COMMENTAIRE SUR MICHÉE, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LE GLORIEUX AVENIR DE SION (Michée 4:1-5:14)
Les chapitres 4 et 5 constituent un tout. il s'agit peut-être d'un ensemble d'oracles réunis en un recueil. Le thème est celui de la restauration de Jérusalem qui suivra l'exil à Babylone. Le langage, le style, les idées et les images utilisés par le prophète ressemblent beaucoup à ceux d'Esaïe 40-50. D'autre part, Michée 4:1-3 est pratiquement identique à Esaïe 2:2-4. Les deux prophètes étaient des contemporains. Plusieurs explications ont donc été proposées: on a suggéré qu'Esaïe citait Michée, ou au contraire que Michée citait Esaïe, ou encore que tous les deux citaient une source plus vieille, par exemple un élément d'une liturgie du temple. Impossible de trancher; le mystère demeure.
Jérusalem restaurée:
"Dans l'avenir, il adviendra que la montagne sur laquelle est le Temple de l'Eternel sera fermement établie au-dessus des montagnes, elle s'élèvera par-dessus toutes les hauteurs, et les peuples y afflueront. Des nations nombreuses viendront et se diront les unes aux autres: "Venez, montons au mont de l'Eternel, au Temple du Dieu de Jacob! Il nous enseignera les voies qu'il a prescrites, nous suivrons ses sentiers". Car de Sion viendra la Loi, et de Jérusalem la Parole de l'Eternel. Et il sera l'arbitre entre de nombreux peuples, oui, il sera le juge de puissantes nations, même lointaines. Martelant leurs épées, ils forgeront des socs pour leurs charrues, et, de leurs lances, ils feront des faucilles. Plus aucune nation ne brandira l'épée contre une autre nation, et l'on n'apprendra plus la guerre. Chacun habitera en paix sous sa vigne et sous son figuier, et il n'y aura personne qui puisse le troubler. C'est l'Eternel qui a parlé, les Seigneur des armées célestes. Les autres peuples marcheront au nom de leurs divinités, mais nous, nous marcherons au nom de l'Eternel, notre Dieu pour toujours et à jamais. En ce jour-là, l'Eternel le déclare, je rassemblerai mes brebis, celles qui boitent et celles qui sont exilées et que j'ai maltraitées. Je ferai de celles qui boitent un reste qui subsistera; de celles qui sont exilées je ferai un peuple puissant. L'Eternel régnera sur eux, sur la montagne de Sion, dès lors et à jamais. Et toi, tour du troupeau, toi, citadelle de Sion, la souveraineté d'antan te reviendra, la royauté que possédait Jérusalem" (4:1-8).
C'est un oracle pour la fin des temps. L'expression "dans l'avenir" (Bible du Semeur) ou "dans la suite des temps" (Segond) désigne chez les prophètes les temps derniers qui verront l'accomplissement des grandes promesses faites à Israël. C'est l'ère messianique.
Fermement établie au-dessus des montagnes:
La petite colline de Sion, située à 800 mètres d'altitude, connaîtra un avenir glorieux. Elle dominera toutes les montagnes. On sait que les peuples de l'Antiquité avaient l'habitude de construire leurs sanctuaires sur les sommets des montagnes, et Israël n'a pas dérogé à cette coutume, avec Jérusalem, puis, hélas, le mont Garizim et les nombreux hauts lieux bâtis ici et là. Mais Jérusalem avec son temple va surpasser tous les édifices sacrés des nations païennes. En d'autres termes, le Dieu d'Israël habitant dans le temple de Jérusalem fera entendre sa voix dans le monde entier et attirera à lui des hommes issus de toutes les nations, venant des quatre extrémités de la terre. C'est l'accomplissement de Matthieu 28:18-20: toutes les nations entendront l'Evangile et deviendront des disciples du Christ. Des hommes et des femmes issus de tous les peuples du monde s'approcheront "de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le choeur des anges, de l'assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, de Jésus qui est le médiateur de la nouvelle alliance et du sang de l'aspersion qui parle mieux que celui d'Abel" (Hébreux 12:22-24). Le Royaume de Dieu qui s'établira sur terre dans les coeurs ne connaît pas de frontières nationales, culturelles ou linguistiques.
Venez, montons:
Michée nous montre les hommes s'encourageant mutuellement à se rendre en foule à Jérusalem (V.2). Un saint zèle les animera; ils exerceront le sacerdoce universel des croyants et témoigneront de leur foi. Ainsi les païens trouveront Dieu et se laisseront instruire par lui. C'est de Jérusalem que sortira la Parole de Yahvé. Elle en sortait déjà à l'époque des prophètes, et en sortira de plus belle, quand le Christ accomplira son ministère sur terre et quand, ensuite, les apôtres seront ses témoins.
Il est bien évident qu'on ne peut pas interpréter ces paroles littéralement. Il est exclu que les nations du monde entier se rendent physiquement à Jérusalem pour y adorer Dieu. De plus, ce n'est pas nécessaire, puisque la Parole de Dieu en "sortira". Cette prophétie s'est accomplie quand Jésus parut sur terre, qu'il accomplit sa mission et chargea ses apôtres d'annoncer l'Evangile à Jérusalem, puis dans la Palestine et enfin aux confins de la terre (Matthieu 28:18-20; Luc 24:47; Actes 2:8). Ainsi naquit une Jérusalem spirituelle dont la capitale de la Palestine n'avait été que la préfiguration, l'Eglise chrétienne où Dieu a établi son trône, dans laquelle il règne par sa Parole et qui est la messagère du salut pour les nations du monde entier. C'est elle qui annonce l'Evangile aux païens et les invite à entrer dans le peuple de Dieu, et c'est dans la mesure où les nations s'intègrent à l'Eglise chrétienne que Jérusalem s'élève au-dessus de toutes les montagnes, de tous les royaumes de la terre. Dieu est ainsi "arbitre" et "juge" (V.3.4). Il fera régner la grâce et la justice, le pardon et le salut, et gouvernera les coeurs.
Epées, socs, vigne, figuier:
Puis le prophète nous décrit, dans un langage militaire et champêtre que ses contemporains devaient bien comprendre, la prospérité et la paix que Dieu accordera aux siens. Les images utilisées (les épées transformées en socs, les lances qui deviennent des faucilles, l'évocation de la vigne et du figuier) symbolisent le règne de paix instauré par le Christ et les bénédictions qu'il est venu apporter aux hommes (Luc 1:79; 2:14; 19:38; Jean 14:27; 16:33; Romains 1:7; 5:1; 14:17; 15:13.33; Galates 5:22; 6:16; Ephésiens 2:14; Philippiens 4:17, etc.).
Les versets 6 à 8 reprennent le thème du bon berger développé déjà dans 2:12.13. Toujours sur l'arrière-plan de l'exil à Babylone et du retour en Palestine. Le prophète rappelle que Dieu avait "maltraité", c'est-à-dire châtié son peuple pour son infidélité. L'Assyrie, puis Babylone n'ont été que les instruments de sa colère. Ce ne sont pas Sanchérib et Nebucadnetsar qui frappèrent le peuple, mais Dieu, qui est le maître de l'univers, s'est servi de ces nations pour le punir. Cependant le Dieu qui frappe est aussi celui qui panse, qui délivre, guérit et sauve. Ce qu'Israël a vécu devient ainsi l'image de la délivrance que le Seigneur accorde en Jésus-Christ à tous ceux qui viennent à lui d'un coeur brisé et contrit, qui implorent sa grâce et veulent vivre de son amour. David avait été en son temps à la tête d'un véritable empire et avait fait de Jérusalem une citadelle glorieuse, image de l'empire universel et éternel fondé par le Christ dont les richesses surpassent tous les trésors de ce monde.
On le voit, les prophètes ont un double message. Ils menacent et consolent tour à tour. Ils menacent, quand le peuple se détourne de son Dieu, vit dans l'injustice et le mal, tout en s'imaginant béni par le ciel, et consolent quand, dans la souffrance, il rentre en lui-même, qu'il gémit dans l'épreuve et revient à lui d'un coeur repentant.
Sion triomphera de ses ennemis:
"Et pourquoi maintenant pousses-tu de tels cris? N'as-tu donc plus de roi? Ton conseiller a-t-il péri pour que les douleurs t'aient saisie comme une femme qui enfante? Oui, tords-toi de douleur, gémis, comme une femme qui enfante, toi qui habites dans Sion! Car tu devras quitter la ville et camper en pleins champs, tu iras jusqu'à Babylone. Mais là, tu seras délivré, car l'Eternel te sauvera du pouvoir de tes ennemis. Mais pour l'instant, de nombreuses nations se sont rassemblées contre toi disant: "Quelle soit profanée et que nos yeux contemplent la ruine de Sion!" Mais elles ne connaissent pas les plans de l'Eternel et elles ne comprennent pas ses intentions: il les a rassemblées comme des gerbes pour battre le blé sur une aire. Debout, foulez le blé, habitants de Sion, je rendrai vos cornes d'acier et vos sabots de bronze, et vous écraserez de nombreux peuples; vous vouerez exclusivement leurs biens à l'Eternel, et vous offrirez leurs richesses au Seigneur de toute la terre". Maintenant, rassemble tes troupes, ville de troupes! On nous assiège et l'on frappe au visage à coups de bâtons, le Chef d'Israël" (4:9-14).
Le prophète se fait ironique. Juda ressemble à un royaume sans roi ni conseiller. Personne n'est là pour le gouverner et lui donner de sages conseils. En fait, un monarque est assis sur le trône de Jérusalem, mais ce descendant de David, Yotham ou Ahaz, est un piètre roi et un homme indigne. La glorieuse citadelle solidement fondée par David se tord de douleurs comme une femme en couches (V.9). Et Michée se fait sarcastique: Pourquoi ces pleurs et ces douleurs, puisque le peuple a un roi et qu'il se fiait à lui? Mais le sarcasme devient reproche: "Voilà ce qui arrive quand on se fie aux hommes, au lieu de chercher refuge auprès de l'Eternel. Si vous aviez mis votre confiance en Dieu, vous ne seriez pas là maintenant à brailler!"
Tu iras jusqu'à Babylone:
Jérusalem est sans doute assiégée par l'armée assyrienne. Mais le vrai désastre n'est pas pour aujourd'hui ni pour demain. Dieu offre à la ville un sursis de plus de cent ans. Mais son tour viendra aussi. Les douleurs de l'enfantement persisteront et déboucheront non pas sur la vie, mais sur la mort. Juda devra partir en exil à Babylone. On notera au passage qu'à une époque où l'Assyrie était maître du monde et où personne ne parlait de Babylone, petite province annexée à l'empire fondé par les monarques de Ninive, le prophète annonce l'hégémonie future et les conquêtes militaires de ce pays qui secouera le joug assyrien et régnera sur le monde de l'époque. Michée vit à l'époque des Assyriens, mais Dieu le remplit du Saint-Esprit et lui fait franchir le temps et prédire l'hégémonie politique de Babylone, la déportation et le retour à Jérusalem.
Les plans de l'Eternel..., ses intentions:
Quand Juda partira en exil, les nations se moqueront de lui (V.11). Et du même coup de son Dieu! En effet, c'est ainsi qu'on raisonnait à l'époque: Si un peuple est vaincu par un autre, c'est que son dieu est inférieur au sien et n'a pas su le protéger. Mais c'était oublier que Dieu avait voulu le désastre de Jérusalem. Non, le dieu Marduk n'était pas plus fort que Yahvé, mais ce dernier a voulu châtier son peuple pour sa désobéissance. Dieu a un "plan" et des intentions que les hommes ne connaissent pas (V.12). Le monde ne connaît rien aux desseins du Seigneur aussi longtemps qu'il ne les lui révèle pas. Ils étaient déjà à l'époque "des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit" (1 Corinthiens 2:9.10).
Mais là tu seras délivrée, car l'Eternel te sauvera:
Enfin, le prophète annonce à son peuple, par-delà l'exil, le retour, la délivrance et la victoire sur ses ennemis (V.10). Il le compare à un boeuf aux "cornes d'acier" et aux "sabots de bronze" qui foulera les peuple et apportera leurs richesses au "Seigneur de toute la terre" (V.13). Cela ne s'est pas réalisé dans l'histoire politique et militaire d'Israël. Plus jamais le peuple de l'alliance n'a écrasé d'armées ennemies, vaincu et assujetti des nations. Et pourtant, ce que Dieu dit est toujours vrai et s'accomplit de la façon voulue par lui. Chaque fois que les prophètes d'Israël plongent leurs regards dans les temps messianiques, Jérusalem devient la préfiguration de l'Eglise chrétienne qui, elle, connaît bien des échecs, c'est vrai, mais marche de victoire en victoire et conquiert les peuples du monde entier en proclamant l'Evangile du salut. Des millions d'hommes et de femmes appartenant à tous les peuples du monde ont déjà fléchi les genoux devant l'Eternel, le Dieu de Jacob, et continueront de le faire jusqu'à la consommation des siècles.
Ville de troupes:
Traduction curieuse et inexplicable, de la part de la Bible du Semeur, d'un terme qui signifie "fille de troupes" (Segond). "Fille à soldats", sans doute. C'est que Jérusalem a été si souvent infidèle à son Dieu, s'est prostituée, vendue à d'autres, Non seulement à Baal, Moloc et Astarté et aux autres idoles païennes qu'elle vénérait, mais aussi aux hommes, aux souverains étrangers, aux nations à qui elle se fiait, cherchant le salut dans la diplomatie et les alliances politiques, au lieu d'aller le chercher auprès de son Dieu.
Question: L'Eglise ne ressemble-t-elle pas si souvent à Jérusalem? Elle qui est l'épouse que le Christ aime d'un amour éternel, et qu'il veut sainte, fidèle, sans taches ni rides ni compromissions d'aucune sorte, ne se prostitue-t-elle pas comme la Jérusalem antique aux philosophies, aux idéologies à la mode, aux morales et aux pratiques du monde, en pensant y trouver le salut, échapper à la débâcle et récolter la sympathie des hommes?
Questions de révision et exercices:
Le roi messianique dont le règne s'étendra sur toute la terre:
"Et toi, Bethléhem Ephrata, la plus petite des villes de Juda, de toi sortira pour moi celui qui régnera sur Israël! Son origine remonte aux temps passés, aux jours anciens. C'est pourquoi l'Eternel délaissera son peuple jusqu'au moment où celle qui doit enfanter enfantera et où le reste de ses frères rejoindra les Israélites. Lui, il sera bien établi, il paîtra son troupeau, revêtu de la force de l'Eternel, avec la majesté de l'Eternel, son Dieu. Et les gens de son peuple vivront dans la sécurité, car on reconnaîtra désormais sa grandeur jusqu'aux confins du monde. Et nous lui devrons notre paix" (5:1-4a).
Bethléhem Ephrata:
Le contraste avec le chapitre précédent est saisissant. La grande Jérusalem est maintenant en ruines, et Dieu choisira un petit village, Bethléhem, pour y faire naître le chef promis à Israël, le Fils de David dont le règne a été préfiguré par son glorieux ancêtre. Bethléhem, à 7 km au sud de Jérusalem et alors que cette dernière n'était elle-même qu'un bourg parmi d'autres détenu par la tribu des Jébusiens, était la patrie de David. Pour ne pas la confondre avec un autre Bethléhem, dans la tribu de Zabulon (Josué 19:15), on l'appelait Bethléhem Ephrata, du nom de la deuxième femme de Caleb (1 Chroniques 2:19; 1 Samuel 17:12; Ruth 1:2; 4:11).
Bethléhem était un village insignifiant, "la plus petite des villes de Juda", mais le siège de la dynastie de David. Matthieu 2:6, du reste, se permet de faire dire à Michée 5:1 le contraire. Il s'agit sans doute d'une interprétation. Bethléhem devant donner naissance au Messie, est la plus glorieuse des bourgades de la Judée. L'évangéliste a dû lire Michée 5:1 au travers de son accomplissement et, de la sorte, sublimer Bethléhem.
Aux temps passés, aux jours anciens:
Autres traductions: "à l'antiquité, aux jours d'autrefois" (TOB), "aux temps anciens, aux jours de l'éternité" (Segond). Le mot hébreu employé désigne normalement l'éternité (Segond: "jours de l'éternité"), mais peut désigner aussi une époque très reculée qui se perd dans la nuit des temps. Pourquoi ne pas lui laisser son sens premier, s'il est vrai que ce texte annonce la naissance du Christ qui est vrai Dieu, qui existait dès le commencement, d'éternité en éternité, et par qui toutes choses ont été faites (Jean 1:1-3)?
Celui qui régnera sur Israël :
C'est l'affirmation de la royauté du Messie. Il est le successeur de David et roi d'Israël, héritier de son trône. Un souverain dont le règne a été préfiguré par David et qui rend universel et éternel la domination que Dieu lui avait accordée. En effet, "on reconnaîtra sa grandeur jusqu'aux confins du monde" (V.3). Un souverain aussi dont le règne n'est pas de ce monde (Jean 18:36), qui domine sur un Israël spirituel, l'Eglise de la nouvelle alliance. Ce nouveau chef montant sur le trône de David n'est pas simplement un être humain. Il est aussi Dieu d'éternité en éternité.
Celle qui doit enfanter:
C'est certainement une allusion à la naissance miraculeuse du Messie, à la vierge d'Esaïe 7:14 qui devait donner naissance au Sauveur du monde. Jésus est "né d'une femme", dit l'apôtre Paul (Galates 4:4), de même que la première annonce de l'Evangile dans le paradis mentionnait la postérité de la femme (Genèse 3:15), ce qui est une façon de s'exprimer tout à fait inhabituelle en milieu oriental où un enfant est régulièrement présenté et identifié comme le fils de son père. Mais Jésus n'a pas de père parmi les hommes.
Nous lui devrons notre paix:
Le plus grand trésor que le Messie offrira aux siens sera la paix. Il en paiera le prix, quand il mourra sur la croix pour réconcilier les hommes avec Dieu. Il est le Prince de la paix d'Esaïe 9:5, celui qui donne la paix céleste que le monde ne peut pas donner (Jean 14:27). Cf. Luc 2:14; 24:36; Jean 20:19.21.26; Romains 5:1; 15:33; Galates 6:16, etc.
On notera une fois de plus le thème du berger, si cher à la Bible. Le Messie exercera son ministère "revêtu de la force de l'Eternel, avec la majesté de l'Eternel, son Dieu". Il est en effet l'Envoyé du Père, celui que Dieu a oint du Saint-Esprit sans mesure et qu'il a, au terme de sa mission sur terre, assis à sa droite, faisant de lui son fondé de pouvoir et mettant toutes choses sous ses pieds (Psaume 8:7; 1 Corinthiens 15:25.27; Ephésiens 1:22; Hébreux 2:8).
L'histoire du monde, d'Israël et des nations n'est pas anarchie. Tout est prévu par Dieu et doit contribuer à l'accomplissement de ses promesses, à la réalisation de son plan de salut. C'est ce qui permet à Michée de parler de façon sereine des souffrances que connaît et que connaîtra encore Israël (V.2). Il entremêle l'annonce d'épreuves futures et la proclamation de la grâce et de la paix qu'apportera le Christ. Le peuple était aveugle et sourd dans l'opulence. Aussi l'épreuve doit-elle l'humilier. Le Messie a plus de chances d'être reconnu et accepté par un peuple humilié que par une nation nageant dans l'idolâtrie et l'argent. Il faut souvent que Dieu abandonne les siens pour qu'ils le cherchent, qu'il se taise pour qu'ils lui parlent.
Triomphe de tous les rescapés sous la bannière de ce roi:
"Ainsi, au cas où l'Assyrien entrerait dans notre pays, où son pied foulerait le sol de nos palais, nous aurons à lui opposer suffisamment de dirigeants, de chefs et même davantage. Ces chefs domineront Assur avec le glaive, le pays de Nimrod sera soumis à leur épée. Et lui, il nous délivrera ainsi de l'Assyrien au cas où celui-ci entrerait dans notre pays, où il mettrait le pied sur notre territoire. Le reste de Jacob sera, parmi de nombreux peuples, semblable à la rosée qui vient de l'Eternel, ou aux averses tombant sur l'herbe: elles n'attendent rien de l'homme et n'espèrent rien des humains. Le reste de Jacob sera, au milieu des nations, parmi de nombreux peuples, semblable à un lion parmi les animaux des bois ou à un lionceau parmi des troupeaux de brebis, car, lorsqu'il passe, il foule aux pieds et il déchire sans que personne ne puisse délivrer. Ainsi ta main se lèvera contre tes adversaires, et tous tes ennemis seront exterminés. En ce jour-là, l'Eternel le déclare, je ferai disparaître tous les chevaux de guerre de ton pays et j'anéantirai tes chars. Je ferai disparaître les cités fortifiées de ton pays, et je renverserai toutes tes forteresses. Je ferai disparaître de chez ton peuple tout acte de sorcellerie et tu n'auras plus de devins. Je ferai disparaître du milieu de ton peuple tes idoles sculptées et tes statues taillées, et tu cesseras de te prosterner devant les dieux que tu t'es fabriqués. J'arracherai de chez ton peuple tous les poteaux sacrés, je détruirai tes villes. Dans ma colère et ma fureur, je ferai payer toutes les nations qui ne m'auront pas obéi" (5:4b-14).
Suffisamment de dirigeants, de chefs et même davantage:
Littéralement: "sept dirigeants et huit chefs", expression qui signifie un nombre suffisant pour la tâche prévue.
Nimrod:
Cet homme passe dans la Bible pour le fondateur de l'Assyrie (Genèse 10:8-11).
Les V.4b.5 sont sans doute le refrain de faux prophètes dans Juda ou un cantique qu'entonnaient les Juifs pour se rassurer. Ils disaient ne pas craindre l'Assyrien. Leurs rois ne valent par grand-chose et n'inspirent pas confiance? Qu'importe. On fera un putsch: des généraux et des colonels feront un coup d'Etat et donneront au peuple la victoire contre l'Assyrien. Dieu n'agit-il pas, et Israël n'est-il pas son peuple à qui il a fait de grandioses promesses? Ainsi Israël voulait donner à Dieu son état-major d'officiers pour précipiter les délivrances divines, lui donner un coup de main ou un coup de pouce. C'était oublier que l'état-major de Dieu allait naître dans une mangeoire à Bethléhem et agoniser sur une croix, que Yahvé avait choisi son chef, un chef différent de ceux dont Israël avait toujours rêvé, le Messie. Il n'y a de délivrance divine que dans le chef choisi par Dieu lui-même.
Le Messie se fera un nouveau peuple, semblable à la "rosée qui vient de l'Eternel", aux averses qui "n'attendent rien de l'homme et n'espèrent rien des humains" (V.6). Il sera une source de rafraîchissement et de bénédiction pour de nombreux peuples. Mais il sera aussi fort comme un lion.
Les versets qui suivent (V.9-14) sont un des passages les plus durs de Michée et de tout l'Ancien Testament. Avant que le Messie arrive, Dieu va lessiver son peuple, procéder chez lui à un nettoyage à fond. Il détruira les chars avec lesquels Israël se faisait fort de chasser les divisions motorisées de l'Assyrien. Ensuite, il rasera ses villes fortifiées, derrière les remparts desquelles le peuple se croyait mieux protégé que par le Seigneur et qui étaient déjà à l'époque les citadelles de toutes les pollutions morales et de l'injustice sociale. Il détruira les fausses religions (V.11-13) et anéantira en particulier les devins, tous ceux qui en révélant l'avenir, veulent s'en rendre maîtres, alors que Dieu seul est maître de l'histoire. Mais l'homme ne veut pas seulement maîtriser son avenir. Il veut aussi se rendre maître de Dieu ou des dieux en se faisant des images taillées devant lesquelles ils se prosterne et dont il veut acheter les faveurs en pratiquant un certain nombre de rites. Cf. l'ironie redoutable avec laquelle Esaïe décrit l'idolâtrie (Esaïe 44:1-20).
Questions de révision et exercices: