dans le baptême? Nous avons vu que Dieu y offre sa grâce, son pardon et son salut. Cette offre est plus qu'une simple proposition ou présentation. Elle est effective. Non seulement Dieu nous promet et nous propose tout cela, mais il fait aussi en sorte que nous nous l'appropriions. Il suscite et fait naître dans nos coeurs la foi par laquelle tous ces bienfaits deviennent nôtres. Il nous transforme radicalement, en nous donnant un coeur qui accepte sa grâce, son pardon et son salut et qui en vit dans la foi.
On nous objectera sans doute: "Mais les trois mille hommes qui ont été baptisés le soir de la première Pentecôte, s'étaient convertis avant de recevoir le baptême. Ils étaient donc déjà régénérés, ils possédaient déjà le pardon et le salut!". C'est vrai. Il n'en est pas moins vrai que le baptême est un bain de régénération. Il plaît à Dieu, dans sa miséricorde infinie, d'utiliser plusieurs moyens pour nous offrir la vie éternelle. Allons-nous en être scandalisés?
Allons-nous répondre par la surprise et l'étonnement, par le doute et le scepticisme? Ne devrions-nous pas plutôt l'en remercier? Il a diverses façons d'agir en nous, tant il tient à ce que nous soyons sauvés. Tandis que la prédication s'adresse à tous ceux qui l'entendent et que l'offre du pardon et du salut y est générale, il vient à nous en particulier dans le baptême avec ses trésors de grâce, pour nous les offrir individuellement et nous les sceller et les garantir par le signe visible qu'est l'eau. C'est qu'il sait de quoi nous sommes faits. Il sait combien le coeur de l'homme est accessible aux doutes, aux tergiversations, aux interrogations. Il sait combien nous sommes prompts à remettre en question les offres qu'il nous fait, à peser le pour et le contre de ses promesses. C'est pourquoi il recourt à l'eau du baptême pour sceller au païen qui vient de se convertir l'offre du pardon et du salut que celui-ci vient d'entendre dans la proclamation de l'Evangile. D'autre part, la régénération n'est pas un acte unique de Dieu. On n'est pas régénère une fois pour toutes dans sa vie. C'est un acte miséricordieux que Dieu doit répéter, renouveler constamment dans l'existence de ses enfants. S'il ne le faisait pas, ceux-ci auraient vite fait de se détourner de lui, pour courir après d'autres dieux et d'autres trésors. C'est pourquoi le chrétien lit et écoute régulièrement la Parole de Dieu, qui est la nourriture quotidienne de son âme. C'est pourquoi aussi il souhaite que le pardon et le salut lui soient scellés personnellement. C'est pourquoi encore il tient à communier régulièrement au corps et au sang du Christ dans la Cène, pour recevoir personnellement son pardon.
"... par le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit". Le Saint-Esprit n'a que faire d'un symbole. Si par contre il renouvelle le croyant par le baptême, en le régénérant, c'est que le baptême est effectivement le moyen qu'il a choisi pour faire son oeuvre dans les coeurs. Pas l'unique moyen, mais l'un d'eux. Aussi, le croyant qui sollicite le baptême, devient-il par là le temple de l'Esprit Saint, le lieu où celui-ci agit, accomplit son oeuvre de salut, une oeuvre qu'il ne demande qu'à poursuivre. Et ce n'est pas parce que tant de baptisés renient le Christ, que le Saint-Esprit n'est pas venu habiter dans leur coeur au moment du baptême. On peut être, à un moment donné de sa vie, un croyant sincère et un temple du Saint-Esprit, et ensuite renier, hélas, le Christ, mourir dans l'incrédulité et périr éternellement.
Le baptême est, comme la circoncision dans l'Ancien Testament, le sceau de l'alliance de grâce:
Dieu avait dit à Abraham: "J'établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations. Ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi... C'est ici mon alliance que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi: Tout mâle parmi vous sera circoncis". (Genèse 17:7.10). Dieu avait choisi Abraham, pour faire de lui l'ancêtre d'une grande nation, le peuple d'Israël. Cette nation allait être le berceau du Sauveur du monde, du Fils d'Abraham, Jésus-Christ. Il conclut une alliance avec lui. Plus tard, cette alliance fut solennellement renouvelée au Sinaï avec le peuple d'Israël tout entier. Dieu lui prescrivit de plus des sacrifices et des cérémonies qui toutes préfiguraient la grande oeuvre de rédemption que le Christ allait accomplir en son temps. Il lui envoya ses prophètes, pour lui annoncer sa volonté, et en particulier la venue imminente du Sauveur du monde. Par la circoncision on devenait membre de ce peuple de droit divin. On devenait ainsi participant des promesses que Dieu avait faites à Abraham. Saint Paul précise encore qu'Abraham "reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi, quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût imputée, et le père des circoncis, qui ne sont pas seulement circoncis, mais encore qui marchent dans les traces de la foi de notre père Abraham, quand il était incirconcis" (Romains 4:11.12). En Jésus se réalise donc la promesse faite au patriarche. Il est la postérité qui lui avait été promise (Galates 3:15.16). Et c'est par la foi en lui que les hommes, Juifs et païens, deviennent fils d'Abraham. C'est en Christ que sont bénies toutes les nations de la terre, dans la mesure où par la foi elles l'acceptent comme leur Rédempteur.
Or, voici que l'apôtre Paul écrit aux Colossiens :
"C'est en lui que vous avez été circoncis d'une circoncision que la main n'a pas faite, mais de la circoncision de Christ qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair: ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu qui l'a ressuscité des morts. Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses" (Colossiens 2:11-13).
Traduction littérale:
"C'est en Christ que vous avez été circoncis d'une circoncision que la main n'a pas faite, par le dépouillement du corps de la chair, par la circoncision de Christ, ayant été ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel vous êtes aussi ressuscités par la foi en la puissance de Dieu, qui l'a ressuscité des morts" (traduction littérale) (Colossiens 2:11.12).
A la différence de la circoncision judaïque, faite de mains d'hommes, il en existe une autre, qui ne consiste pas à inciser la peau, pour en détacher une partie, mais qui réside dans le dépouillement du corps de la chair tout entier, qui affecte le corps tout entier, en tant que corps de chair, gouverné par la chair pécheresse. C'est une circoncision intérieure, qui change l'homme tout entier. Le corps devient ainsi, en Christ, temple du Saint-Esprit. D'où l'exhortation faite aux chrétiens, de ne pas livrer leurs membres au péché, comme des instruments d'iniquité, mais de se donner tout entiers à Dieu (Romains 6:12.13). Comment eut lieu cette transformation intérieure? Par le baptême. C'est par lui que le croyant a été enseveli avec le Christ et qu'il est ressuscité par la foi en Dieu. Le baptême ensevelit avec Christ. C'est l'image la plus forte qu'on puisse employer, pour affirmer que le baptême unit le croyant à la mort de Jésus. Paul l'utilise encore une fois dans l'épître aux Romains, quand il déclare:
"Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts pour la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie" (Romains 6:3.4).
Il s'agit d'un ensevelissement et d'une résurrection réels avec le Christ, et non d'actes symboliques, irréels. Jésus a effectivement expié les péchés du monde et l'a réconcilié avec Dieu. Tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour les hommes. Encore faut-il qu'ils en deviennent participants. Pour cela, il faut qu'ils soient unis au Christ et à sa crucifixion. C'est le baptême qui réalise cette union. Etre enseveli dans la mort, signifie simplement mourir. Quiconque est enseveli est effectivement mort. Le baptême unit à la mort du Christ. Il rend le chrétien participant de tout ce que Jésus a fait pour lui et les hommes du monde entier. C'est comme si le croyant était mort lui-même sur l'autel de Golgotha, en expiant lui-même ses fautes. Voilà tout ce que veut attester la Bible, quand elle affirme que par le baptême on revêt le Christ (Galates 3:26.27). Cette union étroite avec le Christ, la délivrance de la culpabilité et de la condamnation engagent le croyant, comme nous aurons encore l'occasion de le voir, à la sanctification. Libéré du péché il l'est aussi de sa domination, afin de vivre en Christ et pour lui.
"Ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi...C'est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis" (Genèse 17:7.10).
"Mon alliance sera dans votre chair une alliance perpétuelle" (Genèse 17:13).
C'est une erreur de considérer la circoncision comme la simple marque extérieure de l'appartenance au peuple juif. Son institution remonte à Abraham, à une époque où Israël n'était pas encore une nation. Saint Paul est formel à ce sujet. Il la considère comme le sceau de la justice qu'Abraham avait reçue par la foi, alors qu'il était encore incirconcis (Romains 4:11). Il en tire la conclusion qu'il devint ainsi le père à la fois des incirconcis et des circoncis croyants. Il devint cela par la circoncision. Celle-ci n'est donc pas une simple marque ethnique, le signe de l'appartenance au peuple d'Israël, mais possède une profonde signification spirituelle. Il ressort de ces textes et de l'explication que Paul en donne (Genèse 17:7.10.11 : "Ce sera un signe d'alliance entre vous et moi"; Romains 4:11 :"Il reçut le signe de la circoncision comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi"), que la circoncision est à la fois le signe de l'alliance et l'alliance elle-même. Elle atteste de façon visible que Dieu a conclu une alliance de grâce avec celui qui en est l'objet, qu'il a part à toutes les promesses inhérentes à cette alliance. Elle est le signe visible, le sceau comme quoi on a affaire là à un homme à qui Dieu offre les grâces promises dans la personne du Messie, et en même temps l'acte par lequel cet homme est reçu dans l'alliance conclue avec Abraham.
"Ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu". Nous retrouvons cette expression "je serai ton Dieu" tout au long de l'Ancien Testament, chaque fois qu'il est question de l'alliance. "Vous m'appartiendrez entre tous les peuples", dit Dieu a Israël au Mont Sinaï (Exode 19:5). "Je suis l'Eternel, ton Dieu" (Exode 20:2). "Ainsi parle l'Eternel, proclame Jérémie : Il a trouvé grâce dans le désert, le peuple de ceux qui ont échappé au glaive. Israël marche vers son lieu de repos. De loin l'Eternel se montre à moi : Je t'aime d'un amour éternel. c'est pourquoi je te conserve ma bonté" (Jérémie 31:2.3). "Voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit l'Eternel: je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leur coeur. Et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple" (Jérémie 31:33). "Ne crains point, car je te rachète. Je t'appelle par ton nom. Tu es à moi. Si tu traverses les eaux, je serai avec toi, et les fleuves, ils ne te submergeront point. Si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas, et la flamme ne t'embrasera pas. Car je suis l'Eternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton Sauveur" (Esaïe 43:1-3).
"Ton Dieu, le Saint d'Israël, ton Sauveur". Voilà la magnifique promesse dont la circoncision garantissait au Juif croyant l'accomplissement. Or il existe maintenant un autre moyen d'entrer dans l'alliance de grâce, un autre sceau de cette alliance que la circoncision. Aussi l'apôtre ne tolère-t-il pas que l'on introduise la circoncision dans l'Eglise chrétienne (Actes 21:21). Ce serait revenir en arrière, vers l'ombre des choses à venir, alors que les promesses ont été accomplies en Christ. Ce serait nier que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes! Le baptême a ainsi pris la place de la circoncision: "C'est en Christ que vous avez été circoncis d'une circoncision que la main n'a pas faite, par le dépouillement du corps de la chair, par la circoncision de Christ, ayant été ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel vous êtes aussi ressuscités par la foi en la puissance de Dieu" (Colossiens 2:11-13). Le baptême joue par conséquent dans l'alliance nouvelle le rôle que jouait la circoncision dans l'ancienne. Il met le pécheur au bénéfice des bénédictions que le Christ a méritées au monde. Il le fait membre du peuple de Dieu, enfant du Père céleste et héritier du salut éternel.
Par le baptême, comme jadis par la circoncision, Dieu me déclare solennellement qu'il est mon Père et que je suis son enfant. Par lui, le Seigneur me dit, comme il dit jadis à son peuple: "Ne crains rien, car je te rachète. Je t'appelle par ton nom. Tu es à moi!" (Esaïe 43:1).
Sacrement admirable, merveilleusement efficace, source de tant de grâces et de sublimes bénédictions! Quoi d'étonnant alors à ce que l'Ecriture nous rappelle constamment que nous avons été baptisés, à ce qu'elle nous invite à puiser dans le baptême les forces dont nous avons tant besoin pour persévérer dans la foi et vivre chrétiennement! Il est la source d'eau vive qui nous accompagne durant toute notre vie et à laquelle notre âme est appelée à s'abreuver, jusqu'à ce que nous parvenions au but glorieux, au salut éternel que le Seigneur réserve aux siens. Et quand nous aurions 80, 90 ou 100 ans, nous sommes invités à puiser à cette fontaine de grâce.
L'erreur tragique de la théologie baptiste consiste à établir une antinomie entre la foi et le baptême, à affirmer que si la foi sauve, le baptême ne peut pas sauver. Si, au contraire, on soutient que le baptême sauve, on estime qu'il n'est plus possible d'enseigner le salut par la foi seule. Cf. ce que nous avons déjà dit ci-dessus, en particulier p.13. Aussi A. Kuen estime-t-il que la doctrine de Luther est faite de contradictions. Il écrit à propos de la définition que le Réformateur donne du baptême dans son Catéchisme : "On voit difficilement comment concilier de telles affirmations avec d'autres déclarations de Luther" (Le Baptême, p.10). Mais il éprouve la même difficulté avec l'apôtre Paul, même s'il la formule autrement, car il n'ose pas l'accuser de contradictions. Quand l'apôtre parle de pardon, de salut et de régénération en relation avec le baptême, et que par ailleurs il enseigne le salut par la foi seule, il ne peut, selon A. Kuen, attribuer ces effets au baptême d'eau: "Il est IMPOSSIBLE que l'eau opère ces grands changements spirituels que l'apôtre Paul nous décrit dans Romains 6 et les passages parallèles" (p.33). Il FAUT donc, selon Kuen, ou bien admettre que Paul parle du baptême de l'Esprit et non du baptême d'eau, ou bien contourner la difficulté, en affirmant que le baptême d'eau, au lieu de réaliser ces choses, ne fait que les symboliser! Il écrit: "L'erreur tragique de Luther a été de retourner au sacramentalisme catholique, afin de garder la masse du peuple" (p.111). Il estime aussi, avec le Dictionnaire Biblique de Westphal, que c'est sous l'influence d'Augustin que Luther, "après avoir entrevu la perspective biblique du baptême et de la Cène, est revenu en arrière, au risque de se rapprocher à nouveau de la doctrine romaine, et abandonna le strict symbolisme" (p.114). C'est une grave erreur historique. M. Luther n'a jamais abandonné le strict symbolisme, pour la simple raison qu'il ne l'a jamais enseigné. Comme il n'a jamais souscrit à la doctrine de l' "opus operatum", c'est-à-dire d'une efficacité pratiquement magique du baptême, du seul fait qu'il est administré par un homme qui a été doté dans son ordination d'un pouvoir particulier.
Luther a toujours enseigné 1) que la foi seule sauve, à l'exclusion de toute oeuvre humaine, et que cette foi est indispensable au salut; 2) que Dieu offre sa grâce, le pardon et le salut dans le baptême; 3) que cette offre est valide, même si le candidat au baptême est incrédule; 4) que le baptême ne justifie et ne sauve effectivement que si le baptisé appréhende, accepte et reçoit avec une foi réelle ce que Dieu lui offre; 5) que l'incrédule est perdu et condamné, et quand il aurait été baptisé cent fois!
Voici quelques textes du Réformateur pour illustrer ce que nous venons de dire:
"Que celui qui est baptisé croie ou ne croie pas, cela ne change rien. Cela n'invalide pas le baptême, qui dépend entièrement de la Parole et du commandement de Dieu. Je sais que c'est beaucoup dire, mais c'est, comme je l'ai dit, dû au fait que le baptême n'est rien d'autre qu'une union d'eau et de la Parole de Dieu. Si la Parole est unie à l'eau, le baptême est valide, même sans foi. Ma foi, en effet, ne fait pas le baptême, mais le reçoit. Il n'est donc pas rendu invalide du fait qu'il est mal reçu ou utilisé, car il n'est pas lié à notre foi, mais à la Parole de Dieu. Si aujourd'hui même, un Juif venait, plein de ruse et de mauvaises intentions, et que nous le baptisions avec tout notre sérieux, nous devrions croire que ce même baptême est juste. En effet, nous avons là l'eau et la Parole de Dieu, même si cet homme ne les reçoit pas comme il doit. De même, ceux qui communient indignement, reçoivent le vrai sacrement, même s'ils ne croient pas" (Le Grand Catéchisme, 1529, W2 X, 130).
"Ma foi peut être ce qu'elle veut, absente ou présente, elle n'apporte rien au baptême et n'en retranche rien. Et même si ne je croyais jamais, le baptême n'en serait pas moins juste et parfait. Il ne dépend pas de ma foi ou de mon incrédulité, mais de l'ordonnance et de l'institution de Dieu... Son ordonnance et sa prescription seraient-ils anéantis ou rendus nuls par mon incrédulité et mon abus? Nous en restons à ce que dit Paul, dans Romains 3 : 4 :"Que Dieu, au contraire, soit reconnu pour vrai, et tout homme pour menteur, selon qu'il est écrit : Afin que tu sois trouvé juste dans tes paroles, et que tu triomphes, quand on te juge". Crois-tu et utilises-tu correctement le baptême? Tant mieux! Ne crois-tu pas? Eh bien, tu reçois le sacrement pour ta condamnation" (Sermon pour le Saint Baptême, 6 Janvier 1535, W2 X, 2072).
"Mais il est tout aussi vrai que, si je crois, le baptême m'est utile, que si, par contre, je ne crois pas, il ne me sert absolument à rien. En effet, le Christ dit : "Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné". C'est la Parole de Dieu, c'est pourquoi il en sera ainsi" (Commentaire de Jean 1-4, 1537-1540, W2 VII, 1731 s).
Luther en déduit, à juste titre, qu'au lieu de fonder son baptême sur sa foi, le croyant doit faire l'inverse, fonder sa foi sur son baptême, source de toute grâce :
"Les Anabaptistes affirment qu'il ne faut baptiser que ceux qui confessent leur foi. Ils en réfèrent à Corneille, et déduisent du cas particulier une règle générale. Mais il n'en est rien, et Pierre n'a pas baptisé Corneille à cause de sa foi, mais à cause de la justification du Christ et de la Parole et du commandement de Dieu, car s'il fallait s'assurer de la foi de quelqu'un, avant de le baptiser, on ne pourrait baptiser personne. Et si j'étais baptisé à cause de ma foi, celle-ci serait plus grande que la Parole et le commandement du Christ, par lequel il m'ordonne de recevoir le baptême. De même, la Parole de Dieu n'aurait aucun pouvoir, si ma foi ne s'y ajoutait pas. Ce serait mesurer la puissance de Dieu selon notre faiblesse, ce qui est un blasphème" (Propos de Table, Cordatus Nº 1149, W2 XXII, 546).
"Le fondement de notre baptême est le plus ferme et le plus sûr qui soit : C'est l'alliance que Dieu a faite avec le monde, pour être le Dieu des païens dans le monde entier, selon la Parole de l'Evangile, selon laquelle le Christ a ordonné de prêcher l'Evangile au monde entier, comme les prophètes l'ont annoncé d'avance sans relâche. Et il a institué le baptême comme signe de cette alliance, et l'a prescrit à tous les païens, Matthieu 28 : 19 : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père...", comme jadis il avait conclu une alliance avec Abraham et sa postérité, pour être leur Dieu, et qu'il a fait de la circoncision le signe de cette alliance (Genèse 17 : 7.11). Voilà le solide fondement sur la base duquel nous nous faisons baptiser : non que nous soyons assurés de notre foi, mais parce que Dieu l'a ordonné et qu'il veut qu'il en soit ainsi. Car lors même qu'il me faudrait douter de ma foi, je puis être assuré du commandement de Dieu qui veut que les hommes soient baptisés, et qui a prescrit cela au monde entier. En cela, je ne peux pas faire fausse route, car le commandement du Seigneur ne peut mentir" (Besondere Streitigkeiten, Février 1528, W2 XVII, 2212 s).
"On voit ainsi quelle chose merveilleuse est le baptême, qui nous arrache à la gueule du diable, nous fait enfants de Dieu, tient le péché en bride et le supprime, fortifie chaque jour l'homme nouveau, et subsiste et demeure, jusqu'à ce que nous quittions la misère de ce monde pour entrer dans la gloire éternelle. Que chacun donc considère son baptême comme son vêtement de tous les jours, l'habit qu'il doit mettre chaque jour, pour qu'il soit constamment trouvé dans la foi et dans ses fruits, qu'il dompte le vieil homme et grandisse dans le nouveau. Car si nous voulons être des chrétiens, nous devons faire l'oeuvre des chrétiens. Et si quelqu'un en déchoit, il peut y revenir. En effet, de même que le Christ, notre trône de grâce, ne part pas et ne nous empêche pas de revenir à lui, quand nous péchons, ainsi demeurent son trésor et son don. Le pardon des péchés, qui nous a été offert dans le baptême, demeure chaque jour, aussi longtemps que nous vivons, c'est-à-dire que nous portons au cou le vieil homme" (Le Grand Catéchisme, W2 X, 135).
"Dans le royaume spirituel du Christ, le serviteur de l'Eglise baptise avec la Parole et l'eau, selon l'ordre du Christ. Quand un impie ou un incrédule voit cela, il s'en moque comme d'une chose insensée pour sa raison, parce qu'il ne voit pas et ne sent pas ce qui se passe là. Il ne voit ni ne sent que les trois personnes de la majesté divine sont là et baptisent, qu'elles prennent l'homme qui a été conçu et qui est né dans le péché, le délivrent du royaume de Satan et le transplantent dans le royaume céleste, où il y a pardon des péchés, grâce et salut" (Sermon sur le Psaume 8, 6 Août 1545, W2 V, 244).
"Quand nos nouveaux illuminés, qui croient tout savoir mieux que personne, affirment que la foi seule sauve et que les oeuvres et les choses extérieures ne servent de rien, nous répondons : Assurément, la foi fait tout en nous. Nous expliquerons cela plus loin. Mais ces conducteurs d'aveugles ne veulent pas voir que la foi a besoin de quelque chose qu'elle puisse croire, c'est-à-dire à quoi elle puisse se tenir et sur quoi elle puisse se fonder. Ainsi, la foi s'attache à l'eau et croit que dans le baptême se trouvent la vie et la félicité, non par la vertu de l'eau (nous l'avons assez répété), mais parce qu'il est uni à la Parole et à l'ordre de Dieu, et que le nom de Dieu y est attaché. Croire cela, c'est croire en Dieu comme en celui qui a implanté sa Parole dans le baptême et qui nous offre cette chose extérieure, afin que nous puissions y saisir le trésor qu'il y a placé. Mais ils sont assez insensés pour séparer la foi de l'objet auquel elle est liée, bien que cet objet soit extérieur. Il faut bien qu'il le soit, pour que nous puissions le percevoir et le saisir par nos sens et, par là, le faire pénétrer dans nos coeurs. L'Evangile lui-même n'est-il pas une prédication orale, externe? En somme, ce que Dieu fait et opère en nous, il veut l'opérer au moyen de choses extérieures. Quand il parle, quel que soit son but, quel que soit le moyen ou l'organe dont il use, c'est là que doit se diriger le regard de la foi, c'est à ce qu'il dit qu'elle doit s'attacher. Or, il est dit: "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé". A quoi se rapportent ces paroles, sinon au baptême, c'est-à-dire à l'eau qui est comprise dans le commandement de Dieu? Il s'ensuit que rejeter le baptême, c'est rejeter la Parole de Dieu, la foi et le Christ dont l'ordre nous lie au baptême" (Le Grand Catéchisme, W2 X, 126 s).