Le Sacrement du Baptême, par Dr. Wilbert Kreiss - index  Le Sacrement du Baptême, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

III - LA SIGNIFICATION DU BAPTÊME POUR LA VIE QUOTIDIENNE DU CHRÉTIEN

La doctrine biblique du baptême est et doit être, selon la volonté de Dieu, pour la foi du chrétien, une source intarissable de consolations dans toutes les afflictions et détresses de l'âme et du corps.

Elle doit être aussi pour le croyant un stimulant permanent et efficace, qui l'incite à une vie chrétienne agréable à Dieu et qui lui procure les forces dont il a besoin.

Dans ce chapitre nous nous adressons avant tout à des croyants qui ont reçu le sacrement du baptême dans leur enfance. Celui-ci se situe en quelque sorte au début de leur vie, tel un phare dont les rayons les accompagnent durant toute leur existence. Il est une source qui coule sans cesse, et dont l'eau toujours fraîche, limpide et réconfortante apporte au croyant la grâce, la consolation et les forces dont il a besoin.

Le baptême nous revêt de Jésus-Christ et de son salut. Ce qui nous y a été offert, ne vaut pas seulement pour l'instant où nous avons reçu ce sacrement, mais pour la vie entière, et doit nous accompagner jusque dans l'éternité.

Aussi la prédication chrétienne doit-elle s'appliquer à donner aux croyants des yeux pour leur baptême, à leur ouvrir ce trésor inépuisable de grâces. Si nous demeurions toujours dans la grâce du baptême, ce ne serait pas nécessaire, et nous n'aurions pas non plus besoin de la Parole de Dieu et de la Sainte Cène. Le salut tout entier est contenu dans le baptême. Il n'est rien que Dieu nous offre durant notre vie sur terre qu'il ne nous ait pas déjà accordé en lui. Un enfant qui meurt dans la grâce du baptême possède pour cela tout ce qu'il lui faut pour pouvoir subsister devant son Dieu et entrer en possession du salut.

Mais il plaît à Dieu, dont la bonté est infinie, de nous rappeler toujours à nouveau ce qu'il nous a offert, quand nous avons été baptisés. Il nous l'offre toujours à nouveau, pour que nous puissions sans cesse nous réjouir de son don ineffable. Le saint baptême est une fontaine qui ne tarit jamais, à laquelle nous pouvons recourir et puiser, sans payer, gratuitement, l'eau vive dont nous avons besoin.

 

1) Face à sa corruption naturelle, aux péchés qu'il commet chaque jour et à la conscience qui l'accuse, le croyant peut se consoler de la grâce de Dieu en Jésus-Christ qui lui est offerte, scellée et garantie dans le baptême:

Le baptême opère la rémission des péchés. Par lui, ils ne nous sont plus imputés. Mais le mal demeure en nous. Nous péchons encore de bien des façons. Non pas délibérément et par amour pour le mal, mais pas faiblesse. Que de paresse aussi et de tiédeur, quand il s'agit pour le croyant de se conformer à la volonté de son Père céleste! Que de chutes dans notre vie de chaque jour!

Nous avons besoin d'un pardon quotidien. Certes, Dieu nous fait annoncer son pardon dans l'Evangile, dans l'absolution et dans le sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ. Mais le baptême plus que tout le reste veut nous rappeler constamment que notre Dieu est un Dieu de grâce, qui a juré de nous pardonner et de nous accorder l'héritage céleste. Aussi Saint Paul réconforte-t-il les chrétiens en ces termes :

"Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ" (Galates 3:27).

Jésus est notre Sauveur non seulement pour les péchés commis avant le baptême, mais pour tous les péchés qui jalonnent notre vie et qui pèsent sur notre conscience. Il les a tous portés et expiés sur la croix. Son vêtement de justice est assez grand et ample pour les couvrir tous. Aussi longtemps que nous le portons, aucun péché ne peut nous condamner, si nous le confessons sincèrement à notre Dieu et lui en demandons pardon au nom du Christ et de la grâce qu'il nous a offerte dans le baptême. Si nous mourons dans la foi, c'est-à-dire dans la grâce de notre baptême, Dieu ne nous traitera pas selon nos fautes. Il nous verra couverts de la justice de notre Rédempteur et nous recevra dans le ciel.

"Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l'avoir purifiée par le bain d'eau dans la Parole, afin de faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache ni ride ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible" (Ephésiens 5:25-27).

C'est un nouveau rappel du plus grand bienfait du baptême. Par lui, le Christ a purifié son Eglise, l'a drapée de sainteté et de justice et l'a rendue belle aux yeux de son Père. Mais l'Eglise n'est-elle pas faite de pécheurs, de gens qui pèchent chaque jour, qui sont loin d'être ce que Dieu voudrait qu'ils soient? Si, certes! Mais Paul sait ce qu'il dit et pourquoi il le dit. Il sait que le baptême purifie les croyants, les lave chaque jour de leurs péchés par la repentance et la foi. Tout chrétien est pur devant son Dieu, s'il recourt humblement et avec confiance aux merveilleuses promesses de pardon qui lui ont été faites dans le baptême.

"... ayant été ensevelis avec lui par le baptême...Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses" (Colossiens 2:12.13).

 "... grâce pour toutes nos offenses". Tous nos péchés ont été ensevelis avec nous-mêmes par le baptême en Christ. Quand nous avons été baptisés, Dieu nous a offert par anticipation son divin pardon pour tous les péchés, ceux qui ont précédé ce jour et ceux qui allaient le suivre. C'est donc en nous fondant sur l'alliance de grâce du baptême que nous pouvons demander chaque jour pardon à Dieu, en sachant qu'il nous l'accordera, aussi vrai qu'il est fidèle à ses engagements et ne peut se renier lui-même. Ce sacrement est, pour le pauvre pécheur que je suis, de par la volonté de mon Dieu, "une source ouverte pour le péché et l'impureté" (Zacharie 13:1), "où il a été lavé, sanctifié et justifié au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de son Dieu" (1 Corinthiens 6:11).

Luther écrit:

"La première chose qui doit retenir notre attention dans le baptême, est la promesse divine : "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé"... C'est de cette promesse que dépend tout notre salut... Renoncer au péché et se repentir n'est donc rien d'autre que retourner à la puissance et à la foi du baptême, dont nous sommes déchus, revenir à la promesse qui nous y a été faite et que nous avons abandonnée par le péché... Tu vois ainsi combien un chrétien ou un baptisé est riche : il ne peut perdre son salut, pas même par les plus grands péchés, à moins qu'il ne veuille plus croire. Aucun péché ne peut le condamner, si ce n'est l'incrédulité. Quand la foi revient et se fonde sur la promesse divine, qui lui a été faite dans le baptême, tous les autres péchés lui sont pardonnés par elle, oui engloutis par la vérité de Dieu. En effet, Dieu ne peut se renier, si tu le confesses et si tu t'attaches à lui qui te l'a promis, avec toute ta foi...Tu vois ainsi combien il est dangereux, oui faux de croire que la pénitence est la seconde planche de salut après le naufrage, d'imaginer qu'à cause du péché le pouvoir du baptême est entièrement anéanti et le navire détruit... Ton baptême ne sera jamais anéanti, à moins que tu ne veuilles dans ton désespoir retourner à ton péché" (De la Captivité Babylonienne de l'Eglise, 1520, W2 XIX, 66s).

"Le baptême du Christ, oui notre baptême, par lequel nous avons été baptisés en lui, nous procure sans cesse le pardon des péchés. C'est pourquoi, si tu tombes par faiblesse et pèches (c'est malheureusement toujours le cas), cours, rampe vers ton baptême, où tous tes péchés ont été pardonnés et lavés, cherche la consolation, relève-toi et crois qu'en lui tu as été purifié, non pas d'un péché, mais de tous. Car, de même que celui qui t'a baptisé, Jésus-Christ, ne meurt pas, mais vit et demeure en éternité, ainsi est éternel le pardon qu'il t'a acquis et offert. Le baptême est donc un bain merveilleux qui purifie du péché" (Sermon pour l'Epiphanie sur le baptême du Christ, 1546, W2 XII, 1142 s.).

 

2) Face aux afflictions de la chair, du monde et de Satan, le chrétien se souvient qu'il est enfant de Dieu, et que son Père céleste a conclu avec lui une alliance de grâce qu'il ne rompra en aucun cas:

Dieu nous a promis dans le baptême qu'il sera à jamais notre Père. Cette promesse est certaine.

Il est tout aussi certain que notre chair, notre nature pécheresse et corrompue est encore là et qu'elle ne prend pas plaisir à cette filiation divine. Nous vivons dans ce monde, qui veut lui aussi nous en faire douter et qui désire notre chute. Enfin, à l'instant où Dieu est devenu notre Père, Satan est devenu notre plus grand ennemi. Il veut notre perte et ne peut tolérer que Dieu nous sauve. Notre péché est le rempart derrière lequel s'abritent tous ces ennemis. Ils n'ont de cesse que nous ayons renié notre Sauveur. Pour ce faire, ils nous affligent et nous tourmentent sans arrêt.

Plus un chrétien prend son christianisme au sérieux, plus ces ennemis deviennent agressifs. L'affliction menace de s'installer, le doute de torturer le coeur.

Il est vrai que ces ennemis de notre salut sont des menteurs. Ce qu'ils disent de nous est généralement vrai; par contre, ce qu'ils disent de Dieu est faux. Pour se défendre contre eux, il faut que le chrétien recoure à la Parole de Dieu. Or, la Parole de Dieu nous affirme que ce que le Seigneur a accompli dans notre baptême est vrai, qu'il ne peut se renier lui-même et qu'il reste fidèle à ses promesses, lors même que nous lui devenons infidèles. Croire cela c'est bâtir sur le roc. C'est saisir les armes que le baptême lui-même nous propose:

"Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur" (1 Corinthiens 1:9).

"Le Seigneur est fidèle. Il vous affermira et vous préservera du malin" (2 Thessaloniciens 3:3).

"Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même" (2 Timothée 2:13).

"Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel" (Romains 11:29).

"Ne crains rien, car je te rachète. Je t'appelle par ton nom : tu es à moi! "(Esaïe 43:1).

"Quand les montagnes s'éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s'éloignera point de toi et mon alliance de paix ne chancellera point, dit l'Eternel, qui a compassion de toi" (Esaïe 54:10).

Notre conscience nous accuse et nous prêche notre culpabilité. Elle nous rappelle que nous sommes entièrement indignes de Dieu et de son amour. Elle nous fait réaliser nos infidélités. La chair, le monde et Satan veulent nous détourner du Seigneur: Votre foi est vaine! Dieu ne peut pas vous accepter tels que vous êtes! Vos prières ne parviennent pas jusqu'à lui!... Mais ni la chair, ni le monde, ni Satan ne peuvent renverser les montagnes et faire chanceler les collines. Comment sauraient-ils faire chanceler la grâce de Dieu, notre Rédempteur? Il connaît notre faiblesse. C'est pourquoi il nous donne ces merveilleuses promesses. "Je suis ton Dieu" nous enseigne le baptême. Mais "si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?" (Romains 8 : 31). Ni la chair, ni le monde, ni Satan et ses démons ne peuvent anéantir l'alliance que le Seigneur a conclue avec nous, quand nous avons reçu le baptême!

"... ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu... Il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses. Il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a détruit en le clouant à la croix. Il a dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix" (Colossiens 2:12-15).

Ensevelis avec le Christ par le baptême, nous sommes délivrés de toute accusation et condamnation. Même Satan n'a plus de pouvoir sur nous. Nous fondant sur la grâce qui nous a été faite dans le baptême, nous pouvons lui répliquer : "Qui accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie! Qui les condamnera? Christ est mort! Bien plus, il est ressuscité, il est assis à la droite de Dieu et il intercède pour nous!" (Romains 8:33.34).

Luther écrit :

"Le baptême n'est pas mon oeuvre, mais celle de Dieu... C'est pourquoi je peux et dois dire : Dieu, mon Seigneur, m'a lui-même baptisé par la main de l'homme. Je m'en vante. Je dois m'y fier et dire : Dieu, qui ne veut ni ne peut mentir, m'a donné un signe pour m'assurer qu'il me fait grâce et veut me sauver. En son Fils, il m'a donné tout ce qu'il a. Il n'y a donc de notre côté que la foi seule, et du sien que la Parole et le signe" (Sermon pour l'Ascension, 1523, W2 XI, 939).

"Le docteur Martin demanda à sa femme si elle croyait qu'elle était une sainte. Elle s'étonna de cette question et dit : Comment pourrais-je être sainte, moi qui suis une grande pécheresse. A quoi le Dr Martin lui répondit : Voyez-moi l'abomination du pape, comme elle a blessé les coeurs et pénétré jusqu'à la moelle. On ne regarde plus qu'à la piété extérieure et personnelle et à la sainteté dont un homme est capable! Puis il se tourna vers elle et lui dit : Si tu crois que tu as été baptisée et que tu es une chrétienne, il te faut croire que tu es une sainte. En effet, le baptême a le pouvoir de changer et d'enlever le péché; non qu'il ne soit plus là et qu'on ne le sente plus, mais il ne condamne plus. L'efficacité, le pouvoir et la puissance du baptême sont tels qu'ils enlèvent et suppriment toute affliction" (Propos de Table, Cordatus Nº 1205, W2 XXII, 542).

 

3) Dans toutes les détresses et difficultés matérielles, le chrétien peut en tout temps être assuré de l'amour paternel et de la fidèle providence de celui qui lui a déclaré dans le saint baptême qu'il était son Père:

Le vieil homme qui habite encore dans les croyants voudrait les convaincre d'une grave erreur : à savoir que, puisqu'ils sont devenus par le baptême enfants de Dieu, que le Seigneur du ciel et de la terre a conclu avec eux une alliance de grâce, en leur jurant qu'il les aimerait d'un amour éternel, il serait logique que la souffrance et l'épreuve leur soient épargnées et qu'ils connaissent ainsi plus de bonheur que les autres. Si déjà, dans ce monde, le sort d'un enfant de roi est différent de celui que connaît le fils d'un mendiant, ne devrait-on pas avoir la preuve que les chrétiens ont pour Père le Dieu du ciel?

Or, non seulement le chrétien n'a pas la garantie qu'il aura sur la terre plus de bonheur que l'incrédule, mais il fait bien des expériences qui lui semblent incompatibles avec son statut d'enfant de Dieu. C'est une vérité bien connue que l'impie se vautre souvent dans le bonheur et le bien-être, tandis que le juste souffre et pleure. Le psaume 73 est éloquent à ce sujet. Et combien de fois le croyant n'a-t-il pas le sentiment que son Dieu l'a oublié et abandonné, que ses prières ne montent pas jusqu'à lui?

Dans ces heures sombres de la vie, le baptême est d'un grand secours. Il nous rappelle quel grand Dieu nous avons dans le ciel et combien ses promesses sont certaines. Il lui apporte la garantie que, quelles que soient les apparences, ce Dieu miséricordieux ne l'oublie jamais, qu'il reste fidèle à son alliance, qu'on ne l'adore et ne le sert jamais en vain. Au sein de l'épreuve, le croyant peut se convaincre que Dieu accomplit effectivement tout ce qu'il lui a promis dans l'Ecriture Sainte. Le baptême nous a placés sur le chemin du ciel, d'un ciel qui n'est pas d'ici-bas, mais que nous devons chercher en haut. Un bonheur inexprimable est promis aux enfants de Dieu. Mais pour y accéder, il leur est demandé de suivre une voie qui passe, selon la volonté sage et insondable de Dieu, à travers l'épreuve et les afflictions dont nous avons besoin et dont la Bible nous dit qu'elles nous sont salutaires :

"Ils fortifiaient l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu" (Actes 14:22).

"Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage, lorsqu'il te reprend; car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils" (Hébreux 12:5.6).

Le chrétien a besoin des épreuves. Sans elles, il aurait vite fait de renier son Dieu et d'attacher son coeur aux plaisirs de ce monde. Elles font donc partie des moyens que Dieu utilise, pour lui rappeler qu'il est homme et pécheur, pour l'empêcher de s'attacher au monde et à ses faux biens et l'obliger à se tourner vers la Parole de Dieu et à vivre de ses promesses. Mais, lui dit l'Ecriture, l'épreuve n'est pas un châtiment, une manifestation de la colère divine. Dieu l'éprouve comme un père éprouve son enfant. Loin de céder au doute et au désespoir, il doit apprendre à voir dans l'affliction une manifestation de la sollicitude de son Dieu et de son amour paternel. Il doit apprendre à fonder sa certitude d'être enfant de Dieu non pas sur la quantité de bonheur et de biens terrestres qui lui sont échus en partage, mais sur les seules promesses de l'Evangile. Il doit apprendre, comme Abraham, à espérer contre toute espérance, à marcher par la foi et non par la vue.

Son baptême lui donne aussi la garantie que Dieu lui accordera effectivement la mesure de bonheur qui lui est salutaire:

"Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui?" (Romains 8:31.32).

"J'ai été jeune, j'ai vieilli, et je n'ai point vu le juste abandonné, ni sa postérité mendiant son pain" (Psaume 34:25).

"Six fois il te délivrera de l'angoisse, et sept fois le mal ne t'atteindra pas" (Job 5:19).

Non, quelles que soient les apparences, je n'ai pas à douter de l'amour de celui qui m'a juré dans le baptême qu'il serait mon Père dans le bonheur et dans le malheur, dans la vie et dans la mort. Je n'ai pas à douter de celui qui ne peut se renier lui-même, mais qui reste fidèle, lors même que je cesse de l'être. Dieu sait exactement ce qu'il m'envoie et pourquoi il le fait. Il sait que j'ai besoin d'épreuves, alors même que mon vieil homme ne veut pas l'admettre et se révolte contre cette évidence. Et il les mesure selon les forces qui sont les miennes :

"Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter" (1 Corinthiens 10:13).

"Dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 8:37-39).

Aussi vrai que Dieu est fidèle, cet amour nous demeure, si nous persévérons à être ses enfants. C'est une certitude inébranlable, que nous pouvons avoir au milieu de l'épreuve.

Luther a fort bien montré le lien qui existe entre le baptême et la foi du chrétien éprouvé:

"Il faut relire souvent les histoires des patriarches, pour apprendre à être courageux dans la foi et estimer à leur juste valeur les promesses que Dieu nous a faites. Ne te sous-estime pas toi-même. Si tu es baptisé, que tu as la Parole de Dieu, que tu es appelé, n'oublie pas que le royaume de Dieu est étendu au-dessus de toi. Quand tout serait détruit, que le ciel et la terre seraient jetés sur un tas, que toutes les portes de l'enfer s'ébranleraient, que le pape et les turcs s'agiteraient et rugiraient de façon épouvantable, tu peux dire : Je suis baptisé. Ainsi tu as tout à la fois! Avec une telle foi et une pareille confiance tu triompheras. Puisque Dieu se soucie de toi, il ne t'abandonnera pas, et aucun mal qui nuise à ton salut ne t'arrivera" (Commentaire de la Genèse, W2 II, 1098 s.).

 

4) A l'approche de la mort, le chrétien qui fonde sa foi sur Jésus, son Rédempteur, peut avoir la consolante certitude que Dieu lui ouvrira le ciel qui lui a été offert dans le baptême:

Il existe pour tout enfant de Dieu un dernier ennemi, qui voudrait nous arracher aux bras de Dieu et nous livrer entre les mains du prince des ténèbres, Satan, nous faire douter de la grâce qui nous fut offerte dans le baptême et nous plonger dans le désespoir: la mort! Mais nous confessons, conformément à l'Ecriture: "Le baptême opère la rémission des péchés, il délivre de la mort et de la puissance du diable, et il donne le salut éternel à tous ceux qui croient, conformément aux paroles et promesses de Dieu".

Cependant, que voyons-nous? Un corps qui s'affaiblit de jour en jour, qui résiste de plus en plus mal aux assauts de la maladie et à l'outrage des ans. "Memento mori!", "Souviens-toi que tu dois mourir!" nous rappelle-t-il chaque jour. Reconnaissons-le : la mort nous fait peur! On peut le nier tant qu'on la voit de loin. Il est difficile de le faire, quand elle s'approche! D'où vient cette peur si ce n'est de ce que nous oublions les promesses merveilleuses qui nous sont faites, qui nous ont été scellées dans le baptême et que Dieu nous renouvelle chaque jour dans son Evangile!

La mort parle! Son langage est terrifiant. Elle nous rappelle, à nous qui connaissons la Bible et vivons de son message, qu'elle est le salaire du péché, que nous devons mourir, parce que nous sommes pécheurs.

Que faire? Nous n'avons qu'un recours. Répliquer à la mort, lui répondre avec le langage de la Bible : Mort, tu ne peux pas nous tuer, quoi que tu en penses! Tu ne peux que nous rendre un service, nous délivrer de cette vallée de misère, car notre baptême est ferme et inébranlable, aussi ferme et inébranlable que celui qui nous a baptisés, Dieu! Le Seigneur ne nous reprend pas ce qu'il nous a donné dans ce sacrement. O mort, tout ce que tu peux faire, c'est nous permettre de prendre possession de l'héritage que notre Sauveur bien-aimé nous a préparé dans le ciel. Tu essaies de nous faire croire que l'enfer se cache derrière toi. C'est vrai, c'est souvent le cas. Mais pas pour ceux que le Christ a rachetés et justifiés. Pour nous qui croyons en Christ, tu caches derrière toi le paradis glorieux du Seigneur. Nous le savons, car notre Dieu nous l'a promis.

Ce n'est pas une illusion, mais une certitude un fondement solide, aussi solide que la Parole de Dieu.

"Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé" (Marc 16:16).

"Cette eau était une figure du baptême... qui maintenant vous sauve" (1 Pierre 3:21).

Le baptême nous sauve par la foi. Non en vertu d'un pouvoir propre à son eau, mais par le Christ dont il nous revêt. Par Jésus-Christ qui nous a rachetés et nous a mérité le salut. C'est lui qui nous a offert ce salut dans le sacrement. Par lui, la mort a été engloutie dans la victoire. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ et nous l'a offerte dans le baptême! Telle est l'ancre de notre foi. Cette parole est certaine!

"Aussi vrai que Dieu est fidèle, la Parole que nous vous avons adressée n'a pas été oui et non... Et celui qui nous affermit avec vous en Christ et qui nous a oints, c'est Dieu, lequel nous a aussi marqués d'un sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit" (2 Corinthiens 1:18.21).

"En Christ, vous aussi, après avoir entendu la Parole de la vérité, l'Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s'est acquis, à la louange de sa gloire" (Ephésiens 1:13.14).

Le Saint-Esprit est le gage de notre héritage. Lui qui habite en nous depuis le jour de notre baptême, nous certifie que nous hériterons de la vie éternelle. La mort peut-elle tuer celui qui est devenu un temple du Saint-Esprit? L'homme dont Dieu a fait son enfant dans le baptême et qui est sanctifié par le Saint-Esprit, pourrait-il devenir la proie de la mort? Si cruelle que celle-ci soit, elle ne peut nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur. C'est auprès de Jésus que nous allons en décédant dans la foi, en remportant la victoire sur la mort, en vertu de la grâce qui nous fut offerte dans le baptême et que Dieu ne révoque pas.

Luther écrit:

"Regarde à ton baptême. Pourquoi as-tu été baptisé? Pourquoi d'autres le sont-ils?... Le saint apôtre écrit, Romains 6:3 : "Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés?" Bien que nous devions mourir comme les incroyants, la mort nous est un gage, un sceau, l'assurance que le Christ est mort pour nous, que nous participons à sa mort et devons vivre éternellement avec lui. C'est pourquoi, en songeant à ton baptême, songe aussi à cette espérance... Prépare-toi à ce départ bienheureux! Confie ton esprit au Christ dans la vraie connaissance et la véritable foi, et aspire à quitter ce monde, pour être auprès de lui." (Hauspostille, Die erste Leichenpredigt, W2 XIII, 1326).

 

5) La doctrine biblique du baptême doit être pour le chrétien un authentique stimulant, qui l'incite constamment à une vie chrétienne agréable à Dieu, et une source qui lui en procure la volonté et la force:

Le baptême est un bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit (Tite 3:5 s). C'est par lui que le Saint-Esprit a été répandu sur nous (Actes 2:38). Il a fait de nous, par la foi, de nouvelles créatures. Il appartient dès lors au chrétien de mener une vie nouvelle, de vivre en enfant de Dieu, dans l'accomplissement de sa volonté. C'est ce à quoi nous engage le baptême, dont nous avons renouvelé les voeux le jour de notre confirmation. C'est notre vocation de chrétiens, et nous savons qu'en vivant en enfants de Dieu, nous plaisons à notre Père céleste, que sa bénédiction repose sur nous, et que cette vie même nous remplira de bonheur.

C'est dans le baptême que nous trouvons la volonté et la force de vivre conformément à notre vocation de croyants. En effet, il nous rappelle avec clarté et vigueur ce qu'il a fait de nous: des enfants de Dieu, d'enfants de colère que nous étions; des pécheurs pardonnés, de pécheurs perdus et condamnés que nous étions; des héritiers de la vie éternelle, de candidats à l'enfer que nous étions!

Si Dieu, aussitôt après notre baptême, cessait de se soucier de nous, nous cesserions très rapidement de croire en lui et de vivre en chrétiens. Aussi nous donne-t-il son Esprit, qui nous procure la volonté et la force de persévérer dans la foi et la piété. Il agit par l'Evangile qui nous rappelle sans cesse l'efficacité du baptême et ce à quoi il nous engage. Il est impossible d'être enfant de Dieu et de ne pas vivre en enfant de Dieu. Il est inconcevable qu'on soit baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et qu'on vive en pécheur, dans l'amour du mal, au mépris de la volonté du Seigneur.

Un chrétien baptisé et qui croit de tout son coeur en Christ, renonce à Satan et à ses oeuvres.

Le baptême "délivre de la mort et du diable" confessons-nous avec le Petit Catéchisme. Il nous arrache au royaume de Satan et nous fait entrer par le pardon dans le royaume de Christ. Aussi le diable n'a-t-il plus aucun pouvoir sur nous, et pouvons-nous, en vertu de l'alliance du baptême, lutter contre lui et lui résister à l'heure de la tentation. Le baptême nous invite à ne servir que Dieu et nous motive pour cela.

"Rendez grâces au Père, qui nous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés" (Colossiens 1:12-14).

Tout ce que nous avons dit précédemment du baptême nous a montré que ce que Saint Paul confesse dans ce texte, a été réalisé dans notre baptême. Serait-ce en vivant dans le péché, en bafouant la volonté de Dieu, en l'affligeant par l'injustice et l'impiété, que le croyant le remercie pour une si grande grâce? Jamais! Le baptême nous engage et nous exhorte à vivre en nouvelles créatures. Il nous fait prendre à coeur les nombreuses exhortations de l'Ecriture:

"Soyez sobres et veillez, car votre adversaire le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme!" (1 Pierre 5:8).

"Résistez au diable, et il fuira loin de vous!" (Jacques 4:7).

Il en va de même du monde. C'est par lui que Satan nous tente. C'est des incrédules de ce monde qu'il se sert, pour nous inciter à renier Dieu et son salut. Mais, "Je vous ai choisis du milieu du monde" dit Jésus (Jean 15:19). C'est pourquoi :

"N'aimez point le monde ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui" (1 Jean 2:15).

Dieu nous a aussi fait la promesse :

"Tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi" (1 Jean 5:4).

Nous l'avons vu, le baptême opère la régénération; il nous fait naître de Dieu, par la foi en Christ. Il nous fait participer à la victoire du Christ, qui est victoire sur le péché, sur la mort et sur Satan, mais aussi sur le monde. Nous savons que si nous nous cramponnons aux promesses qui nous sont faites dans le baptême et dans l'Evangile, le monde n'a aucun pouvoir sur nous. Aussi longtemps que nous restons attachés à Dieu et à sa Parole, le monde ne peut nous séparer de lui, pour nous entraîner vers la perdition vers laquelle il marche. Oui, Dieu nous a offert dans le baptême mieux que toutes les joies que le monde pourrait nous apporter. Nous vivons dans le monde, mais ne sommes pas de ce monde. Nous sommes depuis notre baptême, par la foi en Christ, pèlerins de l'éternité, citoyens du ciel, amateurs d'un bonheur tellement plus grand et tellement plus durable que ce que le monde a à nous offrir.

Enfin, le diable possède un atout en nous-mêmes. Il a en nous-mêmes un moyen d'intervention, un espion et un traître à sa solde : la chair avec ses convoitises, le vieil homme avec sa volonté de désobéir à Dieu et son entêtement à rejeter son Evangile et son salut. L'homme en est le prisonnier, aussi longtemps qu'il lui est assujetti. Et il lui est assujetti, aussi longtemps que Dieu n'est pas venu faire sa demeure en lui. Mais Dieu a fait du croyant baptisé un homme nouveau, une créature nouvelle.

"Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs" (Galates 5:24).

Il faudrait relire ici tout le chapitre 6 de l'épître de Paul aux Romains. L'apôtre a, en des termes admirables, exposé la doctrine de la justification par la foi, sans les oeuvres, par les mérites du Christ, par pure grâce. Il pose maintenant la question: "Que dirons-nous?" (Romains 6:1). Que dire de cette merveilleuse doctrine? Quelle conclusion en tirer? Serait-ce la suivante: "Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde?" Inconcevable! Un chrétien ne peut pas raisonner ainsi: Puisque Dieu me pardonne les péchés par grâce, je n'ai pas d'inquiétudes à me faire! Il me suffit de lui demander pardon, pour être sauvé! "Loin de là!" s'écrie l'apôtre. Ce serait le meilleur moyen de déchoir de la grâce. "Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché?" (Romains 6:2). Paul explique ensuite ce que signifie mourir au péché :

"Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés?" (Romains 6:3).

C'est l'expression la plus forte que l'on puisse employer, pour affirmer que par le baptême on est englouti dans la mort du Christ, que par lui on participe à elle, comme si on l'avait subie soi-même, que par lui on revêt l'agneau immolé pour les péchés du monde. Comment être en Christ, participer à sa mort, tout en affectionnant encore le péché? Impossible!

"Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort" (Romains 6:4).

Aussi vrai que Jésus a englouti nos péchés dans sa tombe, nous sommes morts pour eux; nous n'existons plus pour eux, ou eux n'existent plus pour nous. Aussi le péché ne peut-il plus régner en nous.

"... afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie..., sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est libre du péché" (Romains 6:4.6.7).

Libres du péché. De sa condamnation, mais aussi de sa domination! Et l'apôtre d'en conclure

"Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, et n'obéissez pas à ses convoitises. Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d'iniquité; mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants, de morts que vous étiez, et offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice. Car le péché n'aura point de pouvoir sur vous, puisque vous êtes, non sous la Loi, mais sous la grâce" (Romains 6:11-14).

Voilà en quoi nous engage l'alliance que Dieu a conclue avec nous. Mais c'est plus qu'un engagement. C'est une puissante motivation. C'est une source féconde dans laquelle nous pouvons puiser la volonté et la force de faire ce que Dieu attend de nous. Quand le Seigneur nous prescrit quelque chose, son commandement est toujours accompagné d'une magnifique promesse. Une promesse à laquelle on peut se fier, et à laquelle on ne recourt jamais en vain.

Luther écrit :

"Dans le baptême nous promettons tous la même chose : de tuer le péché et de nous sanctifier par l'action et la grâce de Dieu. En lui nous nous livrons à Dieu comme l'argile au potier... Il n'y a donc pas de voeu plus élevé, meilleur et plus grand que celui du baptême. Que peut-on en effet promettre de plus que de chasser tous les péchés, haïr cette vie et s'appliquer à être saint?" (Sermon sur le Sacrement du baptême, 1519, W2 X, 2124).

L'apôtre Paul écrit:

"Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit!" (Galates 5:25).

"Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance" (Galates 5:22).

"Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si quelqu'un a sujet de se plaindre de l'autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. Mais par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos coeurs. Et soyez reconnaissants. Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment. Instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs sous l'inspiration de la grâce. Et quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père" (Colossiens 3:12-17).

Voilà à quoi le baptême engage ceux qui, l'ayant reçu, sont devenus par la foi des "élus de Dieu, saints et bien-aimés".

Il nous reste à revenir à un texte que nous avons déjà cité précédemment (Cf. ci-dessus, p.15). Il s'agit du texte où Pierre établit un parallèle entre le déluge et le baptême, affirmant en particulier que, de même que le déluge permit à Noé et aux siens d'échapper au châtiment qui détruisit l'humanité, de même l'eau du baptême sauve. L'apôtre ajoute une précision :

"Cette eau était une figure du baptême, qui n'est pas la purification des souillures du corps, mais l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve" (1 Pierre 3:21).

Le baptême est l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu. Les adversaires du baptême des enfants aiment beaucoup ce texte. Ils y voient la preuve biblique que par le baptême le croyant s'engage face à Dieu. Or, on ne peut pas demander cela à des nourrissons.

Précisons que pour un baptiste, le baptême n'est pratiquement que cela : un engagement envers Dieu! C'est le propre de la théologie baptiste de supprimer, ou du moins de contourner tout ce par quoi la Bible affirme que le baptême est, avant d'être un engagement, un sacrement par lequel Dieu agit, offre sa grâce, pardonne et sauve. Et il est vrai que si Dieu ne fait pas tout cela, le baptême des enfants n'a aucune raison d'être! Mais ne revenons pas sur ce que nous avons déjà exposé dans le détail. Nous voulons ici simplement poser la question : Que signifie l'affirmation apostolique que le baptême est l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu?

Les avis des commentateurs divergent beaucoup sur ce point. Selon certains, Pierre voudrait dire que le baptême est un acte par lequel le baptisé prie Dieu de lui accorder une bonne conscience. Selon d'autres, il affirmerait que par le baptême on obtient une bonne conscience devant Dieu, et que cette bonne conscience pose au Seigneur une question ou lui adresse une prière. Mais laquelle? L'apôtre ne le dit pas, et ne devrait-il pas le dire pour qu'on comprenne sa pensée? Il nous semble aussi que ce que nous avons dit de ce sacrement montre clairement qu'il est plus qu'une prière que le croyant adresse à Dieu, que ce soit pour obtenir une bonne conscience, ou parce qu'il l'a obtenue. Enfin, Pierre ne parle pas du baptisé, mais du baptême. Il ne nous dit pas ce que fait ou demande le baptisé, mais ce que Dieu réalise par le baptême, quels bienfaits il procure.

Pierre vient de dire que le baptême n'est pas la purification des souillures de la chair. Il ne sert pas à laver le corps comme l'eau de la toilette. Qu'est-il alors, s'il n'est pas cela? Pierre ne devrait-il pas dire : Il est une purification intérieure de l'homme, de sa conscience? Ou bien, ce qui revient au même : Le baptême procure au croyant une bonne conscience devant Dieu? Or, c'est précisément ce que l'apôtre nous paraît vouloir dire, en employant un terme particulièrement fort : "suveidèséôs agathès épérôtèma". Le mot que Segond a traduit par "engagement" est emprunté à la langue juridique. Il désigne une stipulation, un contrat. Luther a traduit par "alliance". La traduction "engagement" n'est pas fausse. Mais elle n'est bonne que si elle fait de Dieu l'auteur de cet engagement. Nous l'avons vu, Saint Pierre tient à nous dire, non pas ce que l'homme fait dans le baptême, mais ce que Dieu y accomplit. Or, le Seigneur est le premier à s'engager à quelque chose dans le baptême. Il s'engage à être notre Père et notre Sauveur. Il est celui qui conclut l'alliance. L'homme ne prend jamais l'initiative devant son Dieu, mais est le bénéficiaire de ce que Dieu veut lui offrir.

Il est vrai que le baptême est aussi un engagement de la part de l'homme, et nous pensons que notre présent chapitre le montre amplement. Mais ce n'est pas ce que l'auteur sacré veut dire dans notre texte. Affirmant que le baptême sauve, comme jadis le déluge sauva Noé et sa famille, déclarant ensuite qu'il n'est pas la purification des souillures du corps, Pierre tient à professer qu'il est un engagement de la part de Dieu : Le Seigneur s'y engage à nous donner une bonne conscience dans la certitude de son pardon. Ou, si l'on préfère, il conclut avec le baptisé une alliance, en vertu de laquelle il lui pardonne ses péchés et lui procure ainsi une bonne conscience. C'est sur la base de ce texte et du parallèle que Paul établit entre le baptême et la circoncision (Colossiens 2) que nous parlons de l'alliance du baptême.

Il va de soi que le croyant, étant le bénéficiaire de cette alliance de grâce, est tenu d'en respecter les termes, d'être fidèle à son Dieu et d'accomplir sa volonté.

Luther écrit dans le Grand Catéchisme:

"Enfin, il faut savoir ce que le baptême signifie et pourquoi Dieu, en l'instituant, a fait précisément d'un tel signe et d'une telle cérémonie extérieure le sacrement par lequel nous sommes reçus dans la chrétienté. L'acte ou la cérémonie consiste à nous plonger dans l'eau qui nous recouvre entièrement et à nous en retirer. Ces deux choses, l'immersion et l'émersion indiquent la vertu et les effets du baptême, qui sont la mortification du vieil Adam et la résurrection de l'homme nouveau. L'une et l'autre doivent s'opérer en nous durant toute notre vie, de telle sorte que la vie chrétienne n'est autre chose qu'un baptême quotidien. L'oeuvre du baptême, laquelle a commencé un certain jour, doit se poursuivre tous les jours, car il est nécessaire de nous purifier sans cesse des souillures du vieil Adam, afin qu'apparaisse en nous l'homme nouveau. Qu'est-ce donc que le vieil homme? C'est ce qui nous vient d'Adam et qui est inné en nous; par nature, le vieil homme est emporté, haineux, impudique, avare, paresseux, orgueilleux, incrédule. Bref, il est plein de vices et n'a en lui rien de bon. Quand nous entrons dans le royaume de Christ, ces vices doivent diminuer tous les jours, afin que nous devenions de plus en plus doux, patients et charitables, et que nous cédions de moins en moins à l'avarice, à la haine, à l'envie et à l'orgueil" (Le Grand Catéchisme, W2 X, 132 s).

"C'est la couronne dont nous ornons le cher baptême. C'est ainsi que nous l'exaltons et le célébrons devant tout homme, témoignant que nous l'avons reçu de façon salutaire et que nous sommes de vrais chrétiens. Par contre, celui qui ne vit pas ainsi dans l'état dans lequel le Seigneur l'a placé, déshonore et profane sa doctrine et son baptême, et n'est qu'une souillure et un déshonneur parmi les chrétiens" (Sermon sur le saint baptême, 6 Janvier 1535, W2 X, 2112).

 


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25-octobre-2001, Rev. David Milette.