Le Sacrement du Baptême, par Dr. Wilbert Kreiss - index  Le Sacrement du Baptême, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

V - LE BAPTÊME DES ENFANTS

On sait combien les Baptistes, et les milieux "évangéliques" en général, sont hostiles au baptême des enfants, ou plus précisément des nourrissons. Leur doctrine du baptême est telle que pour le recevoir, il faut être en mesure de confesser sa foi, en raison du caractère symbolique de cet acte. On accuse les Eglises qui baptisent les enfants d'être des Eglises à caractère multitudiniste, dont on devient membre du simple fait qu'on a reçu le baptême.

Dans la situation missionnaire dans laquelle se trouvaient les apôtres, où il s'agissait de convertir des Juifs et des païens à Jésus-Christ, dans un contexte où il n'existait pas encore d'Eglise chrétienne, il va de soi qu'ils ont été amenés, du moins dans un premier stade, à baptiser essentiellement des adultes. Encore qu'il soit permis de croire, et nous tenons à le dire dès maintenant, pour revenir là-dessus par la suite, que ces adultes, s'ils avaient des enfants, se sont fait baptiser avec eux.

Rien, en effet, ne nous autorise à affirmer que les apôtres n'ont pas baptisé d'enfants.

Nous diviserons notre chapitre en deux parties et étudierons successivement la justification théologique et la justification historique du baptême des enfants. Puis nous verrons à quoi nous nous engageons, en faisant baptiser nos enfants.

 

1) La justification théologique du baptême des enfants :

a) Sans régénération il n'y a pas de salut:

L'Ecriture Sainte enseigne que l'homme ne devient pas un pécheur en commettant des péchés, mais qu'il commet des péchés, parce qu'il est pécheur. Il l'est de naissance. C'est la doctrine biblique du péché originel, et non pas, comme le laisse croire A. KUEN, une spéculation de Saint Augustin chargée de légitimer le baptême des enfants. Les Saintes Ecritures sont formelles à ce sujet:

"Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image" (Genèse 5:3).

"Les pensées du coeur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse" (Genèse 8:21).

"Voici, je suis né dans l'iniquité et ma mère m'a conçu dans le péché" (Psaume 51:7).

"Comment d'un être souillé sortira-t-il un homme pur? Il n'en peut sortir aucun" (Job 14:1).

"Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit" (Jean 3 : 6).

"Nous étions par nature des enfants de colère comme les autres" (Ephésiens 2:3).

"Par un seul homme le péché est entré dans le monde" (Romains 5:12).

"L'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la Loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas" (Romains 8:7).

"Qu'est-ce que l'homme, pour qu'il soit pur? Celui qui est né de la femme, peut-il être juste?" (Job 15:14).

Tout chrétien biblique se soumet à l'affirmation de ces textes et s'interdit de la contourner sous prétexte qu'elle le scandalise ou qu'elle ne cadre pas avec ses conceptions doctrinales. La foi de ses parents ne protège pas un enfant du péché originel et ne le dispense pas de la régénération. Il ne servait à rien aux Juifs de se dire fils d'Abraham. La naissance naturelle n'a jamais sanctifié personne. Aucune condition, aucun privilège naturel ne régénère l'homme. La régénération est l'oeuvre exclusive de Dieu. C'est ce qu'enseigne Jésus : "A ceux qui l'ont reçue (la Parole, c'est-à-dire le Christ), elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu". (Jean 1:12.13). Rejeter la doctrine du péché originel est donc une très grave faute.

Affirmer que les enfants des croyants échappent au péché originel ou qu'ils en sont lavés par leur naissance même, est tout aussi grave. On se fonde d'ordinaire sur la phrase de Saint Paul : "Le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le mari; autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints" (1 Corinthiens 7 : 14). Déduire de ce texte que les enfants de parents croyants sont saints en ce sens qu'ils sont aptes au royaume de Dieu, régénérés et purifiés, revient à dire qu'un mari non-croyant l'est aussi du fait qu'il cohabite avec une femme croyante, qu'il est, par conséquent, régénère et sauvé par son épouse chrétienne. Conclusion inadmissible! Paul parle donc nécessairement d'une autre pureté ou sainteté que la pureté ou sainteté de la foi au pardon en Jésus-Christ. Dès lors, il ne peut s'agir que d'une pureté ou sainteté rituelle. Le mariage avec un incrédule ne me souille pas devant Dieu, de même que mes enfants ne sont pas souillés devant Dieu du fait qu'ils sont issus d'un mariage avec un partenaire incrédule. D'autre part, il est permis de dire que le mari incroyant et les enfants issus d'un tel mariage sont au bénéfice des bénédictions que Dieu accorde à ce foyer en réponse aux prières de l'épouse croyante.

Il est tout aussi erroné de dire que les enfants sont baptisés en fonction de leur foi future. Une foi à venir ne régénère personne et ne justifie aucun pécheur. Une foi à venir ne revêt par du Christ et de son pardon.

b) Pour régénérer les hommes, y compris les enfants, Dieu a institué un moyen de grâce:

Le problème n'est pas de savoir ce que Dieu peut faire ou ne peut pas faire. Nous croyons au Dieu tout-puissant. Cette certitude cependant ne nous autorise pas à affirmer que Dieu peut sauver les enfants sans moyen de grâce. Le Seigneur s'est révélé dans l'Ecriture Sainte. C'est là qu'il nous dit, non pas ce qu'il peut faire, mais ce qu'il veut faire. Et si lui-même n'est pas lié aux moyens de grâce, s'il a pu remplir Jean-Baptiste du Saint-Esprit, alors qu'il était encore dans le sein de sa mère (Luc 1 : 15,44), il n'en est pas moins vrai qu'il nous a liés aux moyens de grâce, en décidant de sauver les hommes par la foi et par le baptême (Marc 16:16; Tite 3:5 ss; Jean 3:5). Ceci signifie en clair que, si nous voulons que nos enfants soient régénérés et sauvés, nous devons recourir aux moyens que le Seigneur a institués pour cela. Bien sûr nous pourrions théoriquement attendre qu'ils deviennent adultes, écoutent la Parole de Dieu, se convertissent et demandent à être baptisés. Ce serait assumer une grave responsabilité, en les privant d'un salut que le Seigneur veut leur accorder dès maintenant, qui leur est destiné autant qu'à nous et dont ils ont besoin autant que nous. Nos enfants sont par nature des enfants de colère, corrompus, souillés et condamnés par la Loi. Ils sont malades devant Dieu. Or, que faisons-nous, quand l'un de nos enfants est malade? Attendons-nous qu'il atteigne l'âge adulte, pour qu'il puisse lui-même décider de recourir au médecin, pour guérir? Et s'il mourait entre temps? Nous n'avons pas le droit de refuser à nos enfants un trésor de grâce, de bénédictions, de pardon et de salut qu'il veut leur offrir dès maintenant!

c) Le baptême est le moyen que Dieu a institué pour régénérer les enfants et les conduire ainsi au salut:

Il va de soi qu'on ne peut amener un enfant au Christ par la prédication de l'Evangile. Mais ce que fait l'Evangile, le baptême qui est la promesse de l'Evangile unie à l'eau, le fait également. Qu'on se réfère à ce que nous avons dit à ce sujet, ci-dessus.

Le baptême étant à la fois don du pardon et du salut et moyen de régénération (Jean 3:3.5; Tite 3:5), et personne, pas même les enfants, ne pouvant être sauvé sans régénération, il est non seulement légitime, mais nécessaire de baptiser les petits. Luther écrit à propos de Jean 3 : 3,5 :"Prenons à coeur ce passage, en particulier contre les aveugles que sont les Anabaptistes, qui considèrent le baptême des enfants comme inefficace et stérile. Comment pourrait-il l'être, si le Christ nous dit que son eau est là pour régénérer par l'activité du Saint-Esprit? S'il faut que les enfants soient régénérés, qu'autrement ils ne peuvent voir le royaume des cieux, pourquoi ne devrions-nous pas les baptiser? Qu'est-ce qui nous autorise à affirmer que l'eau administrée par suite d'un commandement de Dieu et unie à sa Parole, ne sert pas à la régénération des enfants? N'est-il pas vrai que selon les paroles du Christ, quiconque veut être régénère, doit l'être par l'eau?" (Sermon pour le Dimanche de la Trinité, W2 XIII a, 687).

Les paroles d'institution du baptême sont telles qu'elles nous engagent à baptiser les enfants. "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant..." (Matthieu 28:19.20). Même si nous savions simplement que les enfants, pour être baptisés, ont besoin d'être régénérés, que le baptême est le bain de la régénération et que Dieu n'a nulle part interdit de les présenter au baptême, nous devrions le faire. A elles seules, ces trois certitudes qui sont des vérités bibliques, devraient nous convaincre que les nourrissons ont droit au baptême.

Si Paul déclare que le Christ a purifié son Eglise par le bain d'eau dans la Parole (Ephésiens 5:25-27), il s'ensuivrait que si les enfants ne doivent pas être baptisés, ils ne peuvent faire partie de l'Eglise du Seigneur, du troupeau de ses brebis, que le bon berger conduit vers le ciel.

Si le même apôtre affirme qu'on est enfant de Dieu par la foi en Christ et que tous ceux qui ont été baptisés en Christ, ont revêtu le Christ (Galates 3:26.27), il s'ensuit qu'en déclarant les enfants inaptes au baptême, on les exclut de la grâce et les empêche d'être des enfants de Dieu.

Si Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (1 Timothée 2:4), et si personne, pas même un enfant ne peut être sauvé sans le Christ, le baptême est le moyen par lequel nous pouvons les lui amener. Que signifie autrement cette parole de Jésus: "Ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu'il se perde un seul de ces petits" (Matthieu 18:14).

S'il existe un parallèle entre la circoncision et le baptême, si la première a conféré dans l'ancienne alliance ce que le second offre dans la nouvelle, et si les garçons, âgés de huit jours, ont été circoncis, qu'est-ce qui autorise l'Eglise à refuser le baptême aux petits? Un enfant ne peut comprendre ce que se passe dans le baptême? Mais le pouvait-il pour la circoncision? Dieu avait promis à Abraham qu'il serait son Dieu et celui de sa postérité (Genèse 17 : 7 ss). Il n'en a pas moins prescrit la circoncision. Rejeter la circoncision revenait à annuler la promesse. Les promesses de grâce et de salut sont là aussi pour nos enfants. Mais pour y avoir part, il faut qu'ils entrent dans l'alliance de grâce par le moyen que Dieu a institué à cet effet. Les promesses divines ne rendent pas les sacrements superflus; bien au contraire, c'est par eux qu'on y accède.

d) Dieu, à qui rien n'est impossible, peut, par le baptême, susciter la foi salvifique dans le coeur des enfants:

Nous avons déjà montré que ce n'est pas la foi du baptisé qui fait du baptême un sacrement. Il l'est en vertu de la promesse divine, indépendamment de la foi, bien que sans elle on ne puisse recevoir effectivement les grâces qui y sont attachées. Mais faut-il pour cela que les enfants croient avant de recevoir le baptême, pour le recevoir validement? Les adversaires du pédobaptisme l'affirment. Mais ne devraient-ils pas en conclure que pour la même raison il ne faut pas prêcher l'Evangile à des incrédules? L'Evangile non plus ne peut pas être reçu sans foi. Faut-il pour cela le refuser aux incroyants? Non, certes! Bien au contraire, il faut qu'ils l'entendent pour parvenir à la foi en Christ. C'est l'Evangile précisément qui crée la foi dans l'homme. "La foi vient de ce qu'on entend" (Romains 10:17), et l'Evangile que l'on entend est "une puissance de Dieu pour le salut" (Romains 1:16), "une semence incorruptible qui régénère" (1 Pierre 1: 3; Jacques 1:18). Or, de même que l'Evangile produit la foi dans les coeurs et régénère, de même le baptême produit dans le coeur ce qu'il revendique pour être reçu de façon légitime, la foi en Christ.

Un petit enfant ne peut croire, réplique-t-on? Le Saint-Esprit ne peut agir dans son coeur? Pourtant c'est ce qu'il a fait dans le coeur de Jean-Baptiste. C'est une grave erreur que d'imaginer que pour que la foi soit réelle, il faut qu'elle soit consciente d'elle-même, qu'elle a donc besoin de la raison et de l'intelligence.

Luther écrit :

"Dis-moi, est-ce parler chrétiennement que de juger des oeuvres de Dieu selon notre guise, en disant : les enfants n'ont pas encore atteint l'âge de raison; c'est pourquoi ils ne peuvent pas croire? Et si, au lieu de faire comme toi, de parvenir à la foi par la raison, les enfants y parvenaient par leur déraison? Qu'est-ce que la raison peut apporter de bon à la foi et à la Parole de Dieu? N'est-elle pas celle qui s'y oppose le plus? Ne faut-il pas, pour parvenir à la foi et aimer la Parole de Dieu, aveugler la raison et la bafouer, mourir à elle et devenir comme un insensé, déraisonnable et inintelligent comme un petit enfant?... Combien de fois le Christ ne dit-il pas que nous devons devenir des enfants et des insensés, et ne condamne-t-il pas la raison? Où en était la raison des enfants que Jésus serra dans ses bras, qu'il bénit et à qui il offrit le royaume des cieux? N'étaient-ils pas sans raison? Pourquoi demande-t-il qu'on les lui amène et les bénit-il? D'où ont-ils la foi qui fait d'eux des enfants du royaume des cieux? Justement, parce qu'ils sont sans raison et sans intelligence, ils sont plus propres à la foi que les adultes dont la raison s'insurge souvent et ne veut pas passer sa grosse tête par la petite porte. Quand il est question de la foi et des oeuvres de Dieu, il ne faut pas regarder à la raison et à ses oeuvres. Là, c'est Dieu qui agit, et la raison est morte, aveugle" (Sermon pour le troisième Dimanche après l'Epiphanie, W2 XI, 493 s.).

Luther en conclut que les enfants sont beaucoup plus aptes à la vraie foi chrétienne que les adultes avec leurs raisonnements, leurs contestations et leurs doutes.

L'Ecriture Sainte affirme que les enfants peuvent croire. Cependant, nous devons veiller à ne pas aller au-delà de ce qu'elle révèle. Aussi nous est-il impossible de spéculer sur la foi des enfants. Le théologien luthérien Fr. Pieper écrit à ce propos:

"Nous ne pouvons décrire dans le détail la foi des enfants. Pourtant, en nous fondant sur l'Ecriture, nous devons maintenir qu'il s'agit d'une foi qui saisit effectivement le Christ. Matthieu 18 : 6 : 'un de ces petits qui croient en moi'" (Christliche Dogmatik II, 538).

La dogmatique distingue aussi entre la foi en tant qu'état et la foi à l'action. Cette distinction est importante. En effet, bien que le chrétien croie en permanence, il n'est pas toujours conscient de sa foi. Il y aurait de quoi désespérer, si la foi cessait d'être, dès que nous cessons d'être conscients. Mais il ne suffit pas de définir la foi des enfants comme un état de foi ou une foi en état; la foi chrétienne, en effet, saisit toujours le Christ, et quand ce serait de façon inconsciente. Quand Jésus déclare : "Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n'y entrera point" (Luc 18:17), il entend affirmer que les enfants peuvent effectivement recevoir le royaume de Dieu. Dans le langage biblique, "recevoir" signifie autant que "croire". En "recevant la Parole de Dieu", les païens crurent en Jésus (Actes 11:1). On reçoit un bienfait en tendant la main. La foi est la main que l'homme tend à Dieu et dans laquelle il reçoit le pardon et le salut. Jésus confond la sagesse des hommes, en déclarant que le plus pieux d'entre eux ne peut être sauvé, à moins qu'il ne reçoive le royaume de Dieu comme les petits enfants qu'on lui avait amenés. Il fait d'eux des modèles pour les adultes. Ceux-ci doivent croire comme les enfants, s'ils veulent aller au ciel. En quoi les enfants pourraient-ils être des modèles et des exemples de foi, s'ils ne pouvaient pas croire? Si les enfants étaient incapables de croire, Jésus n'aurait-il pas dû dire exactement le contraire de ce qu'il a dit en fait? N'aurait-il pas dû exhorter en ces termes : Si vous voulez trouver grâce et être sauvés, il faut que vous soyez tout a fait différents des enfants, car eux ne reçoivent pas le royaume de Dieu, et vous devez le faire, si vous tenez au salut?

On objecte encore que la foi des enfants ne peut être réelle, puisqu'elle ne porte pas de fruits. L'Ecriture affirme cependant l'inverse. Jésus, citant le Psaume 8, dit à ceux qui l'entourent et qui sont offusqués par les louanges que chantent les enfants à son entrée dans Jérusalem :"N'avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle?" (Matthieu 21:16). Peut-on louer le Seigneur sans croire en lui? Si Jésus voit les fruits de la foi chez des enfants, oserions-nous les mettre en doute? Il ne nous appartient pas de recourir à notre raison, pour définir les fruits de la foi. Ceux-ci peuvent être invisibles et échapper à nos sens. L'essentiel est que le Seigneur les voie!

 

2) La justification historique du baptême des enfants :

L'Eglise primitive a-t-elle baptisé les enfants? Si oui, cette pratique remonte-t-elle aux apôtres? A. Kuen s'applique dans son ouvrage à démontrer que les apôtres n'ont pas baptisé d'enfants, que cette pratique fut introduite par la suite et qu'elle est la conclusion logique d'une nouvelle conception du baptême. Il accuse les Pères apostoliques, c'est-à-dire les théologiens qui ont succédé aux apôtres, d'avoir falsifié la doctrine baptismale de ces derniers, en faisant de ce sacrement plus qu'un symbole, un acte par lequel Dieu opère effectivement la régénération, pardonne et sauve (Le Baptême, p. 125 ss). Nous allons essayer de montrer qu'il n'en est rien. Il nous faut, pour cela, distinguer deux cas:

a) L'Eglise primitive, y compris l'Eglise apostolique, baptisait-elle les enfants, quand leurs parents se convertissaient et recevaient le baptême?

Le Nouveau Testament est écrit en fonction d'une situation missionnaire. On comprend donc qu'il relate avant tout la conversion et le baptême des adultes. Ce sont eux qui font le "pas". Leurs enfants restent en quelque sorte cachés au sein de la famille et ne reçoivent pas la même attention. Peut-on en conclure qu'ils n'ont pas été baptisés? Il nous semble que non. Le Nouveau Testament parle à plusieurs reprises du baptême de "maisons".

"J'ai baptisé aussi la maison... de Stéphanas" (1 Corinthiens 1:16).

"Elle fut baptisée ainsi que sa maison" (Actes 16:15).

"Il fut baptisé, lui et tous les siens" (Actes 16:33).

Certes, les textes ne le disent pas, mais n'est-il pas fort probable qu'il y avait des enfants dans ces maisons? Le terme "maison" embrassait tous ceux qui habitaient sous le toit: le père de famille, la mère, les enfants, éventuellement les grands-parents et les domestiques. Dans sa lettre à l'Eglise de Smyrne, Ignace d'Antioche (mort en 107) écrit : "Je salue les maisons de mes frères, avec leurs femmes et leurs enfants" (13:1). Quand Sal menaça Ahimelek en ces termes : "Lui et la maison de son père mourront" (1 Samuel 22:19), il y inclut les enfants, qui furent également mis à mort (1 Samuel 22:19). Pharaon permit aux frères de Joseph d'aller chercher leur père et "leurs maisons" et mit des chars à leur disposition pour les femmes et tous ceux "qui ne peuvent marcher" (donc les vieillards, les infirmes et les enfants) (Genèse 45:18.19). La "maison" inclut donc les enfants. Compte tenu de ce que nous avons dit du baptême et de la nécessité de baptiser les enfants, il ne nous appartient pas de démontrer qu'il y avait des enfants dans les maisons que les apôtres ont baptisées; il revient bien plus aux adversaires du baptême des enfants de prouver qu'il n'y en avait pas!

Il existe aussi un rapport entre le baptême des enfants dans l'Eglise chrétienne et le baptême des prosélytes, c'est-à-dire le baptême que les Juifs imposaient aux païens, quand ils se convertissaient au judaïsme. Dans son ouvrage Le baptême des enfants (Editions Xavier Mappus, 1967), Joachim Jeremias explique comment les Juifs en vinrent vers la fin du 1º siècle avant Jésus-Christ à attribuer une impureté personnelle aux païens, sans doute pour endiguer le flot de mariages mixtes entre Juifs et païens et dissuader ainsi les Juifs d'épouser des païens. Cette impureté des païens est évoquée ici et là dans le Nouveau Testament (Matthieu 8:7; Jean 18:28; Actes 10:28; 11:12; 1 Corinthiens 7:14; Galates 2:12). Dès lors on estima qu'il fallait imposer aux païens qui se convertissaient au judaïsme un rite de purification, une sorte de baptême appelé baptême des prosélytes. Un ouvrage apocryphe, les Oracles Sibyllins, adresse à ces prosélytes païens l'exhortation suivante: "Baignez tout votre corps dans des fleuves aux eaux toujours courantes et dressez les mains vers le ciel, implorant le pardon de ce que vous avez commis" (IV, 162 s). Or, il ressort de tout ce que nous savons de cette coutume qu'on administrait ce baptême aussi aux enfants des païens. C'est ainsi qu'on trancha le cas d'un tout jeune enfant païen dont le père était mort, en ces termes: "En se fondant sur la décision du tribunal, on lui fit prendre un bain de purification" (Talmud de Babylone, Ket 11a). On donne la précision suivante : "Une non-Israélite devient-elle une prosélyte durant sa grossesse, son enfant n'a pas besoin de bain de purification" (Talmud de Babylone, Yeb 78a). On considère en effet qu'en recevant le bain de purification, l'enfant qu'elle porte en son sein est purifié par elle. C'est laisser entendre que si l'enfant naissait avant la conversion et le baptême de sa mère, il était baptisé avec elle.

Nous n'irons pas plus loin dans le parallèle entre le baptême des prosélytes et le baptême des chrétiens. Celui-ci est d'institution divine, tandis que celui-là est une pratique d'origine humaine née dans le judaïsme décadent. Nous ne voulons surtout pas fonder le baptême des enfants dans l'Eglise apostolique sur le baptême des prosélytes dans le judaïsme. Nous voulons simplement montrer qu'en soi il n'est pas paradoxal de baptiser des enfants. Pour les Juifs qui se convertissaient au christianisme, c'était une pratique qu'ils avaient connue dans leur ancienne religion. H. Grossmann en vient à estimer que le Nouveau Testament devrait contenir une interdiction explicite du baptême des enfants, si l'Eglise chrétienne de l'époque ne l'avait pas pratiqué, tant cette manière de faire était courante dans la communauté juive (Ein Ja zur Kindertaufe, in Kirliche Zeitfragen, Heft 13, 1944, p.14). O. Cullmann tire de ces données la conviction que même Jean-Baptiste baptisait les enfants des parents qui venaient le trouver dans le désert pour se faire baptiser:

"Nous n'avons aucunement lieu de supposer que Jean se soit mis en contradiction avec la pratique du baptême des prosélytes, en excluant les enfants que les parents repentants auraient pris avec eux pour être introduits aussi dans la communauté messianique" (Le Baptême des enfants, in Cahiers Théologiques de l'Actualité Protestante, 19/20, 1948, p.54).

b) L'Eglise Primitive baptisait-elle les enfants qui naissaient dans les foyers chrétiens?

Il faut bien le reconnaître : Nous n'avons aucune indication à ce sujet dans le Nouveau Testament. Il n'atteste pas que les apôtres ont baptisé les enfants qui naissaient au fur et à mesure dans les foyers qui s'étaient rattachés à l'Eglise. Par contre, et ceci est tout aussi caractéristique, il n'atteste nulle part qu'ils ont baptisé des enfants de chrétiens, lorsqu'ils parvinrent à l'âge adulte!

On a souvent invoqué contre le baptême des enfants le texte de 1 Corinthiens 7:14, dont nous avons déjà parlé ci-dessus. A tort, comme nous l'avons vu, car il ne nous dit rien sur l'administration du baptême. Joachim Jeremias conclut son examen de ces textes de la façon suivante: "Selon toute vraisemblance, l'affirmation "vos enfants sont saints" exclut aussi peu le baptême des enfants au 8º jour, à la place de la circoncision, que l'affirmation "votre conjoint païen se trouve sanctifié" n'exclut le baptême ultérieur de celui-ci" (Le baptême des enfants, p 67).

Si nous nous tournons maintenant vers l'Eglise postapostolique, nous trouvons de très bonne heure des témoignages en faveur du baptême des enfants. A. KUEN, nous l'avons vu, en conclut que l'Eglise chrétienne est devenue rapidement infidèle à l'enseignement et à la pratique des apôtres. Mais comment alors expliquer qu'on ne trouve dans la littérature chrétienne de l'époque aucune allusion à l'introduction d'une coutume différente de la pratique héritée des apôtres? Si le baptême des enfants fut introduit dans l'Eglise chrétienne au cours du 2º siècle, comme on l'affirme parfois, les Pères de l'Eglise, selon leur point de vue personnel, n'auraient-ils pas ou bien exhorté les chrétiens à faire baptiser leurs enfants, ou bien lutté contre cette tendance nouvelle? Or, ils ne font ni l'un ni l'autre. N'est-ce pas la preuve que le baptême des enfants était unanimement pratiqué et accepté?

Voici quelques témoignages qu'il est difficile de récuser:

Dans le Martyre de Polycarpe (18:3), Polycarpe de Smyrne, l'un des grands martyrs de l'époque qui vécut approximativement entre 82 et 168, déclare: "Il y a quatre-vingt-six ans que je sers le Christ, et il ne m'a pas fait de mal. Comment puis-je blasphémer mon roi, celui qui m'a sauvé?" Polycarpe indique ainsi son âge approximatif: 86 ans. En déclarant servir le Seigneur durant toute cette période, il nous atteste indirectement qu'il a été baptisé comme enfant, et donc qu'on baptisait les enfants à l'époque où il naquit, à la fin du 1º siècle. Polycrate d'Ephèse écrit de même dans une lettre à Rome, vers 190-191 : "Et moi, frères, j'ai 65 ans dans le Seigneur, j'ai été en relation avec les frères du monde entier, j'ai parcouru toute la Sainte Ecriture" (Eusèbe, Histoire de l'Eglise, V, 24, 7). Les Actes du martyre de Carpus, Papylus et d'Agathonicie (entre 160 et 180) contiennent entre autres le procès-verbal d'un interrogatoire, au cours duquel l'accusé, Papylus de Thyatire, proclame : "Je sers Dieu depuis ma jeunesse, et jamais je n'ai sacrifié aux idoles, mais je suis chrétien". Cet homme, lui aussi, se déclare disciple du Christ depuis sa jeunesse, et il est permis de voir dans sa déclaration une allusion au baptême.

Le témoignage d'Origène (185-254) est de la plus haute importance. Dans ses oeuvres il mentionne par trois fois le baptême des enfants comme étant en usage dans l'Eglise, et précise dans son Commentaire de l'épître aux Romains que cette pratique remonte aux apôtres. Il écrit: "C'est pour cela que l'Eglise a reçu des apôtres la tradition d'administrer le baptême même aux "parvuli" (N.B. mot latin qui désigne les petits enfants). Car les hommes à qui fut transmis le secret des mystères divins savaient qu'il y avait en tous de véritables souillures dues au péché, qui devaient être effacées par l'eau et par l'Esprit" (Commentaire de l'épître aux Romains, V, 9).

Ailleurs il écrit : "A ce propos je veux encore dire un mot sur une question fréquemment soulevée parmi les frères. Les "paidia" (mot grec qui signifie "les enfants") sont baptisés pour le pardon des' péchés. Desquels? Quand ont-ils donc péché? En fait, jamais. Et pourtant, "personne n'est pur de souillure" (même s'il n'a qu'un jour, Job 14 : 4s). C'est cette souillure qu'on enlève par le mystère du baptême. Voilà la raison pour laquelle on baptise aussi les "paidia" (Homélies sur Luc 14:5 et 2:22a). "On se demande pourquoi le baptême de l'Eglise qui est donné pour la rémission des péchés, est aussi, suivant la coutume de l'Eglise, administré aux petits enfants; or, s'il n'y avait rien en eux qui réclamât rémission et pardon, la grâce baptismale apparaîtrait superflue" (Homélies sur le Lévitique, 8 : 3). Ainsi Origène, qui n'a pas écrit que de bonnes choses, a bien compris le lien qui existe entre le péché originel et le baptême. Mais, ce qui est au moins tout aussi important, il témoigne que le baptême des enfants remonte aux apôtres!

Dans L'Eglise d'Occident, Justin Martyr, qui mourut vers 166, mentionne dans son Apologie à l'empereur "beaucoup d'hommes et de femmes, âgés de soixante ou soixante-dix ans, qui sont depuis leur enfance disciples du Christ" (I, 15 ,6). N'est-ce pas aussi une façon indirecte d'attester que l'Eglise d'Occident du 2º siècle baptisait les enfants? Irénée de Lyon, le plus célèbre théologien du 2º siècle, qui naquit entre 130 et 140, écrit: "Jésus est venu en effet sauver par lui-même tous les hommes: tous ceux, dis-je, qui par lui sont renés en Dieu, nourrissons, tout-petits, enfants, jeunes gens et personnes âgées" (Contre les Hérésies, II, 22,4). La Tradition Apostolique d'Hippolyte de Rome (environ 130-235) spécifie: "Vous baptiserez d'abord les petits. Tous ceux qui peuvent parler pour eux-mêmes, parleront. Mais, pour ceux qui ne peuvent pas parler, les parents parleront ou quelqu'un de leur famille" (16: 4s).

Enfin nous possédons un certain nombre d'inscriptions funéraires datant du troisième siècle, qui montrent clairement qu'on baptisait les enfants. Un père païen fit ériger une tombe à son jeune fils, qui porte l'inscription suivante: "Aux dieux mânes Florentius pour son fils Apronianus a fait cette inscription au distingué fils qui vécut un an et neuf mois et cinq jours. Parce qu'il fut profondément aimé par sa grand-mère et qu'elle vit qu'il allait à la mort, elle demande à l'Eglise que, après être devenu disciple, il quittât ce siècle". Cette dernière phrase affirme que la grand-mère croyante de ce petit enfant demanda à l'Eglise de le baptiser avant qu'il ne meure. Voici une autre inscription : "Fidèle né de fidèles, Zosime, ici je repose, ayant vécu deux ans, un mois et vingt-cinq jours". Zosime était donc un fidèle, c'est-à-dire un chrétien, né de chrétiens. Nous en concluons qu'il avait été baptisé. Ou encore: "A Eutychianus, fils très cher, Eutychus son père a dédié ce tombeau. Il a vécu 1 an, 2 mois et 4 jours, serviteur de Dieu Jésus-Christ, Jésus-Christ le Fils de Dieu Sauveur". "Kyriakos, du Christ esclave, saint enfant ci-gît. En mémoire, les parents Dionysios et Zosimè à l'enfant très doux nous avons fait ce tombeau". "La douce Tychè vécut un an, 10 mois et 15 jours. Elle reçut le baptême le 8º jour avant les calendes. Elle rendit l'esprit le jour dit". "Irène, qui vécut avec ses parents 11 mois et 6 jours, reçut le baptême le 7º jour des ides d'Avril et rendit l'esprit aux ides d'Avril". "Pastor, Titiana, Marciana et Chrèstè à Marcianus, fils distingué dans le Christ Seigneur ont fait ce tombeau, lui qui vécut 12 ans, 12 mois et ... jours, qui reçut la grâce (N.B. : il s'agit manifestement du baptême) de notre Seigneur le 12 avant les calendes d'Octobre, Marinianus et Paternus étant consuls pour la seconde fois, et rendit l'esprit le 11 avant les calendes. Que tu vives parmi les saints pour l'éternité!" Ces inscriptions trouvées dans les catacombes de Rome et qui datent toutes du 3º siècle, montrent que les enfants en question ont été baptisés en bas-âge, et que certains d'entre eux reçurent le baptême d'urgence (c'est le cas de ceux dont les inscriptions disent qu'ils moururent très peu de temps après avoir reçu le sacrement).

Il existe dans le concert de voix de l'Eglise ancienne une exception: Tertullien, un Père de l'Eglise d'Afrique, qui naquit vers 150 et mourut entre 220 et 240, était hostile au baptême des petits enfants. Il écrit: "Selon la condition, la disposition et même l'âge de chacun, il est préférable de différer le baptême, surtout quand il s'agit de tout jeunes enfants" (Sur le baptême 18:3-19:1). Il estime en effet que les parrains prennent une trop grande responsabilité: "Est-il nécessaire, sauf nécessité absolue, de faire courir aux parrains le risque de manquer eux-mêmes à leurs promesses, en cas de mort, ou d'être abusés par un naturel mauvais qui va se développer?" (op. cit.). L'argument est double : d'une part les parrains pourraient mourir avant que l'enfant n'ait atteint l'âge de raison, et il faut croire que le cas se produisait souvent, pour que Tertullien le mentionne (Il vivait en effet à une époque de grandes persécutions); d'autre part, les parrains pourraient être trompés, en ayant pour filleuls des enfants indociles et rebelles. Tertullien ne songe donc pas aux enfants, quand il exhorte à différer leur baptême, mais à leurs parrains dont il estime que la responsabilité est trop lourde. Une chose est certaine: En adoptant cette attitude, Tertullien prend le contre-pied de ses contemporains. Si en effet il avait pu reprocher à l'Eglise de son époque d'introduire une innovation, une coutume nouvelle, il aurait argumenter de façon tout à fait différente. Il se serait présenté en champion de l'antique coutume de l'Eglise et aurait, pour faire triompher son cas, montré à l'Eglise qu'elle n'avait pas le droit de baptiser les petits enfants, étant donné que les apôtres ne l'ont pas fait. Or, il ne peut s'exprimer ainsi. C'est donc que l'Eglise de son époque, non seulement baptisait unanimement les enfants, mais qu'elle le faisait avec la conviction d'agir conformément à la pratique des apôtres. Ce n'est pas le pédobaptisme qui fut une innovation à l'époque, mais ce furent les idées du grand théologien de Carthage. Ainsi, Tertullien ne combat pas la légitimité du baptême des enfants, mais met en doute son opportunité. D'autre part, il s'agit là d'une voix tout à fait isolée. Il n'a pas fait école. En 251 ou 253 un concile se réunit à Carthage, là même où Tertullien avait émis son opinion, et décréta non seulement qu'il fallait baptiser les petits enfants, mais encore qu'il convenait de ne pas attendre le huitième jour, mais de le faire "intra secundum vel tertium diem", "entre le deuxième et le troisième jour" (Lettres de Cyprien, 64:2).

Nous résumons ce que nous venons d'exposer en citant Joachim Jeremias, à qui nous avons emprunté l'essentiel de notre documentation: "Partout, sauf en Syrie orientale, nous rencontrons au IIº siècle le baptême des enfants comme une pratique ancienne et bien établie dans la grande Eglise. L'Orient et l'Occident sont unanimes à faire remonter cet usage aux Apôtres. Les témoignages concernent aussi bien les enfants de parents chrétiens que ceux nés de parents païens. En ce qui concerne ces derniers, on les baptisait, en règle générale, avec leurs familles à Pâques. Quant aux premiers, ils étaient baptisés nourrissons, ou plus exactement, dès les premiers jours après leur naissance. A ce que nous savons, seul Tertullien émet des objections au baptême des petits enfants, mais il n'a pas fait école (ce qui se comprend bien, vu son passage au montanisme vers 203).

Tertullien mis à part, il n'y a pas le moindre indice qu'on ait jamais retardé, avant le IVº siècle, le baptême des enfants" (Le baptême des enfants, p. 117).

Cette dernière phrase de J. Jeremias nous oblige à une explication. En effet, la situation changea au cours du 4º siècle. La tendance se manifesta en effet, non seulement de ne pas baptiser les enfants, mais de repousser son propre baptême jusqu'à la veille de la mort. Ce fut le cas de l'empereur Constantin, qui pourtant s'était d'assez bonne heure converti au christianisme (du moins il en devint le grand défenseur, car il est permis de s'interroger sur l'authenticité de sa conversion!). Pourquoi cela? C'est qu'on voulait mourir "in albis", c'est-à-dire en blanc, avec la certitude du salut. La plupart des grands théologiens de l'époque laissèrent passer leur adolescence et une bonne partie de leur vie d'adulte, avant de recevoir le baptême. Ce fut le cas de Basile-le-Grand, Ambroise, Jean Chrysostome, Jérôme, Rufin, Paulin de Nole, Augustin et Grégoire de Nazianze, pour ne nommer que les plus connus, qui naquirent tous vers le milieu du 4º siècle. Certains attendirent même la veille de leur mort. C'est ainsi qu'on se mit à appeler "néophytes" les défunts qui venaient justes d'être baptisés. On justifiait cette déplorable coutume par l'erreur qui consistait à croire que le baptême n'apportait le pardon que pour les péchés commis auparavant, et on en déduisait qu'il convenait de retarder la réception du sacrement autant qu'il était possible, sans risquer de mourir auparavant. Cette erreur, sur laquelle nous ne pouvons pas nous étendre dans cette étude, se perpétua dans l'Eglise catholique, qui affirma qu'il fallait un autre sacrement, une deuxième planche de salut, pour les péchés commis après la baptême, le sacrement de pénitence. Ce sacrement n'existait pas encore à l'époque, d'où cette fâcheuse pratique. Le XVIº concile de Carthage y mit fin en 418, en prononçant l'anathème sur quiconque "dit que les petits enfants qui viennent de naître, ne doivent pas être baptisés" (Canon 2).

L'histoire de l'Eglise confirme ainsi que, loin d'être une innovation de l'Eglise Primitive devenue infidèle à la doctrine et la pratique apostolique, le baptême des enfants a de tout temps été pratiqué durant les premiers siècles de notre ère, et que, là où il cessa de l'être momentanément, suite à une grave erreur concernant l'efficacité de ce sacrement, l'Eglise dut réagir avec fermeté.

Nous pensons ainsi avoir justifié le baptême des enfants sur le plan de la théologie et de l'histoire.

Nous ne pouvons pas terminer ce travail, sans constater à quoi il nous engage. Ce sera notre

 

Conclusion :

Quand Dieu leur accorde des enfants, les parents chrétiens doivent, conformément à la saine doctrine du baptême, les faire baptiser aussi tôt que possible. Ce faisant, ils doivent choisir judicieusement l'Eglise à qui ils demandent de le faire et leur donner des parrains et marraines qui confessent la doctrine biblique du baptême et qui sont prêts à assumer leurs responsabilités.

Les Eglises qui rejettent le baptême des enfants se plaisent à constater, et nous ne pouvons par leur donner tort, que cette forme de baptême favorise le type d'Eglises qu'on appelle multitudinistes, dont on devient membre du fait qu'on reçoit le baptême durant son enfance, même si cela ne se traduit pas par un engagement chrétien véritable. Il faut bien le dire : Tant de pasteurs ne voient les enfants de leur paroisse que le jour du baptême, durant les années d'instruction religieuse et, souvent pour la dernière fois, le dimanche de leur confirmation. Tant de parents qu'on ne voit jamais à l'Eglise et qui, selon toute évidence, ont cessé d'être des croyants convaincus et vivants, font encore baptiser leurs enfants, pour sacrifier à une coutume familiale à laquelle on n'ose pas déroger, pour ne pas affliger les grands-parents, pour apaiser le pasteur, ou bien en déclarant que, si cela ne fait pas de bien, cela ne peut pas non plus faire du mal.

Triste spectacle, en vérité. Mais, "abusus non tollit usum", l'abus de supprime pas l'usage! Ce n'est pas parce que tant de gens dans la chrétienté abusent du baptême des enfants que celui-ci n'a pas de raison d'être. Et surtout, il convient de ne pas imputer au baptême des enfants ce qui est de la seule responsabilité des parents et de l'Eglise.

Nous avons vu que le baptême était un stimulant permanent pour la sanctification du croyant. L'éducation des enfants fait partie des devoirs que Dieu impose aux parents chrétiens. Le psalmiste dit :

"Voici, des fils sont un héritage de l'Eternel, et le fruit des entrailles est une récompense" (Psaume 127:3).

Un être humain vaut plus que tous les trésors du monde. Aux yeux mêmes de Dieu il est assez précieux pour qu'il ait accepté de sacrifier son Fils unique pour son salut. Un enfant est un grand don du Seigneur. Aussi entraîne-t-il une grande responsabilité de la part des parents. Le Seigneur veut que nous lui confiions les enfants qu'il nous a accordés. Certes, ils lui appartiennent de toute façon. Ne sont-ils pas ses créatures? Mais, étant nés dans l'iniquité et conçus dans le péché, ils sont sous la condamnation de la Loi et asservis au péché, à la mort et à Satan. Il faut faire quelque chose, pour qu'ils deviennent enfants de Dieu et héritiers du salut. Nous avons vu aussi que le fait qu'ils naissent de parents chrétiens ne fait pas d'eux des enfants du Père céleste ni des pécheurs rachetés et sauvés. La régénération, la foi, l'adoption filiale ne se transmettent pas par la procréation, comme le péché originel.

Un chrétien sait quels trésors de grâce Dieu lui a ouverts dans le baptême. Son plus ardent désir est de faire en sorte qu'ils soient aussi ouverts à ses enfants :

"La promesse est pour vous et pour vos enfants" (Actes 2:39).

Nos enfants ont donc autant que nous droit au salut en Jésus-Christ. Qu'y a-t-il donc de plus nécessaire et de plus naturel que de les mener là où ils peuvent, selon la volonté et la promesse du Seigneur, entrer dans son alliance de grâce et revêtir leur Rédempteur?

"Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent" (Marc 10:14).

Je le sais, quoique figurant dans la liturgie du baptême, ce texte n'en dit pas un mot. Par contre, il dit à haute voix que nous devons amener nos enfants au Christ. Par la prière, objecte-t-on! Sans aucun doute! Mais aussi et avant tout par le sacrement que Dieu a institué pour le salut des hommes et qui est pour nous le seul moyen d'amener nos enfants à Jésus de telle sorte qu'ils trouvent la grâce, le pardon et le salut et que le Christ puisse les bénir, non pas d'une façon générale et vague, mais les bénir en leur offrant tout ce qu'il est venu acquérir aux pécheurs. C'est par le baptême que Jésus peut devenir le Sauveur personnel de nos enfants et par lui seul.

Si par le baptême les enfants deviennent membres de l'Eglise invisible du Seigneur, par lui ils entrent aussi dans une communauté visible. Le choix est grand de nos jours, et, pour une fois, nous dirons: Hélas! Il appartient à des parents chrétiens de faire entrer leurs enfants dans une Eglise dont ils sachent qu'elle annonce et professe la vérité, les merveilleuses doctrines de l'Ecriture Sainte, en particulier celle du baptême. Et, en cas d'impossibilité, plutôt que de recourir pour le baptême de leurs enfants à un pasteur infidèle, il est préférable que les parents les baptisent eux-mêmes. L'erreur, si minime qu'elle puisse nous paraître, est un venin dont nous devons préserver nos enfants. L'homme est ainsi fait qu'il refuse souvent de quitter l'Eglise qui l'a baptisé, même s'il a pris conscience des erreurs qu'on y enseigne. Or, appartenir à une Eglise, c'est se solidariser avec elle, approuver son enseignement et le faire sien. C'est de l'unionisme.

Par ailleurs, des parents chrétiens n'oublient pas de procéder à un choix judicieux des parrains et marraines de leurs enfants. Il s'agit là d'une institution humaine, qui remonte à une époque de persécutions, où les enfants pouvaient en tout temps être privés de leurs parents. Pour être sûrs que quelqu'un prendrait soin d'eux, sur tous les plans, mais en particulier en ce qui concerne l'éducation religieuse, ils leur donnaient des parrains et des marraines. C'est une belle institution, dont la plupart des chrétiens ont perdu de vue la signification réelle. Parrains et marraines ne sont pas de simples témoins du baptême (Matthieu 18:16). Il y en aurait assez dans l'assemblée qui assistent à la célébration du sacrement. Parrains et marraines sont responsables devant Dieu et l'Eglise de l'éducation chrétienne de leurs filleuls, surtout au cas où il plairait à Dieu de les priver de leurs parents. Parrains et marraines sont aussi chargés de prier pour eux. Comment pourrait-on demander cela à des incrédules? Demande-t-on à un garagiste de faire du bon pain, ou à un boulanger de réparer les moteurs? Ceux qui ne prient même pas pour eux-mêmes, comment sauraient-ils prier pour leurs filleuls? Les élever dans la foi? Comment ceux qui vivent dans l'incrédulité, sauraient-ils les élever dans la foi? Peut-on demander à des gens qui sont devenus infidèles à Dieu d'exhorter leurs filleuls à rester fidèles à l'alliance du baptême? Trop souvent le parrainage est conçu comme une faveur que l'on doit à une tante célibataire dont le coeur déborde d'affection, à un gentil oncle, à un bon voisin. Il importe de ne pas sacrifier à une coutume et de songer davantage au bien-être et au salut de l'enfant qu'aux réactions dans la famille et parmi les bonnes connaissances.

Il ne suffit pas non plus que les parrains et marraines soient des chrétiens. Sans doute est-ce là la première condition. Mais peut-on demander à des parrains et marraines sincèrement croyants, mais membres d'une Eglise qui professe des erreurs, surtout en cas de décès des parents, d'enseigner à leurs filleuls ce qu'on a soi-même reconnu pour vrai? Des parents qui connaissent, croient et confessent la merveilleuse doctrine biblique du baptême sauraient-ils admettre que leurs enfants grandissent dans une doctrine dont ils savent qu'elle est contraire à la Sainte Ecriture, si sincères, pieux et consacrés à Dieu que soient par ailleurs ceux à qui ils demandent d'assumer cette responsabilité?

Enfin, la saine doctrine du baptême incite les parents chrétiens à considérer les enfants qu'ils ont fait baptiser comme étant avant tout propriété de Dieu et à les élever de telle sorte qu'ils servent le Seigneur et parviennent au salut éternel.

Il ne suffit pas que nos enfants soient entrés dans l'alliance de grâce du baptême. Encore faut-il qu'ils y demeurent et qu'ils restent, dès maintenant et à jamais, des enfants de Dieu et des héritiers du salut. Plus que toute autre chose, plus que l'honneur, le succès, une belle carrière, l'aisance et le bonheur ici-bas, les parents chrétiens souhaitent que leurs enfants soient sauvés. Tout, dans l'éducation qu'ils leur donnent, doit être orienté vers ce but glorieux.

Pour cela, ils doivent éviter de leur être une occasion de chute. Ce que le Christ dit des adultes en général, est encore plus vrai des parents:

"Si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin et qu'on le jetât au fond de la mer... Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient constamment la face de mon Père qui est dans les cieux" (Matthieu 18:6.10).

"Et vous, pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur" (Ephésiens 6:4).

Si nos enfants ont un tel prix aux yeux de Dieu, comment saurions-nous négliger leur éducation, les scandaliser par notre conduite, leur donner l'exemple d'un christianisme tiède et désobéissant? Dieu nous confie des enfants, pour que nous les élevions à sa gloire, en citoyens du ciel. Mais combien de parents pavent à leurs enfants le chemin de l'enfer et les élèvent pour qu'ils deviennent un jour ce qu'ils sont eux-mêmes, des "chrétiens" infidèles, apostats, ou tout simplement indifférents, tièdes et sans foi vivante!

Ne pas scandaliser les enfants et ne pas leur donner de mauvais exemple, c'est bien. Mais ce n'est pas suffisant. L'âme, y compris celle de nos enfants, a besoin de nourriture. Il leur faut entendre l'Evangile, apprendre à connaître ce Christ qu'ils ont revêtu dans le baptême. "Elevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur" nous a dit Paul (Ephésiens 6:4). Dieu dit d'Abraham :

"Je l'ai choisi afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Eternel, en pratiquant la justice et la droiture, et qu'ainsi l'Eternel accomplisse en faveur d'Abraham les promesses qu'il lui a faites" (Genèse 18:19).

Abraham savait que les promesses du Seigneur n'étaient pas que pour lui, mais que Dieu les étendait à sa postérité. Le chrétien sait, lui aussi, que les promesses de l'Evangile sont également pour les enfants que le Seigneur lui accorde, et il désire de tout coeur les partager avec eux. Aussi met-il tout en oeuvre pour que la Parole de Dieu soit plantée dans leurs coeurs, qu'ils grandissent dans la connaissance salutaire du Christ, qu'ils apprennent à prier et qu'ils soient armés pour combattre le bon combat du chrétien, afin d'obtenir la couronne de la vie éternelle.

Il importe avant tout de leur parler de l'oeuvre merveilleuse que Jésus a accomplie pour le salut du monde et des grâces qui leur ont été faites dans le baptême, pour qu'avec foi ils puisent en lui la certitude qu'ils sont enfants de Dieu et héritiers du salut. Si besoin est, il convient de les reprendre et de les corriger, avec douceur et fermeté, pour éviter qu'ils ne s'égarent, et les détourner des nombreux dangers qui les menacent. C'est la grâce qui a été faite à Timothée, à qui Paul a pu écrire:

"Dès ton enfance, tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" (2 Timothée 3:15-17).

Les parents chrétiens se font un devoir de ce que Dieu a prescrit aux enfants d'Israël dans le désert :

"Ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton coeur. Tu les indiqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans la maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras" (Deutéronome 6:6.7).

Il y aurait beaucoup de choses à dire quant à la façon de mettre ce commandement en pratique: parler aux enfants de Dieu et de sa Parole, lire la Bible avec eux, leur raconter l'Histoire Sainte, leur montrer, en les emmenant avec soi, qu'un chrétien va écouter la Parole de Dieu aussi souvent qu'il en a la possibilité, les faire instruire au catéchisme, veiller à ce qu'ils apprennent leurs leçons, prier avec eux et pour eux, afin que tout cela porte ses fruits, voilà autant d'éléments de leur formation chrétienne, et je suis sûr d'en oublier.

Il est plus facile pour les parents chrétiens de mourir sereinement et la conscience tranquille, en sachant que leurs enfants croient en Dieu, qu'ils l'aiment et qu'ils sont par la foi en Christ des pécheurs rachetés et sauvés, quand bien même ils ne pourraient leur léguer des biens terrestres, qu'en leur ayant prodigué tout ce qu'ils pouvaient souhaiter, offert une belle situation et réservé un bel héritage, mais en ayant négligé de les élever dans le Seigneur et en ayant contribué ainsi, pour une très grande part, à ce qu'ils perdent le salut que Dieu leur avait conféré dans le baptême. Que répondront de tels parents, si, comparaissant devant son trône, le Seigneur leur demande : Où sont les enfants que je vous ai confiés, pour que vous les éleviez dans la foi, en vue de leur salut?

Certes, aucun père, aucune mère ne peut croire pour son enfant. Jamais des parents n'ont pu sauver leur progéniture par leur foi personnelle. Mais nous avons le choix entre faire ce que le Seigneur nous demande de faire pour eux, et ne pas le faire, sachant que nous devons en rendre compte un jour. Certes, nos enfants devront un jour voler de leurs propres ailes, affermir eux-mêmes leur foi, lutter pour rester fidèles. Mais nous avons le choix entre les armer pour ce combat dur, mais si salutaire, et les laisser entrer dans la vie aussi démunis que les enfants des incroyants. Il importe toutefois que nous sachions que si chacun doit un jour rendre compte pour lui-même, Dieu, au cas où nous n'aurions pas fait notre devoir de parents chrétiens, nous posera la même question, avant de se tourner vers eux. Si, par contre, nous avons fait tout ce qui est en notre pouvoir, dans la foi et dans un esprit de prière, il nous rendra ce témoignage que nous avons été fidèles, et nous récompensera dans sa grâce. La plus grande récompense sera cependant de voir nos enfants avec nous dans le ciel!

Luther écrit dans le Formulaire du Baptême :

"Ce qui importe, c'est d'assister au baptême avec une vraie foi, d'écouter la Parole de Dieu et de t'associer sérieusement à la prière. Car, quand le pasteur dit: "Prions Dieu!", il t'exhorte réellement à prier avec lui. Le parrain et la marraine, ainsi que tous les assistants, doivent dire à Dieu, avec lui, du fond de leur coeur, les paroles de sa prière. C'est pourquoi le pasteur doit prononcer ces prières très distinctement et lentement, afin que le parrain et la marraine puissent entendre et comprendre, qu'ils prient, de coeur, avec le pasteur, qu'ils exposent à Dieu, de la façon la plus sérieuse, la misère du petit enfant, qu'ils luttent de toutes leurs forces contre le diable, en faveur de l'enfant, et montrent par leur attitude qu'ils prennent au sérieux le baptême qui, pour le diable lui-même, n'est pas une plaisanterie... Il faut que les pasteurs et les parrains aient de bonnes manières et de bonnes moeurs, qu'ils soient sérieux et pieux. Il faut qu'on puisse être assuré qu'ils feront sérieusement et avec une vraie foi ce qu'ils ont à faire, afin de ne pas exposer cet auguste sacrement à la moquerie du diable et de ne pas déshonorer Dieu, qui y répand pour nous les richesses surabondantes et inépuisables de sa grâce. Il appelle lui-même le baptême une "nouvelle naissance", par laquelle nous sommes affranchis de la tyrannie du diable et délivrés du péché, de la mort et de l'enfer, et devenons enfants de vie et héritiers de tous les biens de Dieu, bien plus, enfants de Dieu et frères du Christ. Ah! chers chrétiens, ne traitons pas avec une telle négligence un don si ineffable! Car le baptême est notre unique consolation et nous donne accès à tous les biens divins et à la communion de tous les saints. Que Dieu nous soit en aide! Amen" (Taufbüchlein, 1523, W2 X, 2138,2139).

 


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25-octobre-2001, Rev. David Milette.