Le Sacrement du Baptême, par Dr. Wilbert Kreiss - index

 

INTRODUCTION

Beaucoup d'Eglises rejettent le baptême des enfants et affirment que ce sacrement ne doit être reçu que par les adultes. Ou, pour être plus précis, elles rejettent le baptême des nourrissons et n'administrent que le baptême des "croyants" ou des "professants", de ceux qui se sont personnellement convertis et qui confessent leur foi en Christ. C'est le cas en particulier des Mennonites, des Baptistes, des Pentecôtistes et de nombreuses communautés semblables. D'autres encore en font une question ouverte et laissent aux parents la liberté de faire baptiser leurs enfants ou de ne pas le faire. Cette tendance s'affirme de plus en plus dans l'Eglise Réformée et s'annonce dès maintenant dans le Luthéranisme. Une telle attitude ne relève pas de la simple liturgie. Ce n'est pas une simple question de pratique ecclésiale. Le rejet du pédobaptisme, c'est-à-dire du baptême des nourrissons, constitue une remise en question de toute la doctrine biblique du baptême. Un véritable fossé doctrinal sépare les partisans du baptême des enfants de ses adversaires. C'est ce que veut illustrer le tableau qui suit, où, après chaque affirmation biblique, nous mettrons côte à côte la doctrine baptiste et la doctrine luthérienne, en laissant au lecteur le soin d'en tirer les conclusions qui s'imposent. Pour la doctrine baptiste, nous recourrons à l'ouvrage d'A. Kuen, Le Baptême (Société des Publications Baptistes, Paris, 1970); pour la doctrine luthérienne, au Petit Catéchisme de M. Luther.

CE QU'ENSEIGNE LA BIBLE :

"Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés" (Actes 2:38).

"Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés" (Actes 22:16).

"Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau dans la Parole" (Ephésiens 5:25.26).

La doctrine baptiste:

"Le baptême: symbole d'un bain de purification" (A. Kuen, p.44).

"Le baptême n'est lié à cette purification que parce qu'il la symbolise" (p.46).

La doctrine luthérienne:

"Le baptême opère la rémission des péchés".

CE QU'ENSEIGNE LA BIBLE :

"Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé" (Marc 16:16).

"Cette eau était une figure du baptême, qui maintenant vous sauve" (1 Pierre 3:21).

"Il nous a sauvés, selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit, qu'il a répandu abondamment sur nous par Jésus-Christ, notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous ayons l'espérance d'être héritiers de la vie éternelle" (Tite 3:5).

La doctrine baptiste:

"L'eau du baptême...figure la vie, parce que le baptême d'Esprit qu'elle représente donne accès à une vie nouvelle de communion avec Dieu, une vie de résurrection avec Christ" (A. Kuen, p.60).

La doctrine luthérienne:

"Le baptême délivre de la mort et du diable, et il donne le salut éternel à tous ceux qui croient, conformément aux paroles et au promesses de Dieu".

CE QU'ENSEIGNE LA BIBLE :

"Il nous a sauvés selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit" (Tite 3:5).

"En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu...Si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu" (Jean 3:3.5).

La doctrine baptiste:

"Le baptême, signe d'appartenance à Christ, était par conséquent aussi signe de la réception du Saint-Esprit" (A. Kuen, p.53).

"Le sceau du Saint-Esprit nous est bien donné par le Seigneur même, mais il laisse à l'Eglise le soin de conférer l'acte visible symbolisant le sceau spirituel" (p.53).

La doctrine luthérienne:

"Sans la Parole de Dieu, cette eau est une eau ordinaire, et non le baptême; mais avec la Parole de Dieu, c'est le baptême, c'est-à-dire une eau de grâce et de vie et le bain de la régénération dans le Saint-Esprit".

Nous aurions pu continuer ce face-à-face, en recourant à d'autres affirmations bibliques. Les exemples donnés sont sans doute suffisants pour convaincre le lecteur qu'un abîme sépare les deux doctrines, et lui montrer laquelle des deux doctrines rend le plus justice à l'enseignement de l'Ecriture.

Comment la théologie baptiste en arrive-t-elle là? Comment parvient-elle, face à des textes bibliques aussi clairs, à priver la doctrine du baptême de pratiquement tous ses éléments scripturaires, à donner de ce sacrement une définition si pauvre et à le vider de toutes les bénédictions que la Bible lui attribue?

Par une double manoeuvre :

1. Elle affirme a priori que Dieu n'offre pas son salut par des moyens visibles institués par lui, mais que le Saint-Esprit agit directement dans les coeurs, action dont les sacrements ne sont que des symboles. A. Kuen écrit entre autres : "Il est IMPOSSIBLE que l'eau opère ces grands changements spirituels que l'apôtre Paul décrit dans Rom. 6 et les passages parallèles" (p.33). Nous posons la question : D'où l'auteur tient-il cela? En vertu de quel critère peut-il soutenir que quelque chose est impossible, alors même que l'Ecriture déclare qu'il en est ainsi? N'est-ce pas placer un principe philosophique au-dessus de la Bible et en faire une norme souveraine d'interprétation? Quand Marie objecta à l'ange qui lui annonçait la naissance de l'enfant Jésus, alors même qu'elle n'était pas mariée:"Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme", il lui fut répondu : "Rien n'est impossible à Dieu" (Luc 1:34.37).

2. Elle écarte purement et simplement les textes qui la gênent, en affirmant ou bien qu'ils ne parlent pas du baptême, ou bien qu'il y est question du "baptême de l'Esprit", de l'activité intérieure du Saint-Esprit sur le coeur, activité dont le baptême n'est que le symbole visible.

C'est ce que nous allons examiner dans le détail.

    

25-octobre-2001, Rev. David Milette.