LES PARABOLES DU SEIGNEUR, par Dr. Wilbert Kreiss - index  LES PARABOLES DU SEIGNEUR, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

L'ECONOME INFIDELE: Luc 16:1-9

Deux personnages entrent en scène, un homme riche et son intendant. C'est le monde des affaires où on brasse de grosses sommes d'argent et négocie de grandes quantités de denrées. L'intendant est un homme malhonnête qui a sans doute, à un moment précis de sa carrière, été dénoncé par quelqu'un. Souvent, l'économe était l'un des esclaves de son maître. Ici, il s'agit d'un homme libre. Il n'est pas exécuté, mais licencié.

Rends compte de ton administration:

Le cas est clair. Point n'est besoin d'une longue enquête. L'économe indélicat est renvoyé. On lui demande de rendre compte de son administration, ce qui ne signifie ici pas qu'on l'invite à se justifier, mais qu'il est sommé de mettre ses livres de compte à jour avant de quitter son service.

Il ne peut plus modifier les comptes; les registres sont là, intouchables. Sa condition physique et son amour propre lui interdisent de labourer et de mendier. Il est difficile de travailler des mains et de se rabaisser à faire la manche, quand on a été intendant d'un riche patron!

"Je sais ce que je ferai...":

Le trait marquant du caractère de cet homme est la malice, la rouerie, l'habileté. Deux débiteurs entrent en scène. Il y en avait peut-être davantage, mais ces deux suffisent pour servir d'échantillons pour illustration. L'intendant dispose encore d'un court délai. Ayant trompé son maître jusqu'à présent, il n'y a pas de raisons pour qu'il ne continue pas de le faire. Il va donc faire des débiteurs de son maître ses propres débiteurs. Ils auront une dette à son égard et tiendront à s'en acquitter en son temps.

Cent mesures d'huile... Cent mesures de blé...:

Les mots ne sont pas les mêmes en grec; les quantités non plus. Cent mesures (en grec "baths") d'huile faisaient entre 3.800 et 3.900 litres. L'intendant rend au débiteur son billet et l'invite à en écrire un autre, en divisant cette quantité par deux. Il avait manifestement carte blanche, procédait à la vente des biens de son maître et en assurait la comptabilité, classant quittance et billets de dettes. Il en sera de même du deuxième débiteur qui doit à son maître cent mesures (en grec "cors") de blé, soit 350 X 100 = 35.000 litres de blé. Le montant est réduit à 80. Pourquoi 80 et non pas la moitié, comme pour le premier débiteur? Peut-être parce qu'un cadeau de 20 cors de blé équivalait à peu près à un cadeau de 50 mesures d'huile.

Le maître loua l'économe infidèle de ce qu'il avait agi en homme avisé:

Ce n'est pas le Christ qui applique la parabole à ses auditeurs, mais le maître qui loue son économe. Il n'a certes pas de quoi louer son honnêteté, mais le félicite pour sa malice. Puis Jésus précise que les "enfants de ce siècle" sont plus malins que les "enfants de lumière". Ils savent comment sauvegarder leurs intérêts et ne s'embarrassent pas de leur conscience. En cela, ils battent les enfants de lumière. Le mot "siècle" désigne généralement dans la Bible le monde présent, tel qu'il existe actuellement, marqué par le péché et la mort, les biens terrestres et passagers. Les "enfants de ce siècle" sont donc les enfants de ce monde, par opposition aux croyants appelés enfants de lumière, car ils sont passés, par la repentance et la foi, des ténèbres à la lumière.

Les enfants de ce siècle ne s'attachent qu'à ce que le monde présent peut leur offrir. Ils vivent dans les ténèbres, n'ont pas reçu la lumière du monde et persistent dans leur incrédulité (Jean 1:4.5; 3:19). Ils recherchent donc les trésors qui leur sont accessibles, ceux de ce monde qui sont éphémères et passagers. Rien d'étonnant à ce qu'ils soient plus avisés dans ce domaine que les croyants. Ce n'est pas un reproche à l'égard de ces derniers, mais une réalité. Les incrédules sont de ce monde. Ils se débrouillent donc mieux que les chrétiens dans les affaires de ce monde.

Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes:

Cette phrase du Christ a laisse les interprètes perplexes. Parmi toutes les explications proposées, une seule est légitime, celle du Christ lui-même. Elle découle du récit en tant qu'ensemble, et non de l'un ou l'autre de ses détails. Il ne faut pas oublier non plus que la parabole est adressée aux disciples (V.1). Il faut être disciple du Christ pour comprendre la leçon qu'il y donne.

Ce n'est pas une parabole du Royaume, sinon ce maître serait Dieu, ce qu'on ne peut guère soutenir. Dans ce cas, Dieu louerait l'injustice (V.8). D'autre part, Jésus ne dit pas: "Va et fais de même", comme dans Luc 10:37. Son interprétation tourne autour de l'image laissée par l'intendant, l'ensemble de la parabole étant traité comme une unité. Cet homme représente les innombrables enfants de ce monde. Jésus montre l'injustice fondamentale avec laquelle il gère les richesses injustes, pour nous exhorter à les gérer avec justice. Nous sommes appelés à mettre au service de la justice, dans l'utilisation des biens de ce monde, la lucidité même que cet homme mit au service de l'injustice. Il s'agit de les utiliser d'une bonne façon, comme le montre le V.9, et non de façon malhonnête, comme le fit cet intendant. Il s'agit donc de faire le contraire de ce qu'il a fait, de les gérer fidèlement (V.9-12). Et il s'agit enfin de ne pas faire des biens de ce monde une idole (V.13). Aussi est-il demandé aux chrétiens d'être avisés, prévoyants comme le fut cet intendant et comme le sont les enfants de ce siècle, tout en étant fidèles (V.10-12).

Ce n'est qu'avec le V.9: "Faites-vous des amis avec les richesses injustes" qu'a lieu l'application de la parabole. L'intendant a utilisé les biens de ce monde de façon injuste, pour se faire des amis qui le dépanneront en attendant qu'il ait trouvé un nouvel emploi. Jésus nous demande de faire le contraire, d'utiliser les biens de ce monde de façon juste et fidèle, pour nous faire des amis qui nous recueilleront dans les tabernacles éternels.

 

Thèmes de réflexion:

 

Questions de révision et exercices:

 


 <<   LES PARABOLES DU SEIGNEUR, par Dr. Wilbert Kreiss - index   >>

 

 

17-Septembre-2002, Rev. David Milette.