LES PARABOLES DU SEIGNEUR, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LE SEMEUR: Marc 4:1-20
Parabole:
Selon le Petit Larousse, la parabole est une comparaison servant à présenter un enseignement et à en faciliter la compréhension. En ce qui concerne la Bible, le mot désigne dans un sens large toute image destinée à illustrer une vérité, et dans un sens plus strict, une illustration tirée de la vie de tous les jours et appliquée au Royaume de Dieu. Ainsi, au sens large du terme, les histoires du pharisien et du publicain, du bon Samaritain ou du mauvais riche et du pauvre Lazare sont des paraboles, tandis qu'au sens strict on appelle ainsi les récits des évangiles qui commencent de la façon suivante: "Le Royaume des cieux (ou: de Dieu) est semblable à..." et qui font entrer en scène un cultivateur, un berger, un pêcheur ou un homme qui cherche des perles et en trouve une de grand prix, bref des personnages de la vie de tous les jours illustrant des vérités ou des comportements spirituels.
Jésus est un maître de la parabole. Personne n'a su mieux que lui illustrer son enseignement en recourant à des images de la vie de tous les jours, et le rendre ainsi accessible aux auditeurs les plus modestes. On retient mieux ce qu'on voit que ce qu'on entend. La parabole sert à "faire voir", à rendre "évident".
Endroit pierreux:
Il existe de bonnes terres arables, faciles à cultiver et à ensemencer, et d'autres encombrées de pierres, notamment en Palestine. Parfois il n'y a qu'une fine couche de terre pour recouvrir un sol rocailleux. C'est vrai dans certains vignobles de grand cru, comme le Châteauneuf-du-Pape, et c'est excellent pour le raisin grâce à la chaleur accumulée par la rocaille. Mais cela ne convient pas à toutes les plantes, et surtout pas à celles qui n'ont que de petites racines et qui, pour cette raison, n'aiment pas cela. Le plant est trop fragile pour supporter l'excès de chaleur et brûle.
Le long du chemin:
Les chemins menant dans les champs n'avaient pas la largeur de nos chemins vicinaux actuels. Et pour cause, on n'avait pas besoin d'y faire circuler des tracteurs. C'étaient de minces sentiers passant entre les champs. Le geste auguste du semeur ne pouvait empêcher que des graines y tombent.
Dans un endroit pierreux..., parmi les épines..., dans de la bonne terre:
Trois mauvais endroits où le blé n'eut pas le temps de germer ou bien périt en pleine croissance, et un bon où chaque grain se multiplia par trente, soixante ou cent.
Rien de plus simple. Pas besoin du baccalauréat pour comprendre cela. Quelques notions de jardinage et un peu de bon sens suffisent. Pourtant, les disciples, c'est-à-dire les douze et ceux qui les entouraient (V.10), ne comprennent pas. Ils demandent des explications, et Jésus les leur donne.
Mystères:
Voilà ce qu'est le Royaume de Dieu. Il faut, pour le comprendre, une révélation du Seigneur et les lumières du Saint-Esprit, car l'homme naturel, non régénéré, n'y comprend rien (1 Corinthiens 2:14). Jésus précise que ce mystère à été révélé aux disciples, mais qu'il est resté caché aux autres. Non que Dieu ne désire pas leur révéler son Evangile, puisqu'il veut le salut de tous (Matthieu 28:19.20; Jean 3:16; 1 Timothée 2:4; 2 Pierre 3:9), mais ce sont les hommes qui ne veulent pas de son Evangile. Notamment Israël, le pveuple de Dieu. Les prophètes, Jésus lui-même et les apôtres en ont fait la cruelle expérience (Osée 13:9; Matthieu 23:37; Actes 7:41). Quand on persiste dans son incrédulité, on se prive de la grâce de Dieu et ferme son coeur aux merveilles de l'Evangile. On devient alors inaccessible aux réalités du Royaume de Dieu, et le Seigneur finit par retirer sa Parole à ceux qui n'en veulent pas. Nous n'en dirons pas plus, mais il faut aller jusque là. Il existe ce qu'on appelle l'endurcissement. Cf. dans Petite Dogmatique Luthérienne, dans le chapitre sur la doctrine de l'homme, le paragraphe sur l'endurcissement.
Afin qu'en voyant ils voient et n'aperçoivent point:
Dans le récit parallèle de Matthieu, Jésus cite Esaïe (Esaïe 6:9.10). Dans Marc il y est simplement fait allusion. Dieu voudrait que tous voient, comprennent, croient et soient sauvés. Mais il veut aussi le jugement de ceux qui refusent de se convertir (Matthieu 23:37.38; Marc 16:16). Il agit avec puissance à travers sa Parole, mais il finit par abandonner le récalcitrant à son incrédulité et son aveuglement. Pire que cela: quand l'homme s'est longuement endurci, refusant l'offre de grâce de son Dieu, celui-ci finit par l'endurcir à son tour. Sa Parole est toujours agissante et efficace pour sauver, mais elle sait l'être aussi pour condamner.
Le semeur sème la parole:
Jésus explique sa parabole en identifiant la semence à la Parole de Dieu, la "parole du royaume" (Matthieu 13:19). C'est l'Evangile, la bonne nouvelle du pardon et du salut par la foi en son nom. Il est lui-même le semeur. C'est lui qui prêche l'Evangile. Quand il était sur terre, il le faisait directement. Maintenant qu'il est au ciel, il le fait par ses envoyés, par tous ceux qu'il charge du ministère de la prédication.
Satan vient:
Il y a des gens qui entendent effectivement la Parole de Dieu, mais elle ne peut pas porter de fruits, car quelqu'un vient la leur retirer du coeur. Ce quelqu'un est Satan, l'ennemi de Dieu qui ne veut pas que les hommes soient sauvés et qui pour cela ferme leur coeur à l'Evangile, leur disant: "Ne croyez pas cela, c'est démodé! Rien de ce que l'Evangile annonce n'est vérifiable! L'homme n'est pas si mauvais que cela et n'a pas besoin d'un Rédempteur pour être sauvé. Un bon modèle suffira. D'ailleurs un salut gratuit, c'est trop facile! Dieu ne peut pas exiger le sang de son Fils pour pardonner les péchés! Ce sont là des conceptions dépassées. Du reste il n'est pas indispensable de se convertir au Christ pour être sauvé. Chacun peut l'être à sa façon, pourvu qu'il soit sincère, etc.".
On le voit, Satan sait se servir d'innombrables "oiseaux" pour manger la semence que répand le Christ. Celui-ci est formel: C'est bien le diable qui est à l'oeuvre, quand les hommes rejettent ou oublient l'Evangile qui leur est prêché.
Ils n'ont pas de racine en eux-mêmes:
Il y a des gens qui entendent eux aussi l'Evangile et même le reçoivent avec empressement et joie. Ils se sont convertis, mais les choses ont rapidement changé, et pour une raison évidente: ils n'ont pas de racines, ou ces racines sont si petites que la plante est faible et fragile et ne peut pas résister à l'ardeur du soleil. Ils "manquent de persistance" et croient aussi longtemps qu'il ne leur en coûte pas de trop. A l'heure de la tribulation et des épreuves, ils déchoient. Or des tribulations, il y en aura toujours pour les croyants. Quiconque croit en Jésus est appelé à porter sa croix. Pour cela, il faut une foi forte et donc des racines, sinon la tribulation et l'épreuve deviennent une "occasion de chute".
"Ils croient pour un temps", dit Jésus dans Luc 8:13. Il est donc possible de croire pour un temps, puis de déchoir. C'est pourquoi il faut être vigilant. On n'est pas encore au ciel, quand on s'est converti à Jésus-Christ, tant s'en faut!
Parmi les épines:
La semence de la Parole tombe aussi dans des coeurs envahis par les ronces et les chardons. Or ceux- ci poussent plus vite que le blé et l'étouffent. Ce sont les soucis de la vie présente, tout ce qui non seulement occupe, mais préoccupe et tourmente les hommes, qui assiège leur coeur, tel l'amour de l'argent et des biens de ce monde et "l'invasion des autres convoitises". Autant de mauvaises herbes, vivaces et envahissantes, qui empêchent l'Evangile de porter des fruits. La faute en incombe non pas à la semence qui est bonne, mais à la terre qui produit ronces et épines.
La bonne terre:
La même semence tombe dans de la terre où elle peut germer et fructifier. Il y a des gens qui non seulement entendent l'Evangile, mais le "reçoivent avec joie". Et non seulement ils le reçoivent avec joie, mais ils portent du fruit. "Trente, soixante ou cent".
Chez les uns, la Parole reste en surface, sans rien faire. Chez d'autres, elle pénètre dans le sol, mais à peine. Chez d'autres encore, la plante est détruite par le haut. Chez d'autres enfin, elle prospère. A des degrés divers ("trente, soixante ou cent"), selon les cas, mais elle porte toujours du fruit.
Thèmes de réflexion:
Questions de révision et exercices: