ÉGLISES, COMMUNAUTÉS ET SECTES, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LES ASSEMBLEES DES FRERES
LES DARBYSTES
On les appelle encore "Frères de Plymouth". En Irlande au début du XIX° siècle, un dentiste de Dublin réunit chez lui le dimanche quelques amis pour méditer la Bible et communier. Le mouvement prit de l'ampleur et attira des mécontents de l'Eglise Anglicane. Différents groupes se formèrent à Plymouth, Bristol et ailleurs.
En 1829, John Nelson Darby (1800-1882), ancien étudiant en droit et pasteur anglican, déçu par la froideur de la foi et le manque de piété dans son Eglise qu'il accuse d'infidélité en raison de ses liens avec l'Etat, publie un ouvrage dans lequel il reproche aux "Eglises organisées" d'avoir trahi la pensée du Maître. Pour demeurer en Christ, il faut faire partie d'assemblées non organisés et sans hiérarchie, selon le modèle des Eglises fondées par les apôtres. Darby quitte donc l'Eglise Anglicane et s'installe à Plymouth où il prend la tête du mouvement. Des voyages le conduisent en Suisse, en Italie, dans le Midi de la France, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. Il publie ou fait publier des traductions de la Bible qui se caractérisent par leur littéralisme exagéré. Ecrivain très prolixe, il ne cesse d'éditer livres, brochures et tracts.
C'est à Plymouth que les darbystes, qui n'aiment pas qu'on les appelle ainsi, furent les plus nombreux, d'où leur nom. Certains émigrèrent vers les Etats-Unis, vers le milieu du XIX° siècle. Ils constituent là à l'heure actuelle huit groupes différents qui portent tous le nom de "Frères". Ainsi, au lieu travailler à l'unité du christianisme, ils n'ont fait que le morceler davantage. Les différences se situent au niveau de la doctrine, et peut-être davantage encore de la pratique.
Les darbystes se réunissent en "assemblées de frères" où ils prient et rompent le pain en signe de communion et de fraternité et pour confesser leur espérance. Ils attendent les directives du Saint-Esprit et écoutent quiconque se sent appelé à prêcher. Rejetant toute forme de ministère, ils n'ont ni credo, ni liturgie, ni organisation ecclésiastique. Les fonctions du culte sont accessibles à tous, et chaque assemblée locale est dirigée par des "anciens". Par ailleurs, ils n'ont pas de structure synodale, mais ont créé des groupes de coordination et des commissions pour s'acquitter de certaines tâches à l'échelon régional ou national. Très souvent ils n'ont même pas d'édifices pour célébrer leurs cultes.
Leur orientation théologique est littéraliste dans l'interprétation de l'Ecriture et fondamentaliste, avec un fort penchant pour le calvinisme. Ils ont aussi ceci de particulier qu'ils sont convaincus que l'Eglise visible doit être une. Ils lui attribuent toutes les propriétés qui sont celles de l'Eglise chrétienne dite invisible et soutiennent qu'en appartenant à une dénomination précise, on renie le "corps unique". Puisque seuls de vrais croyants peuvent appartenir à une "assemblée", c'est le Saint-Esprit qui dirige le groupe quand il reçoit un nouveau membre. D'autre part, on soutient que celui qui a été incorporé au "corps visible du Christ" ne peut plus déchoir et périr. Darby et ses collaborateurs furent enfin les précurseurs du prémillénialisme moderne.
Les darbystes comptent environ 2.000.000 de membres, dont 10.000 en France (Drôme, Haute-Loire, Ardèche). Dans des pays comme la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Inde, la Roumanie et le Tchad, ils sont la composante principale des communautés évangéliques.
LES FRERES LARGES
Ce sont des dissidents des darbystes. En 1847, l'assemblée des frères de Bristol, dirigée par Newton, puis Georges Muller, se sépara de Darby jugé trop étroit. Le nouveau groupe se rendit célèbre par le nombre d'orphelinats qu'il fonda en ne comptant que sur l'aide de Dieu et la prière. 5.000 enfants y étaient hébergés, nourris et élevés dans une atmosphère chrétienne. Agé de 70 ans, Georges Muller confia leur direction à son gendre et voyagea dans le monde pour y annoncer l'Evangile et y créer d'autres assemblées.
Les Frères Larges se distinguent des darbystes appelés "étroits" en ce qu'ils coopèrent volontiers avec tous ceux qui partagent leur foi en l'autorité de la Bible. Ils pratiquent le Baptême des adultes, mais par aspersion, sont opposés à toute forme de cléricalisme et n'ont pas de pasteurs, mais salarient quelques évangélistes et possèdent des missions florissantes. En France, ils sont probablement un peu moins nombreux que les darbystes proprement dits, et il est parfois difficile de les distinguer d'autres groupes semblables tels que les Nazaréens et certaines communautés évangéliques.
Questions de révision et exercices: