ÉGLISES, COMMUNAUTÉS ET SECTES, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LES FRERES MORAVES
L'origine de l'Eglise Morave remonte à Jean Hus, mort sur le bûcher à Constance, en 1415, et à Jérôme de Prague, martyrisé l'année suivante. Longtemps leurs adeptes vécurent sans s'organiser. Mais ils comptèrent près de 400 paroisses et 200.000 membres au début du XVI° siècle en Bohême et en Moravie. Ils avaient une constitution épiscopale et développèrent une grande activité dans le domaine de l'enseignement et de la littérature, traduisant la Bible dans les langues bohémienne et morave. Ils entretinrent des relations cordiales avec Luther et Calvin, mais sans chercher à établir des liens particuliers.
Les Eglises Moraves souffrirent beaucoup et furent presque totalement décimées durant la Guerre de Trente Ans. De nombreux fidèles se réfugièrent en Hongrie, en Saxe, en Hollande et en Pologne où ils s'efforcèrent de survivre dans la dispersion. Le dernier évêque de l'Eglise Morave Unie fut Amos Comenius, qui mourut à Amsterdam en 1670.
En 1722, une petite colonie de Frères Moraves s'installa sur les terres de Nicolas Louis, comte de Zinzendorf, en Saxe, où ils fondèrent le village de Herrnhut. D'autres groupes se constituèrent et se regroupèrent en une association destinée à promouvoir leurs idéaux et ceux du comte. Le 13 août 1773, ils se retrouvèrent pour célébrer ensemble la Sainte Cène. Ce jour est considéré comme celui de la fondation de leur Eglise. En 1735, ils élurent un évêque, puis conférèrent en 1737 l'épiscopat à Zinzendorf qui consacra le restant de sa vie à la communauté nouvellement créée et à l'évangélisation. Des Frères Moraves s'installèrent aux Etats-Unis, en Pennsylvanie et dans la Caroline du Nord, où ils créèrent des villages (Bethléhem, Nazareth) à l'image des villages de la Bohême et de la Moravie.
Leur doctrine est exposée dans l'ouvrage de l'évêque Spangenberg (1704-1792) Idea Fratrum ou Kurzer Begriff der christlichen Lehre in der evangelischen Brdergemeinde. En Allemagne, leur théologie fut beaucoup influencée par les Confessions de foi de l'Eglise luthérienne, tandis qu'en Ecosse et aux Etats-Unis, l'influence calviniste est prédominante. La présence de ces deux influences explique leur penchant pour l'unionisme. Les débuts de leur histoire furent marqués par un certain fanatisme et des extravagances (par exemple, Dieu le Père était considéré comme grand-père, et le Saint-Esprit comme son épouse éternelle), mais Spangenberg s'employa à y mettre fin. L'Ecriture Sainte est dite la règle et norme de la doctrine et de la vie chrétiennes, et le Symbole apostolique est considéré comme l'exposé des principales vérités de la foi chrétienne, mais les Frères Moraves s'autorisent beaucoup de libertés en matière d'enseignement. Ils renoncèrent en 1818 au lavement des pieds, baptisent les nourrissons par aspersion et pratiquent la communion ouverte, donnant la Sainte Cène aux membres d'autres Eglises. Bien qu'ils aient des évêques, qui seuls ont le droit d'ordonner des ministres (presbytres et diacres), leur constitution est du type presbytérien. Leur liturgie est très élaborée. Enfin, ils sont très actifs dans le domaine de l'évangélisation et emploient plus de 12.500 missionnaires.
LA SOCIETE DES AMIS, QUAKERS
Mouvement fondé vers 1650, en Grande-Bretagne, par George Fox, fils d'un modeste tisserand en quête de vérité et convaincu que seuls méritent le beau nom de chrétiens ceux qui passent par une nouvelle naissance. Il croyait en la puissance de la vérité divine pour changer le monde et se comportait volontiers en original, refusant d'appeler quelqu'un "monsieur", parce que le mot signifie "mon seigneur", d'ôter le chapeau en signe d'un respect qu'on n'éprouve pas, de porter le deuil ou des habits luxueux, de prêter serment, etc. Ses sermons soulevèrent indignation et hostilité et lui valurent bien des sévices et des séjours en prison. Mais Fox faisait des disciples grâce à sa droiture, son courage et sa bonté. Ces hommes furent malmenés à leur tour.
William Penn, un de ses adeptes, partit en Amérique avec l'assentiment du gouvernement anglais et y fonda, avec l'accord des chefs indiens peu habitués à un tel pacifisme de la part des Blancs, un Etat sans armée auquel on donna, contre son gré, le nom de Pennsylvanie, la "forêt de Penn". Les quakers, doux et paisibles, évangélisèrent les indiens et leur apportèrent leur aide matérielle. Ils se signalèrent aussi par leur action sociale (lutte contre l'esclavage, réforme des prisons, adoucissement du code pénal, aide apportée aux déshérités et aux victimes de guerres, création sur des bases humanitaires d'asiles pour malades mentaux, etc.).
Les adeptes portent le sobriquet de "quakers", mot anglais qui signifie "trembleurs". Il s'agit d'une association religieuse libre sans profession de foi, ni sacrements, ni clergé, fondée sur la recherche, dans la méditation, de l'Esprit promis par le Christ et de la "lumière intérieure". On n'y impose aucun dogme, mais on confesse que Jésus est Fils de Dieu et Rédempteur du monde. La Société des Amis est toutefois profondément synergiste, pour ne pas dire panthéiste. L'homme est considéré comme étant de la race de Dieu; il possède donc en lui-même une étincelle divine qui lui permet de connaître Dieu. Le déroulement du culte est libre, et le silence devant permettre au Saint-Esprit de descendre sur les adorateurs et de se manifester en eux par des tremblements y tient une grande place. Chacun peut, selon l'inspiration du moment, choisir une lecture biblique ou un cantique, prononcer une prière ou donner une exhortation. Les quakers ne pratiquent pas le baptême et voient dans la Cène une action symbolique. Ils mettent l'accent sur la fraternité humaine, la réconciliation et la paix et s'efforcent de mettre ces principes en pratique au travers d'actions humanitaires.
Ils sont au nombre de 200.000 dans le monde, dont 20.000 en Grande-Bretagne, 100.000 aux Etats-Unis et de nombreux petits groupes en Europe et ailleurs. Quelques cellules en France, à Béziers, Congénies (Gard), Nice, Marseille, Charbonnières, etc. Leur centre international se trouve à Paris, au 110 ave. Mozart, et leur centre national au 12 rue Guy-de-la-Brosse.
Questions de révision et exercices:
Les Frères Moraves:
Les Quakers: