LES PARABOLES DU SEIGNEUR, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LA BREBIS et LA DRACHME PERDUES: Luc 15:3-10
Les paraboles de Luc 15 qui tournent toutes autour du même thème sont dirigées contre les pharisiens. Ceux-ci, s'il n'étaient pas nécessairement assurés de leur salut personnel, étaient par contre certains que les pécheurs étaient perdus, qu'un publicain ou une prostituée ne pouvaient être sauvés. Jésus va leur démontrer le contraire.
Lequel d'entre vous, s'il a cent brebis...?
Jésus a posé une question toute simple 1) pour mobiliser l'attention des pharisiens, 2) pour faire appel à leur bon sens et solliciter une réponse, 3) pour les désarmer et les confondre. S'il les interrogeait directement sur son attitude envers les pécheurs, ils la condamneraient. Il détourne donc leur attention de son ministère et la centre sur un fait ordinaire de la vie, leur tendant ainsi un piège auquel il ne peuvent que se laisser prendre. Il est tout à fait évident que chacun de ses auditeurs se mettrait à la recherche d'une brebis perdue, et cela même s'il en possédait une centaine. Il ne la laisserait pas se perdre, mais ferait tout pour la récupérer. On ne peut être que d'accord sur ce principe. On notera aussi la gradation des trois paraboles de Luc 15: une brebis sur cent, puis une drachme sur dix, enfin un fils sur deux!
A l'aide d'une parabole, le Christ va montrer aux pharisiens qu'ils font la même chose que lui: ils font pour une brebis perdue ce qu'il faut faire, et à à plus forte raison encore, pour une âme perdue.
Une brebis a quitté le troupeau, s'est égarée. Le berger l'a perdue de vue. C'est l'illustration du pécheur, de l'homme qui s'est éloigné de Dieu et qui pour cela est perdu. Jésus se met à sa recherche, comme le berger va chercher sa brebis perdue. C'est pourquoi il accueille les pécheurs et les publicains et mange avec eux.
Sans doute y a-t-il une exagération dans la parabole. On n'organise pas un festin pour une brebis retrouvée! Mais elle est nécessaire pour les besoins de la cause, nécessaire parce que la joie du ciel pour un pécheur perdu et retrouvé demande un équivalent dans l'image employée. La maison du berger où a lieu le festin représente le ciel, et les amis et voisins du berger symbolisent les anges qui habitent au ciel avec le Christ.
Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent...:
C'est le point culminant de la parabole. Jésus oppose cette joie céleste, celle de Dieu et de ses saints anges, aux murmures des pharisiens. La brebis perdue entraîne une recherche. Celle-ci débouche sur des retrouvailles. Les retrouvailles engendrent la joie. La leçon est claire: si grand que soit le pécheur, le ciel (c'est-à-dire Dieu et ses anges) se réjouit s'il se repent.
Se repentir, c'est changer de coeur, de pensées et de sentiments. C'est ce changement intérieur radical par lequel on se détourne du péché qu'on regrette, pour en obtenir le pardon, avec la volonté de ne plus le commettre. Luther déclarait dans sa première thèse contre les indulgences que la repentance est quelque chose de quotidien dans la vie du chrétien.
La repentance était aussi le but de tout le ministère de Jean-Baptiste, du Christ et des apôtres. C'est pour que le pardon soit possible que Jésus, le bon berger, a donné sa vie pour ses brebis. Et pour l'apporter aux pécheurs, aux publicains et aux gens de mauvaise vie, il est allé manger avec eux.
"Plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance". Pourquoi plus de joie? Parce qu'il y a déjà de la joie en permanence dans le ciel pour les autres qui sont des pécheurs repentants et donc des justes. A cette joie permanente du ciel s'ajoute cette autre joie que cause le pécheur qui, par la repentance, revient à Dieu.
Quelle femme, si elle a dix drachmes...:
Du berger nous passons à la ménagère. Dieu sous les traits d'une femme. Ailleurs ne se compare-t-il pas à une mère (Esaïe 49:15; 66:13)? Cette femme a perdu une drachme, monnaie grecque équivalant au denier romain. Le salaire journalier d'un O.S. de l'époque. Avant c'était une brebis sur cent, maintenant une drachme sur dix. Plus tard, ce sera un fils sur deux! Nous ne ferons pas d'allégorie, n'assimilerons pas le balai à la Loi et la lampe à l'Evangile, mais nous en tiendrons au point de comparaison de la parabole: perte, recherche, retrouvailles, joie. Elle dépasse elle aussi la réalité: on n'invite pas ses amies et voisines pour fêter un tel événement, assez banal en fin de compte. Mais puisqu'il y a de la joie dans le ciel, il en faut bien aussi dans la parabole.
Thèmes de réflexion:
Dieu est à la fois un berger possédant cent brebis (un homme riche à l'époque) et une femme disposant de dix drachmes (modeste, pour ne pas dire pauvre). Il est à la fois riche et pauvre, riche parce qu'il sauve beaucoup d'hommes, pauvre parce qu'il en sauve si peu. Mais riche, il ne veut pas devenir moins riche, et pauvre, il ne veut pas s'appauvrir encore. Si le berger aux cent brebis ne veut pas devenir un berger aux quatre-vingt-dix-neuf brebis, la femme aux dix drachmes ne veut pas devenir une femme aux neuf drachmes.
Sans doute les pharisiens comprenaient-ils qu'on se mette en quatre pour retrouver une brebis ou une drachme perdue, mais ils ne comprenaient pas que Dieu en fasse autant pour retrouver et sauver un pécheur. Or le Seigneur remue ciel et terre, bat la campagne et balaie le monde pour trouver et sauver un homme qui ne vaut pas plus cher qu'une brebis ou une drachme. Ce qui fait la valeur de cette brebis ou de cette drachme, ce n'est pas le poids de l'une en chair et de l'autre en argent, mais le fait que le berger et la femme y tiennent. La valeur d'un publicain n'est pas celle que les pharisiens lui concèdent, mais le fait que Dieu tient à lui, l'aime et ne veut pas le perdre. Et Dieu tient à tous les hommes, pharisiens ou publicains, blancs ou noirs, chrétiens ou païens. Face à son amour, tous sont égaux. Il aime chacun d'eux de manière unique. C'est pourquoi il se met en mouvement et se démène, dès que l'un d'eux s'égare.
Questions de révision et exercices: