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CHAPITRE 6: LE TÉMOIGNAGE INTÉRIEUR DU SAINT-ESPRIT

Aucune argumentation provenant de l'extérieur ne peut démontrer à un homme l'autorité divine de l'Ecriture. Il ne suffit pas pour cela d'évoquer l'harmonie de son message, l'accomplissement des prophéties, la très haute idée qu'elle se fait de Dieu, l'élévation de la morale qu'elle prescrit aux hommes, son grand âge, sa diffusion dans le monde, la confirmation apportée par les fouilles archéologiques, le martyre de ceux qui ont préféré mourir plutôt que renier le christianisme, la permanence du christianisme malgré les persécutions et les idéologies qui ont tenté de le supprimer, le témoignage rendu aux chrétiens par de nombreux incrédules, etc.

Même ce que l'Ecriture dit d'elle-même ne peut emporter la conviction d'un incroyant. Il n'acceptera aucune preuve scripturaire, puisqu'il demande précisément qu'on lui prouve d'abord que la Bible dit vrai, avant d'accepter son témoignage. Il ira éventuellement même jusqu'à reprocher au christianisme d'opérer avec une pétition de principe, de vouloir prouver l'autorité de la Bible par la Bible elle-même. Le témoignage de la Bible, ce qu'elle dit d'elle-même, ne peut que confirmer un croyant dans la foi, la fortifier, mais n'est pas en mesure de la faire naître dans un coeur.

D'où vient la certitude chrétienne de l'origine et de l'autorité divines de la Bible? Il n'existe à cette question qu'une réponse: elle provient du témoignage que la Bible se rend à elle-même. La parole de l'Ecriture, en vertu du Saint-Esprit qui agit par elle et indépendamment de toute preuve humaine ou rationnelle, suscite dans le coeur du croyant l'approbation, la conviction qu'elle dit vrai, c'est-à-dire la foi. La foi en l'autorité de la Bible est foi créée par Dieu, foi d'origine divine ("fides divina") et non une foi ou une conviction que l'homme se donne ("fides humana"), parce qu'elle est l'oeuvre du Saint-Esprit. Quand celui-ci ouvre le coeur d'un homme au message de la Loi et de l'Evangile révélé dans la Bible et y suscite la foi, la Bible lui démontre d'elle-même qu'elle est Parole de Dieu. La parole divine de l'Ecriture agit à l'intérieur de l'homme comme un feu, un marteau ou une épée (Jérémie 23:29; Hébreux 4:12). Or, quand on fait l'expérience d'un marteau, d'une épée ou du feu, on n'a plus besoin qu'on vous prouve que le marteau est un marteau, l'épée une épée et le feu un feu. La Bible s'impose au coeur croyant comme Parole de Dieu. Le Saint-Esprit se sert du message de la Bible pour convaincre l'homme qu'elle dit vrai. On appelle cela l'«autopistie»" de la Bible ou encore le témoignage intérieur du Saint-Esprit dont parlent les textes suivants :

"Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse humaine, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi soit fondée non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu" (1 Corinthiens 2:4.5).

"Si quelqu'un veut faire sa volonté 43, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de mon propre chef" (Jean 7:17).

"Quand sera venu le Consolateur que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra témoignage de moi" (Jean 15:26).

"Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera" (Jean 16:13.14).

"Notre Evangile ne vous a pas été prêché en paroles seulement, mais avec puissance, avec l'Esprit Saint et une pleine persuasion" (1 Thessaloniciens 1:5).

"Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne, mais son onction vous enseigne toutes choses. Comme elle est véritable et qu'elle n'est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu'elle vous a donnés" (1 Jean 2:27).

"L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ" (Romains 8:16.17).

"Qui est celui qui a triomphé du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? C'est lui, Jésus-Christ, qui est venu avec de l'eau et du sang. Non avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang. Et c'est l'Esprit qui rend témoignage, parce que l'Esprit est la vérité... Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand, car le témoignage de Dieu consiste en ce qu'il a rendu témoignage à son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même. Celui qui ne croit pas Dieu, le fait menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. Et voici ce témoignage: c'est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils" (1 Jean 5:5.6.8-11).

Jésus dit lui-même que même le témoignage d'un défunt ne peut susciter la repentance et la foi, mais qu'il faut pour cela les écrits de Moïse et des prophètes qui agissent par leur seul contenu, sans aucune preuve de l'extérieur, à telle enseigne que celui qui ne croit pas l'Ecriture, ne croira pas non plus s'il est témoin d'un miracle ou d'une vision (Luc 16:27-31). Les preuves externes peuvent contraindre un homme à se rendre à l'évidence, mais cette contrainte ne fait naître ni la repentance ni la foi. Et ce qui est vrai des prophètes, l'est aussi des apôtres. On constatera que ces derniers ne tentent jamais de démontrer la véracité de leur enseignement. Cette démonstration est fournie par l'enseignement lui-même, qu'il soit oral ou écrit. Quiconque est intimement convaincu de sa corruption et ressent dans sa conscience les accusations de la Loi, reconnaît par là l'origine divine d e cette Loi. Et quiconque a expérimenté la puissance salvifique de l'Evangile sait par là-même que cet Evangile vient de Dieu et qu'il peut se fier à ses promesses. L'Ecriture a ce pouvoir en elle-même de s'imposer comme révélation divine. On appelle cela son autopistie qui lui vient de l'action que le Saint-Esprit exerce par elle. Cf. le chapitre sur les propriétés de l'Ecriture Sainte.

H. Echternach écrit à ce sujet: "Cette nouvelle prise de conscience de la notion d'autopistie aide à bien comprendre l'ancienne doctrine de l'inspiration, en l'acquittant d'un reproche qu'on lui fait depuis les premiers jours du rationalisme et que la critique n'a jamais cessé de formuler: celui d'utiliser le dogme de l'inspiration comme argument pour démontrer l'autorité, l'infaillibilité et l'origine divine de l'Ecriture" 44.

Toutes les affirmations de l'Ecriture ne démontrent pas d'un seul coup sa vérité, sa puissance et son autorité. Le témoignage intérieur du Saint-Esprit concerne la Loi (Jésus déclare dans Jean 16:8-11 que le Saint-Esprit nous convainc à propos du péché), mais aussi et surtout l'Evangile dans l'Ecriture, c'est-à-dire la bonne nouvelle qui procure au pécheur contrit la certitude de son salut. Mais du fait que la Bible tout entière se présente comme Parole de Dieu, le pécheur gagné par l'Evangile qui y est révélé ne songera pas à douter de l'origine et de l'autorité divines de ses autres textes. "L'Ecriture ne se laisse pas morceler", disait Luther.

Chr. Luthardt 45, Richard Grützmacher 46 et d'autres encore ont essayé de limiter le témoignage intérieur du Saint-Esprit au contenu de la Bible, aux vérités qu'elle enseigne, à l'exclusion des termes dans lesquels elles sont articulées. Cette thèse se détruit d'elle-même ; elle contient en effet une contradiction en soi. On ne peut pas séparer le contenu de l'Ecriture des paroles par lesquelles il s'exprime. Nous ne pouvons accéder au contenu qu'au travers des mots qui le véhiculent. Une pensée nous est inconnue aussi longtemps qu'elle ne trouve pas son expression dans le langage. Elle n'a de signification pour nous que par les mots dans lesquels elle s'exprime. Le témoignage intérieur du Saint-Esprit concerne donc à la fois le contenu de la Parole de Dieu et les mots qui articulent ce contenu.

Celui qui, d'un coeur brisé, confesse ses péchés à Dieu et le supplie de l'épargner montre par là que la Loi divine a eu raison de lui, qu'elle s'est imposée à lui avec toutes ses exigences, qu'elle a brisé sa résistance naturelle. Il accepte son verdict. S'il a de plus entendu l'Evangile, si par la foi il s'approprie les promesses de grâce, de pardon et de salut qui lui sont faites en Christ, il montre que cet Evangile a su gagner son coeur, qu'il a agi en puissance de Dieu pour son salut. La doctrine du témoignage intérieur du Saint-Esprit et son impact sur la doctrine de l'Ecriture Sainte permettent de définir le rapport entre le principe formel et le principe matériel de la Réforme, c'est-à-dire entre la foi en l'autorité de la Bible et son contenu. Ce rapport s'articule ainsi : L'Ecriture est reconnue comme Parole de Dieu par l'activité de la Loi et de l'Evangile. Quant à la Loi et à l'Evangile, ils sont reconnus par l'activité de la Parole scripturaire. En d'autres termes : un coeur en qui la Loi a suscité la repentance et l'Evangile la foi, place sa confiance en la Parole divine de l'Ecriture, tandis que la repentance et la foi sont créées par le Saint-Esprit au moyen de la Loi et de l'Evangile attestés par la Parole de l'Ecriture.

Nous tirons de cela l'application suivante : La Parole divine de l'Ecriture ne peut être correctement prêchée que par une annonce intégrale et une distinction correcte de la Loi et de l'Evangile. Inversement, une annonce intégrale et une distinction correcte de la Loi et de l'Evangile ne peuvent émaner que de la conviction que l'Ecriture est Parole de Dieu inerrante. Loi et Evangile convainquent de l'origine divine de l'Ecriture Sainte, et inversement l'acceptation de l'autorité souveraine de l'Ecriture Sainte autorise une prédication correcte de la Loi et de l'Evangile.


 

Notes:

43 N.B.: à savoir la volonté du Père, dont Jésus dit dans Jean 6:40 qu'elle consiste à croire en son Fils et à avoir ainsi la vie éternelle.

44 H. Echternach, Die Lehre von der Autopistie der Heiligen Schrift, in E.L.K.Z., Nº6, p. 87.

45 Christian Luthardt, Kompendium der Dogmatik1, p. 349 s.

46 Richard Grützmacher, Studien zur systematischen Theologie, III, p. 102.

 


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18-février-2001, Rev. David Milette.