PETITE DOGMATIQUE LUTHERIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LA DOCTRINE DU SALUT:
1. LA PREDESTINATION
"Un chrétien ne doit s'intéresser à l'article de l'éternelle élection divine que dans
la mesure où celle-ci est révélée dans la Parole de Dieu, laquelle nous
présente le Christ comme le livre de vie que la prédication de l'Evangile
descelle et nous ouvre, comme il est écrit: "Ceux qu'il a élus, il les a aussi
appelés" (Romains 8:30). C'est donc en Christ que nous devons chercher
l'éternelle élection du Père qui, dans son conseil divin éternel, a résolu de ne
sauver personne en dehors de ceux qui confessent son Fils, le Christ, et qui
croient vraiment en lui. Il faut écarter les autres pensées, qui ne viennent pas
de Dieu, mais sont inspirées par l'Ennemi qui s'efforce par là d'affaiblir ou
même de ruiner la glorieuse assurance que nous donne cette salutaire
doctrine. Grâce à elle, nous savons que nous sommes élus en Christ, par pure
grâce et sans aucun mérite de notre part, pour la vie éternelle et que personne
ne peut nous ravir de sa main... Nous devons nous en souvenir dans nos plus
grandes tentations et y puiser une assurance qui nous rendra capables
d'éteindre les traits enflammés du Malin" (Formule de Concorde, Epitome,
Article XI, 13).
La doctrine de la prédestination ou de l'élection est sans doute la plus mystérieuse et la plus difficile de toute la Bible. On l'appelle traditionnellement la croix des théologiens. Beaucoup d'entre eux ont voulu spéculer sur des questions auxquelles l'Ecriture Sainte ne répond pas et ont, à cause de cela, sombré dans des erreurs parfois très graves.
Encore une fois, la révélation de Dieu est partielle. Il nous a dit ce que nous devions savoir pour être des chrétiens heureux, confiants et vigilants et pour parvenir au salut. Ni plus ni moins. Il est une question notamment à laquelle la Bible ne répond pas: Pourquoi, s'il est vrai que le salut est un don gratuit de Dieu, tous les hommes ne sont-ils pas sauvés? Pourquoi les uns et pas les autres, si la grâce est la même pour tous? La doctrine de la prédestination n'a pas pour mission de résoudre cette énigme qui en reste une pour l'homme aussi longtemps qu'il est sur la terre. Par contre, elle est chargée de consoler, de réconforter, de réjouir les croyants et de leur donner l'espérance de la victoire finale et de la vie éternelle. C'est la seule raison pour laquelle Dieu l'a révélée dans la Bible.
L'enseignement de la Bible:
La doctrine de l'élection est présentée dans un certain nombre de textes dont voici les plus importants:
"Dieu nous a sauvés et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos oeuvres, mais selon son propre dessein et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels et qui a été manifestée maintenant par l'apparition de notre Seigneur Jésus-Christ" (2 Timothée 1:9). Dans ce texte, l'apôtre affirme que c'est conformément à son dessein et à une grâce qui nous était destinée de toute éternité que nous avons été appelés au salut, et cela sans aucun mérite de notre part. En d'autres termes, si Dieu nous a appelés à croire en Jésus-Christ pour nous sauver un jour, c'est parce qu'il l'a voulu et qu'il avait de toute éternité décidé de le faire.
"Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement des actions de grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité. C'est à quoi il vous a appelés par notre Evangile, pour que vous possédiez la gloire de notre Seigneur" (2 Thessaloniciens 2:13.14). Le choix divin s'est donc fait dès le commencement, c'est-à-dire dans l'éternité. C'est par la sanctification au sens large du terme, c'est-à-dire par tout ce que le Saint-Esprit accomplit en nous et notamment par la foi que Dieu nous conduit là où il a décidé de nous conduire, dans la gloire céleste.
"Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, comme il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté... En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d'avance avons espéré en Christ" (Ephésiens 1:3-5.11.12). Il serait intéressant de lire tout le texte d'Ephésiens 1:3-14, une des plus belles pages de la Bible. Une fois de plus, l'apôtre, qui ne cherche qu'une chose, à réjouir le coeur de ses lecteurs croyants, leur rappelle qu'ils sont ce qu'ils sont, des pécheurs rachetés et pardonnés, en marche vers la vie éternelle, parce que Dieu a voulu qu'ils soient cela. Il en a pris la décision de toute éternité, mu par sa seule volonté, et la réalise dans le temps en les appelant à la foi en Christ. Grâce à cette élection, ils sont "scellés du Saint-Esprit... lequel est un gage de notre héritage" (V.14). Et tout cela pour que toute gloire soit rendue à Dieu!
"Nous savons... que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né d'entre plusieurs frères. Et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés" (Romains 8:28-30). Les appelés sont des prédestinés au salut. Si Dieu les appelle dans le temps, les invite à croire en Christ et à trouver en lui le pardon et la justice, si on peut dire dès maintenant qu'ils sont glorifiés en espérance, c'est parce que Dieu les a prédestinés à cela. Il n'improvise pas, n'agit pas au hasard, mais accomplit un dessein, mène à bien une décision qu'il a prise dans l'éternité. Ce sont là les textes de la Bible les plus importants concernant la prédestination. Cf. encore Matthieu 22:14; 24:22.24; Romains 9:11.23; 11:5.7; 1 Pierre 1:2.
Petite synthèse:
Résumons tout cela dans les affirmations suivantes:
L'élection ou prédestination est une décision que Dieu a prise dans l'éternité, avant de créer le monde.
Elle a pour fondement la grâce de Dieu en Jésus-Christ: c'est en lui que nous sommes élus et c'est par la foi en son nom que nous parviendrons au salut.
La prédestination consiste en ce que de toute éternité Dieu a décidé de sauver des hommes en les appelant à la foi en Christ, en leur accordant le pardon des péchés et la grâce de la persévérance. Le chrétien est donc invité à croire qu'en l'appelant à la foi, Dieu réalise un plan éternel et qu'il saura le mener à bien.
Tous les hommes ne sont pas élus. "Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14). Et cependant Dieu veut le salut de tous les hommes: "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1 Timothée 2:4). Il ne veut pas "qu'aucun périsse, mais que tous arrivent à la repentance" (2 Pierre 3:9). S'il est vrai que tous ne sont pas élus, il est faux de dire que certains ont été prédestinés à la damnation.
Les élus seront sauvés à coup sûr, puisque Dieu a décidé de toute éternité de leur donner la vie éternelle: "Il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes, ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus" (Matthieu 24:24). Mais justement, ce n'est pas possible. Nul ne peut arracher ses brebis de la main de Jésus ni de celle de son Père (Jean 10:28.29). Il n'en est pas moins vrai qu'il y a des croyants qui déchoient de la foi. Certains parmi eux s'en repentent et reviennent à Jésus-Christ, tandis que les autres périssent dans leur incrédulité. C'est un mystère insondable.
C'est une vérité divinement révélée que si un homme est sauvé, il l'est par la grâce de Dieu et ne le mérite en rien, et que celui qui périt périt par sa propre faute, sans que Dieu l'ait voulu.
Encore une fois, la Bible ne nous dit pas pourquoi tous ne sont pas sauvés. Certains ont voulu le lui faire dire, mais ils ont chaque fois sombré dans une fausse doctrine. Calvin disait que si tous ne sont pas sauvés, c'est parce que Dieu ne veut pas les sauver tous, que certains sont prédestinés au salut et d'autres à la damnation. C'est une doctrine terrible qui fait, en dernière analyse, de Dieu l'auteur de la chute.
Ceux qu'on appelle les synergistes ou arminiens affirment le contraire: Dieu voudrait sauver tous les hommes, mais tous ne le seront pas, parce qu'ils ne font pas ce qu'il faut pour cela. Sachant cela, il n'a élu pour le salut que ceux dont il savait à l'avance qu'ils croiraient et persévéreraient dans la foi. C'est une erreur dont la conséquence logique est que, si je suis élu, c'est parce que Dieu savait de toute éternité que je ferais le nécessaire pour croire et persévérer dans la foi. Dans ce cas, mon élection et donc mon salut final reposent sur mes bonnes dispositions et ne sont plus des gratuités du Seigneur.
Il faut renoncer à toute spéculation, s'en tenir fermement et exclusivement à ce que Dieu a révélé dans l'Ecriture Sainte et comprendre que cette doctrine si mystérieuse veut procurer aux croyants l'assurance de la vie éternelle, en les gardant humbles et confiants.
Questions de révision et exercices:
2. LA DOCTRINE DU SAINT-ESPRIT
Le Saint-Esprit, on l'a vu en étudiant la doctrine de Dieu, est la troisième personne de la sainte Trinité, de la même essence divine que le Père et le Fils. Dans le présent chapitre, il sera question non pas de sa personne, mais de son oeuvre, de la mission qui est la sienne et qui consiste à appliquer aux hommes le salut acquis par le Christ.
L'oeuvre du Saint-Esprit:
Le Saint-Esprit a participé à la création du monde. Il se mouvait au-dessus des eaux (littéralement: il "couvait les eaux"), dit le texte de la Bible (Genèse 1:2). Le psalmiste proclame que "les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel et toute leur armée par le souffle de sa bouche" (Psaume 33:6), tandis que Job confesse: "L'Esprit de Dieu m'a créé et le souffle du Tout-Puissant m'anime" (Job 33:4). Cf. encore Psaume 104:29.30.
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la part du Saint-Esprit dans l'oeuvre du salut. Dieu le Père a mis en place un plan de salut et prédestiné des hommes à la vie éternelle. Le Fils a, en son temps, exécuté ce plan en rachetant les hommes. Que fait le Saint-Esprit? Eh bien, il ne manque pas de travail. Il a de quoi faire, car c'est à lui que revient la tâche d'appeler le pécheur au salut, de le convertir, de lui appliquer le pardon, de le sanctifier et préserver dans la foi jusqu'à la fin, jusqu'au moment de la victoire finale.
Bien qu'il soit la troisième personne de la Trinité, la Bible le présente comme un don qui est fait aux croyants: "Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11:13; Actes 2:38; 8:20). Il est aussi une puissance: "Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous" (Actes 1:8). Jésus l'appelle le Consolateur qui rend témoignage (Jean 14:16.26; 15:26; 16:1; Actes 5:32; Romains 8:16; 1 Jean 5:6).
Le Saint-Esprit a toujours été à l'action dans le monde, y compris sous l'ancienne alliance. La Bible dit qu'il venait sur certains hommes (Juges 14:6; 15:14 ss.), qu'il entrait en eux (Ezéchiel 2:2; 3:24) ou était en eux (Genèse 41:38; Nombres 27:18; Daniel 5:11.12.14; 6:4). D'ailleurs partout où il y a foi, le Saint-Esprit agit. Il est donc faux de dire qu'il est venu pour la première fois au moment de la Pentecôte, et cela bien que l'évangéliste dise: "L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié" (Jean 7:39). Jésus lui-même communiqua le Saint-Esprit aux disciples en soufflant sur eux (Jean 20:22). En disant qu'il n'avait pas encore été donné, saint Jean songeait à son effusion particulière, visible, "charismatique" le jour de la Pentecôte, qui permit aux apôtres de parler en langues. Cette effusion-là, prédite par les prophètes Jérémie, Ezéchiel et Joël, "inaugure les derniers jours", comme le dit l'apôtre (Actes 2:17). Elle devait jeter les bases de l'Eglise chrétienne. Le Saint-Esprit ne sera plus donné en quelque sorte au compte-gouttes, mais offert à tous. Tous connaîtront le Seigneur dans la nouvelle alliance (Jérémie 31:34) et seront enseignés de Dieu (Esaïe 54:13).
Les dons de l'Esprit:
Le Saint-Esprit apporte à ceux qui le reçoivent dans leur coeur et l'y laissent agir des dons multiples. Il y a tout d'abord les dons communs dont tous les croyants ont besoin pour vivre dans la foi, servir Dieu et parvenir au salut. Il s'agit notamment de la connaissance, de la sagesse, de l'obéissance, de la persévérance, du discernement, de la patience, de l'amour et, d'une façon générale, de tous les fruits de la foi. Les chrétiens possèdent ces dons à des degrés divers.
Mais il y a aussi les dons extraordinaires ou miraculeux. Ce sont des charismes particuliers tels que le don de guérison par imposition des mains, le parler en langues, le don d'interprétation et le don de prophétie (1 Corinthiens 12:8-2). Ces charismes sont des "signes" (Marc 16:17; 1 Corinthiens 14:22). Jésus avait fait des miracles pour s'accréditer comme le Messie promis. De la même façon il a été donné à l'Eglise, notamment au début de son histoire, d'accomplir des choses étonnantes et miraculeuses pour attester que le message qu'elle annonce lui vient de Dieu. Ces signes sont en quelque sorte les lettres de créance de ceux qui les accomplissaient.
Le Seigneur accorde ces dons où, quand et à qui il veut. Il est évident qu'il peut le faire aujourd'hui encore, s'il en a décidé ainsi. Cela dit, ces charismes ne sont pas indispensables au salut, tandis que la foi, l'amour, la patience ou la persévérance le sont. Il ne faut pas leur attribuer plus de valeur qu'ils n'en ont. Il ne faut surtout pas, à l'exemple des Pentecôtistes, en faire la preuve visible d'un "baptême dans l'Esprit" par lequel tous les chrétiens devraient passer. Enfin, la prudence s'impose. Ces prodiges ne viennent pas nécessairement de Dieu; on les rencontre aussi dans d'autres religions. Pour plus de détails sur cette question, on pourra consulter un ouvrage spécialisé.
Questions de révision et exercices:
2. LA VOCATION
Dieu appelle les hommes au salut. Il les invite à se repentir de leurs péchés et à accepter d'un coeur croyant le pardon et le salut que Jésus-Christ a acquis sur la croix et qui sont offerts dans l'Evangile. Il est réconcilié avec le monde, mais le salut qui est là, disponible pour tous, demande à être approprié par la foi. Il faut que l'homme tende la main et se le laisse donner. Pour cela, il faut qu'il soit appelé, invité. Voilà pourquoi Dieu avait envoyé des prophètes, puis son Fils qui passa l'essentiel de son temps à prêcher l'Evangile, et enfin les apôtres.
Dieu ne cesse d'appeler les hommes, car il veut leur salut: "Les noces sont prêtes, mais les conviés n'étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez" (Matthieu 22:8.9). "Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14). Et Jésus pleura sur Jérusalem en disant: "Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu" (Matthieu 23:37).
Quand la Bible dit que tous les hommes ou que beaucoup d'hommes sont appelés, elle songe à cette invitation qui s'adresse à tous. On appelle cela la vocation extérieure. Quand, par contre, elle dit des croyants qu'ils sont des appelés, elle applique le mot à des gens qui n'ont pas seulement été appelés extérieurement, qui n'ont pas seulement entendu l'Evangile, mais qui l'ont reçu avec foi, qui ont été convertis. On parle alors de vocation intérieure. C'est dans ce deuxième sens que l'apôtre Paul utilise le terme. Il écrit par exemple aux chrétiens de Rome: "Vous avez été appelés par Jésus-Christ..., tous ceux qui à Rome sont bien-aimés de Dieu, appelés à être saints" (Romains 1:6.7). "Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein" (Romains 8:28). "Dieu est fidèle, qui vous a appelés à la communion de son Fils... Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés, il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles" (1 Corinthiens 1:9.26).
La vocation est l'oeuvre commune aux trois personnes de la Trinité. Le Père appelle (1 Corinthiens 1:9; 2 Timothée 1:9; 1 Pierre 5:10), le Fils appelle (Matthieu 11:28; Luc 5:32; Romains 1:6) et le Saint-Esprit appelle, puisqu'il rend témoignage au Christ et à la vérité (Jean 15:26; Actes 5:31).
L'Eglise luthérienne insiste beaucoup sur le fait que l'appel au salut a lieu dans l'Evangile. C'est là et là seulement que Dieu dit aux hommes qu'il veut les sauver par la foi en Christ. La dernière parole du Christ à ses apôtres fut celle-ci: "Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:15.16). "Il vous a appelés par notre Evangile, pour que nous possédions la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ" (2 Thessaloniciens 2:14). Pierre dit à tous ceux qui avaient entendu sa prédication: "Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit" (Actes 2:38). Puis il est dit: "Ceux qui reçurent de bon coeur sa parole furent baptisés et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d'environ trois mille âmes" (Actes 2:41). Tout homme doit donc entendre l'Evangile pour être sauvé. Ce n'est pas dans les prières ou les exercices de piété qu'on découvre et trouve le salut, mais dans les promesses de l'Evangile. Voilà pourquoi il est indispensable qu'il soit prêché au monde et que l'Eglise fasse de la mission.
Qui est appelé? Quand Jésus dit: "Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14), il ne veut pas dire que tous ne sont pas appelés au salut, que certains hommes en sont exclus, mais que le nombre des appelés est beaucoup plus grand que celui des élus. L'ordre: "Allez, faites de toutes les nations des disciples" (Matthieu 28:19) montre que l'appel divin est universel. C'est ce qui ressort aussi très clairement de la parabole des noces: "Appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives" (Matthieu 22:19.20). Dieu "annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir", dit l'apôtre Paul aux païens d'Athènes (Actes 17:30).
Dieu veut vraiment sauver tous les hommes. Il veut que "tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1 Timothée 2:4). Il ne veut pas "qu'aucun périsse, mais que tous arrivent à la repentance" (2 Pierre 3:9). Aussi Jésus eut-il le coeur déchiré de constater que Jérusalem rejetait son Evangile. Il pleura sur la ville qui ne voulait pas se repentir et croire (Matthieu 23:37). Etienne fit de même, le jour de son procès (Actes 7:51).
Alors il reste une question à laquelle nous ne répondrons pas, parce que nous ne sommes pas en mesure de le faire: Pourquoi, si Dieu veut le salut de tous et y invite tous ceux qui entendent son Evangile, tous ne sont-ils pas sauvés? Des théologiens ont répondu qu'en fait, Dieu ne voulait pas sauver tous les hommes, mais que certains étaient prédestinés à la condamnation éternelle (cf. la doctrine de la prédestination). D'autres affirment que si tous ne sont pas sauvés, c'est parce qu'ils ne font pas le nécessaire pour cela. Du fait que l'homme peut résister à la grâce ils concluent qu'il peut aussi se préparer à elle et participer de façon active à sa conversion. Cela paraît logique, mais ce n'est pas biblique. L'homme peut tout faire pour sa perdition, et rien pour son salut. S'il est converti, il le doit à Dieu seul. Le mystère demeure donc.
Questions de révision et exercices:
3. LA CONVERSION
"L'homme a été si profondément corrompu par la chute de nos premiers
parents que, sous le rapport des choses spirituelles, relatives à la conversion
et au salut, il est aveugle par nature et ne peut comprendre la Parole de Dieu
quand elle est prêchée... Il est et reste ennemi de Dieu jusqu'à ce qu'il soit
converti, rendu croyant, régénéré et renouvelé par la vertu du Saint-Esprit, au
moyen de la Parole prêchée et écoutée, par pure grâce et sans aucune
coopération de sa part... Dans la nature de l'homme, après la chute et avant
la régénération, il ne subsiste pas même une étincelle des forces spirituelles
grâce auxquelles il pourrait se préparer à recevoir la grâce de Dieu ou la saisir
quand elle est offerte, ou être, de lui-même et par lui-même, apte à la recevoir
et s'y disposer, ou contribuer à sa conversion soit en agissant spontanément
et en opérant quelque chose en totalité, soit en y coopérant pour une moitié ou
pour une part même minime" (Formule de Concorde, Solida Declaratio, Article
II, 5.7).
Qu'est-ce que la conversion?
La conversion est l'acte par lequel le pécheur revient à Dieu. Il est délivré de son aveuglement spirituel, reconnaît et confesse ses fautes et accepte d'un coeur croyant le pardon que le Christ lui offre dans l'Evangile. Il devient ainsi enfant de Dieu et héritier de la vie éternelle. "Reviens, infidèle Israël... Revenez, enfants rebelles" disait Dieu à son peuple (Jérémie 3:12.14). Quand les apôtres prêchèrent à Antioche, "un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur, leur Dieu" (Actes 11:21). "Repentez-vous et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés", dit Pierre à ses compatriotes (Actes 3:19).
Se convertir signifie littéralement faire demi-tour, se détourner des idoles ou du péché pour se tourner vers Dieu: "Nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant" (Actes 14:15). La description la plus complète de la conversion proposée par la Bible est sans doute celle-ci: "Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent par la foi en moi le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés" (Actes 26:18). Cf. encore Matthieu 21:32; Luc 1:16; 22:32; Actes 9:35; 15:3.19; 1 Thessaloniciens 1:9; 1 Pierre 2:25.
Se convertir signifie faire demi-tour, changer de direction, revenir là où on aurait toujours dû rester, auprès de Dieu, en communion avec lui. Quand un homme se convertit à Dieu, tout change dans sa vie. Il n'adore plus d'idoles, ne vit plus dans les péchés des païens, se détourne du mal, met sa confiance en Dieu, marche dans la crainte du Seigneur. Tout cela présuppose un changement intérieur radical. Quelque chose a fondamentalement changé dans son coeur. Intérieurement il s'est détourné du mal qu'il a en horreur, et n'a plus qu'un désir: servir Dieu. Ce changement intérieur qui prélude à la conversion s'appelle la repentance. On comprend pourquoi Jean-Baptiste, puis le Christ, et enfin les apôtres ne cessèrent d'appeler à la repentance (Matthieu 3:11; Marc 1:4; Matthieu 4:17; 11:20 ss.; 18:3; Marc 1:15; Luc 13:3.5). Sans elle, il n'y a pas de conversion. Rien ne change dans la vie d'un homme, si rien n'a changé dans son coeur. Dans la 1° de ses 95 thèses sur les indulgences, Luther dit que la repentance est un acte de tous les jours. Tous les jours, en effet, le croyant reconnaît ses péchés, se tourne vers Dieu, les lui confesse et s'efforce de marcher devant sa face dans la foi, l'amour et l'obéissance.
La Bible compare la conversion à une nouvelle naissance. C'est ce qu'on appelle la régénération. Chaque fois qu'un homme se convertit à Dieu, il naît de nouveau. Le changement qui s'opère en lui est si radical qu'on peut dire qu'il est devenu un nouvel homme. "Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu" (Jean 3:3). "Vous avez été régénérés non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23). Cf. encore Jean 1:12.13; Tite 3:5-7; 1 Jean 3:9.
Autre image, dont le sens est rigoureusement le même: la conversion est une résurrection spirituelle. Quand un pécheur se convertit, un homme ressuscite pour une vie nouvelle. "Dieu qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ. C'est par grâce que vous êtes sauvés. Il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus-Christ" (Ephésiens 2:4). Par le baptême nous sommes "ressuscités en lui et avec lui" pour une vie nouvelle (Colossiens 2:12.13).
La conversion est aussi une illumination. Les ténèbres de l'ignorance cèdent la place à la lumière du salut. L'apôtre compare la conversion au jaillissement de la lumière dans la création du monde, quand il écrit: "Dieu qui a dit: La lumière brillera du sein des ténèbres! a fait briller la lumière dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ" (2 Corinthiens 4:6). Il demande à Dieu d'illuminer le coeur de ses lecteurs (Ephésiens 1:18), lui que Dieu a choisi pour ouvrir les yeux des païens et les faire passer des ténèbres à la lumière (Actes 26:18).
Comment a lieu la conversion?
Dieu convertit l'homme, parce qu'il est "riche en miséricorde", "à cause du grand amour" dont il l'aime (Ephésiens 2:4). Saul le blasphémateur et le persécuteur de l'Eglise a été converti parce que Dieu lui a fait "miséricorde" (1 Timothée 1:13.14.16) et "grâce" (Galates 1:15).
L'appel au salut et la conversion sont ainsi des effets de la grâce divine. Le Seigneur convertit les hommes, parce qu'il n'accepte pas l'idée qu'ils périssent éternellement. L'homme ne peut revenir au Seigneur que si le Seigneur le fait revenir à lui: "Fais-nous revenir vers toi, ô Eternel, et nous reviendrons" (Lamentations 5:21). La conversion est donc l'oeuvre de Dieu, un don de sa grâce. C'est ce qu'affirment toutes les images employées pour la décrire (nouvelle naissance, résurrection spirituelle, illumination). On appelle cela le monergisme divin. Dieu agit seul quand il fait venir les hommes à lui et naître la foi dans leurs coeurs. L'homme ne peut pas coopérer à sa conversion. Croire en Christ, c'est tendre la main. Même cela, il ne peut le faire de lui-même. Il faut que Dieu la lui fasse tendre, sinon il ne la tendra jamais.
Pour convertir les hommes, Dieu se sert d'un moyen ou d'un instrument, l'Evangile dans la Parole et les sacrements. "La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ", dit l'Ecriture (Romains 10:17). Nous avons été régénérés "non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23; Jacques 1:18). L'Evangile est une semence de vie: il fait jaillir la vie là où il n'y avait que mort spirituelle. La Bible a encore une autre façon, fort belle, de dire la même chose. Elle dit de Lydie, la marchande de pourpre: "Le Seigneur lui ouvrit le coeur, pour qu'elle soit attentive à ce que Paul disait" (Actes 16:14).
L'Evangile est moyen de salut, moyen par lequel Dieu offre le salut et donne aux hommes la grâce de le recevoir avec foi. C'est vrai de l'Evangile prêché, mais aussi de l'Evangile rendu visible dans les sacrements. Eux aussi sont des moyens par lesquels il offre le salut et fortifie dans la foi. C'est pourquoi le baptême, par exemple, est appelé "bain de la régénération" (Tite 3:5).
Quelques précisions:
La conversion est instantanée comme l'est une naissance ou une résurrection. Il faut parfois de longues années pour la préparer, mais le moment venu, elle se produit en un instant.
Tout en affirmant clairement que Dieu est l'auteur de la conversion, la Bible invite et appelle l'homme à se convertir, ce qui fait dire au prophète: "Fais-moi revenir, et je reviendrai, car tu es l'Eternel, mon Dieu" (Jérémie 33:18). "Fais-nous revenir vers toi, ô Eternel, et nous reviendrons" (Lamentations 5:21). Ce sont deux façons différentes et complémentaires de parler de la conversion. L'une souligne qu'elle est l'oeuvre de Dieu et l'autre rappelle qu'elle est une affaire qui engage l'homme personnellement.
La conversion est quelque chose d'instantané, mais en même temps de continu. C'est tous les jours que le chrétien se tourne, c'est-à-dire se convertit à Dieu. On appelle cela la conversion au sens large.
Enfin, la conversion peut se renouveler. Un homme régénéré par le Saint-Esprit peut à nouveau se détourner de Dieu, sombrer dans le péché et déchoir de la grâce. Mais il peut aussi, du moins tant qu'il n'est pas endurci, s'en repentir et revenir à Dieu. Il y a des gens qui "croient pour un certain temps et succombent au moment de la tentation", dit la parabole du semeur (Luc 8:13). Il y en a qui font "naufrage par rapport à la foi" (1 Timothée 1:19). Les prophètes n'ont fait qu'appeler à la repentance un peuple qui se détournait toujours de son Dieu (Ezéchiel 18:31.32; 31:11). Celui qui est "tombé" est appelé à se repentir (Apocalypse 2:5.16.21.22). Cependant il est impératif de rappeler qu'on ne joue pas avec la grâce. Personne n'a la certitude qu'il pourra se repentir après avoir renié son Dieu. A force de fermer son coeur à l'Evangile, on l'endurcit au point qu'une conversion peut devenir impossible. C'est ce qu'enseignent des textes comme Hébreux 6:4-8; 10:26.27. La grâce de Dieu est trop belle et trop précieuse pour qu'on puisse la mépriser impunément.
Questions de révision et exercices:
4. LA JUSTIFICATION
"Nous enseignons ensuite que nous ne pouvons obtenir la rémission des
péchés et la justice devant Dieu par notre mérite, nos oeuvres et nos
satisfactions, mais que nous recevons la rémission des péchés et devenons
justes devant Dieu par grâce, à cause du Christ et par la foi, si nous croyons
que le Christ a souffert pour nous et que, grâce à lui, le pardon des péchés, la
justice et la vie éternelle nous sont donnés. Car cette foi là, Dieu veut nous
l'imputer à justice devant lui, comme saint Paul le dit aux Romains, chapitres
3 et 4" (Confession d'Augsbourg, Article IV).
L'enseignement de la Bible:
La doctrine de la justification est enseignée dans la Bible avec une telle clarté qu'on se demande comment l'Eglise a fait pour s'en détourner aussi vite et à tel point. Sans doute Satan connaissait-il l'enjeu et voulait-il ravir au peuple de Dieu le fondement de son salut.
Voici les textes les plus importants qui proviennent tous des épîtres de l'apôtre Paul: "Je n'ai point honte de l'Evangile: c'est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit: Le juste vivra par la foi" (Romains 1:16.17). Longtemps Luther avait cru que la justice dont parle ce texte était celle par laquelle Dieu est juste en lui-même et exige le châtiment du coupable, jusqu'au jour où il comprit que la justice révélée dans l'Evangile est totalement différente de celle manifestée dans la Loi, qu'il s'agit de la justice que Dieu offre en Christ au pécheur repentant et croyant, de la justice du Christ dont il le recouvre dans sa grâce.
"Maintenant, sans la Loi est manifestée la justice de Dieu à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n'y a point de distinction, car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C'est lui que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang" (Romains 3:21-24). La justification est un acte de la grâce divine en faveur d'hommes pécheurs qui ne peuvent rien faire pour leur salut. Le salut leur est offert en Jésus-Christ qui a racheté le monde par son sang, et ils l'obtiennent par la foi en son nom.
"Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. Or à celui qui fait une oeuvre, le salaire est imputé non comme une grâce, mais comme une chose due. Mais à celui qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice... Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées et dont les péchés sont couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché" (Romains 4:3-5.7.8). L'apôtre Paul cite deux textes de l'Ancien Testament concernant Abraham et David et montre, à l'aide de ces textes, que la justification est la non-imputation au croyant de ses péchés ou, ce qui revient au même, l'imputation de la justice du Christ. Et cela sans mérite.
"Sachant que ce n'est pas par les oeuvres de la Loi que l'homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ et non par les oeuvres de la Loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la Loi" (Galates 2:16). Ce texte oppose la foi aux oeuvres et affirme très clairement que la justification a lieu seulement par la foi en Christ. On pourra lire encore les passages suivants: Romains 5:1.2.9; Galates 3:8.11.24; Ephésiens 2:8.9; Philippiens 3:8.9; Tite 3:5-7.
Faisons quelques constatations. Il ressort de ces textes que la justification est un effet de la grâce divine. Cette grâce est le sentiment qu'inspire à Dieu la situation dans laquelle se trouve le pécheur, la miséricorde qui le pousse à venir à son secours. C'est elle qui l'incite à agir. Il ne nous justifie donc pas parce que nous en serions dignes ou que quelque chose en nous l'y inciterait, mais parce qu'il ne peut pas se résigner à ce que nous soyons condamnés. L'apôtre prend bien soin de préciser: "Si c'est par grâce, ce n'est plus par les oeuvres, autrement la grâce n'est plus une grâce. Et si c'est par les oeuvres, ce n'est plus une grâce, autrement l'oeuvre n'est plus une oeuvre" (Romains 11:6). L'Eglise catholique enseigne traditionnellement que la grâce de Dieu est une aide, une assistance qu'il procure à l'homme pour qu'avec elle il travaille à son salut. Selon cette doctrine qui est tout à fait fausse et dangereuse, la justification est le résultat de la coopération de l'homme avec Dieu et a lieu par la foi et les oeuvres. Le croyant doit s'en rendre digne par ses oeuvres et ses mérites.
Tous ces textes mentionnent Jésus-Christ. La justification n'a jamais lieu sans lui, mais est étroitement liée à l'oeuvre qu'il a accomplie par sa mort et sa résurrection. Le croyant est justifié par la foi en Christ, parce que celui-ci a payé sa dette et expié ses fautes. Sa justice lui est imputée, de sorte qu'il en est recouvert. C'est cela, le pardon: la non-imputation des péchés ou l'imputation de la justice de Jésus.
L'homme est justifié par la foi, dit la Bible. Cette foi, disait Luther, est la main que tend le mendiant pour recevoir une aumône. Si elle justifie, ce n'est pas parce qu'elle serait une sorte de vertu agréable à Dieu, mais parce qu'elle saisit le pardon et la justice du Christ. Il est vrai que la foi change l'homme et produit des oeuvres, mais ce n'est pas pour cela qu'elle justifie. La justification du pécheur a lieu en effet avant tout changement intérieur, par l'imputation au pécheur repentant et croyant de la justice de son Sauveur. Voilà pourquoi on peut dire aussi bien: "Jésus justifie le pécheur" que: "La foi justifie le pécheur".
Si la foi est une main tendue, le geste par lequel le pécheur perdu se réfugie auprès de Jésus-Christ, elle est, bien sûr, connaissance et assentiment, mais avant tout confiance. Elle est connaissance et assentiment, parce que pour être justifié il faut connaître l'Evangile, Jésus et son salut, et croire que les promesses divines sont vraies. Elle est confiance, parce qu'elle est la certitude que Jésus-Christ est mort pour moi, que son sacrifice a été parfait, qu'il a expié mes fautes et m'a réconcilié avec Dieu. Nul n'est donc sauvé simplement parce qu'il connaît les grandes affirmations de la Bible - les démons les connaissent aussi, dit Jacques! -, comme nul n'est sauvé par la foi d'un autre. Croire, c'est se jeter dans les bras de Jésus et accepter son salut d'un coeur humble et confiant: "Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu par la foi accès à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions de l'espérance de la gloire de Dieu" (Romains 5:1.2).
La théologie luthérienne enseigne encore que la foi n'est jamais seule, mais qu'elle justifie seule. Cela signifie que la vraie foi produit toujours des oeuvres, sinon elle serait morte, mais qu'elle justifie avant de les produire ou sans elles. De même qu'un corps sans respiration est mort, de même une foi sans oeuvres est morte (Jacques 2:26). Ce n'est pas la vraie foi en Jésus. C'est donc une foi qui ne sauve pas!
Enfin, comme nous l'avons vu, la justification a lieu en ce que Dieu couvre ou n'impute pas le péché ou bien, mais cela revient au même, en ce qu'il impute la justice du Christ. C'est la même chose ou, si on préfère, ce sont les deux aspects d'un même acte. L'un dit les choses négativement, l'autre le fait affirmativement. Il s'ensuit que ce qui rend le croyant juste devant Dieu, c'est la justice de son Sauveur, et s'il en est ainsi, il est par la foi entièrement juste, aussi juste que le Christ lui-même. Le verbe "justifier" est ce qu'on appelle un verbe causatif ou déclaratif. Il signifie "déclarer juste", "considérer comme juste", "prononcer juste". En un mot, "acquitter". Pour un juge, justifier un prévenu, c'est le déclarer non coupable, l'acquitter, prononcer un non-lieu. C'est exactement ce que Dieu fait au nom de son Fils. Le croyant étant recouvert de la justice de son Sauveur, il ne voit plus ses péchés et n'a donc plus aucune raison de le poursuivre de sa colère et de son châtiment. Bien des choses voudraient le condamner, mais elles ne le peuvent plus: "Qui accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie. Qui les condamnera? Christ est mort. Bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous" (Romains 8:33.34).
Questions de révision et exercices:
Quelques précisions:
Le pécheur repentant qui est justifié par la foi en Jésus-Christ, passe instantanément de l'état de condamnation à celui de la grâce. Si, en le justifiant, Dieu l'acquitte et lui impute la justice du Christ ou, ce qui revient au même, l'en recouvre, il est à l'instant entièrement et parfaitement juste. Et cela, quel que soit son degré de sanctification. A la différence de l'Eglise catholique, le luthéranisme enseigne que la justification n'est pas un acte médicinal, une guérison progressive moyennant un changement continu dans l'homme, mais une sentence de grâce prononcée en sa faveur. Il est vrai que Luther mit un certain temps pour le comprendre, mais sa position à ce sujet finit par devenir très claire.
La Bible parle aussi d'une justification par les oeuvres. Jacques écrit: "Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les oeuvres, lorsqu'il offrit son fils sur l'autel?... Vous voyez que l'homme est justifié par les oeuvres et non par la foi seulement" (Jacques 2:21.24). Dans la scène bien connue du jugement: "J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger. J'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire..." (Matthieu 25:31-46), Jésus affirme nettement que les hommes seront jugés selon leurs oeuvres.
L'Ecriture se contredit-elle? Non, car il ne s'agit pas de la même chose. En exposant la doctrine de la justification, l'apôtre Paul explique comment le pécheur passe de l'état de condamnation à celui de la grâce, comment il trouve le pardon et le salut. Quand, au contraire, Jésus et Jacques parlent des oeuvres, ils veulent nous mettre en garde contre tout laisser-aller. La grâce de Dieu ne nous autorise pas à vivre dans le péché. D'ailleurs la foi chrétienne produit toujours les fruits que Dieu attend d'elle, même s'ils sont loin d'être aussi nombreux qu'ils pourraient l'être. Les oeuvres sont donc en quelque sorte les témoins de la foi: elles nous justifient aux yeux du monde, attestent que nous vivons dans la repentance et la foi et rendent gloire à Dieu.
Le chrétien est assuré de sa justification. L'Eglise catholique enseigne autre chose. Elle affirme qu'aucun croyant n'a la certitude d'être en état de grâce et, s'il mourait à l'instant, d'aller au ciel. Elle faisait même du doute une vertu et précisait que la certitude de la justification et du salut était le privilège d'une petite élite, de ceux qui coopèrent suffisamment avec la grâce de Dieu, accomplissent assez d'oeuvres et acquièrent assez de mérites pour aller à coup sûr au paradis.
L'Eglise luthérienne confesse, quant à elle, que le croyant peut être certain de sa justification et de son salut. Il y a deux raisons à cela: ce que le Christ a fait, il l'a fait pour tous les hommes, donc aussi pour lui. D'autre part, il l'a fait à la perfection et c'est suffisant pour son salut. Si par la foi en lui le pécheur est acquitté, absous, recouvert de son innocence et de sa justice, il a la certitude que plus rien ne peut le condamner et le séparer de Dieu. Abraham "ne douta point par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu, mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir" (Romains 4:26). "Les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité" (Romains 4:16).
La certitude de la justification est tout sauf de l'orgueil. Dans le coeur du croyant, elle cohabite avec l'humilité la plus sincère et la foi plus confiante. Elle se fonde sur la suffisance et la perfection de l'oeuvre de Jésus-Christ, sur la fermeté des promesses divines, sur la conviction que la foi sauve parce qu'elle saisit le Christ et sur le témoignage intérieur du Saint-Esprit. Celui-ci en effet "rend lui-même témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ" (Romains 8:17).
La théologie luthérienne affirme que la justification du pécheur par la foi est l'article le plus important de la doctrine chrétienne, celui grâce auquel l'Eglise subsiste ou avec lequel elle s'effondre. C'est pour la pureté de cette doctrine que le Réformateur Martin Luther s'est battu pendant toute sa vie. Rien ne lui était plus précieux, à lui qui savait s'analyser et qui avait une conscience si nette de ses péchés, que l'affirmation que le pécheur est justifié par grâce, par la foi en Jésus-Christ. C'était pour lui la source de toute consolation et de toute certitude. Voici ce qu'il écrit à ce sujet:
"Dans cet article, il ne faut céder et renoncer à rien, faute de quoi le ciel et la
terre et tout ce qui ne veut pas subsister, s'écroulera. Car, dit Pierre (Actes 4),
aucun autre nom n'a été donné aux hommes par lequel nous devions être
sauvés, et par ses meurtrissures nous sommes guéris (Esaïe 53). Tout repose
sur cet article, tout ce que nous enseignons et vivons contre le pape, le diable
et le monde. Il faut donc qu'en cela nous soyons sûrs de nous, sinon tout est
perdu, le pape, le monde et tout ce que vous voudrez remporteront la victoire
et auront raison" (Articles de Smalcalde, I, 1, 5).
Questions de révision et exercices:
5. LA SANCTIFICATION
L'enseignement de la Bible:
La sanctification fait suite à la justification. Elle est l'acte permanent par lequel le pécheur pardonné et justifié renonce chaque jour, par amour, gratitude et obéissance envers Dieu, au péché, crucifie le vieil homme, se renouvelle selon l'image de Dieu et vit à sa gloire dans la sainteté et la justice. Elle est une oeuvre que Dieu dans sa grâce accomplit par la Parole et les sacrements. Cette définition montre toute la différence existant entre la justification et la sanctification.
Dieu dit à son peuple: "Soyez saints, car je suis saint, moi l'Eternel, votre Dieu" (Lévitique 19:2; 1 Pierre 1:16). Les chrétiens sont saints en ce sens que Dieu les a mis à part pour le servir. Pardonnés et justifiés par la foi, ils lui appartiennent et sont donc appelés à vivre saintement pour le glorifier. La Bible dit les deux: "Vous êtes saints" (Psaume 16:3; 34:10; 89:6; Romains 8:27; 12:13; Ephésiens 1:18; 2:19; 1 Pierre 2:9) et: "Soyez saints" (Ephésiens 1:4; 5:27; 1 Pierre 1:15.16; 2 Pierre 3:11).
Le verbe "sanctifier" et le substantif "sanctification" sont employés dans la Bible de deux façons. Tantôt ils désignent, dans un sens large, tout ce que Dieu fait pour sauver les hommes (il les appelle la foi, les fait grandir et persévérer en elle, leur donne la volonté et la force de marcher dans la sainteté et leur accorde la victoire finale). Tantôt ils sont employés dans un sens plus restreint et désignent la vie chrétienne. Quand la Bible dit des chrétiens qu'ils sont "sanctifiés", sans ajouter d'autres précisions (Hébreux 2:11; 10:11.14.29), elle veut sans doute dire que Dieu les a mis à part pour qu'ils lui appartiennent et le servent. Quand par contre elle nous demande de nous sanctifier pour que nous soyons purs et irréprochables, de rechercher la sainteté, en renonçant à tout ce qui est mauvais (Romains 6:19.22; 1 Thessaloniciens 4:3-7; 5:23), elle parle de la sanctification au sens strict du terme, c'est-à-dire de la vie chrétienne de ceux qui ont été pardonnés et justifiés par la foi.
C'est dans ce dernier sens qu'il sera question de sanctification dans ce chapitre. Voici quelques textes qui montrent en quoi elle consiste: "Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ" (1 Thessaloniciens 5:23). "Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification... Que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et dans l'honnêteté... Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté, mais à la sanctification" (1 Thessaloniciens 4:3-7).
La Bible présente la sanctification sous un double aspect: elle consiste pour le chrétien à se "dépouiller du vieil homme" et à "revêtir l'homme nouveau". Deux textes de l'apôtre Paul la décrivent dans le détail: "C'est en lui (Jésus) que vous avez été instruits à vous dépouiller, par rapport à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l'esprit de votre intelligence et à revêtir l'homme nouveau créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité" (Ephésiens 4:21-24). "Ne mentez pas les uns aux autres, vous étant dépouillés du vieil homme et de ses oeuvres et ayant revêtu l'homme nouveau qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé... Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience" (Colossiens 3:9.10.12).
Se dépouiller du vieil homme, c'est crucifier la chair, c'est-à-dire renoncer à notre ancienne nature, à tout ce qui marque la vie de l'homme avant que le Saint-Esprit l'ait régénéré. C'est dire non au péché et au mal qui déplaisent à Dieu, se détourner de toute forme d'injustice, parce qu'il l'a en horreur. Positivement, c'est rechercher le bien, s'appliquer à la justice et la sainteté, vivre dans l'amour, la bonté, la patience. En un mot, c'est, pour le chrétien, faire tout ce qui est en son pouvoir pour plaire à son Seigneur. Ainsi il renaît petit-à-petit à l'image de Dieu à laquelle il avait été créé à l'origine.
La sanctification est donc quelque chose de progressif et de continu dans la vie du chrétien, un combat qu'il est appelé à mener chaque jour et qui ne s'achève que lorsqu'il meurt dans la foi. L'apôtre Paul reconnaît en lui deux lois ou deux hommes qui se font la guerre, si bien qu'il ne fait pas le bien qu'il aimerait faire et fait le mal qu'il ne voudrait pas faire (Romains 7:15-25). Faisant écho à cet enseignement de l'Ecriture Sainte, Martin Luther écrit dans le Petit Catéchisme que "le vieil homme qui est en nous doit être noyé dans une contrition et une repentance de tous les jours, qu'il doit mourir avec tous ses péchés et ses convoitises, et que tous les jours aussi doit renaître en nous un homme nouveau qui vive à jamais dans la justice et la pureté devant Dieu".
Questions de révision et exercices:
Quelques précisions:
D'où vient la sanctification? La Bible dit: "Soyez saints" (Lévitique 19:2). "Livrez vos membres comme esclaves à la justice" (Romains 6:19). "Que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté" (1 Thessaloniciens 4:4). Elle parle donc à l'impératif, comme lorsqu'elle appelle à la repentance: "Repentez-vous", "Convertissez-vous", "Crois au Seigneur Jésus". Mais elle dit aussi: "Que le Dieu de paix vous sanctifie tout entiers... Celui qui vous a appelés est fidèle, et c'est lui qui le fera" (1 Thessaloniciens 5:23.24). "C'est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir" (Philippiens 2:13). "Que le Dieu de paix vous rende capables de toute bonne oeuvre pour l'accomplissement de sa volonté et fasse en vous ce qui lui est agréable en Jésus-Christ" (Hébreux 13:21).
L'homme naturel est incapable de se sanctifier. Il aime le péché, fuit Dieu et rejette sa volonté. Pour y prendre plaisir et l'accomplir, il faut un coeur nouveau, celui que Dieu donne à l'homme quand il le convertit et le régénère. La sanctification n'est pas pour une moitié l'oeuvre de Dieu, et pour l'autre celle de l'homme, mais elle est l'oeuvre que le Seigneur accomplit dans la vie du croyant en recourant au coeur nouveau qu'il lui a donné. Ce coeur nouveau affectionne le bien et désire plaire à Dieu. Aussi ce dernier s'adresse-t-il à lui, fait-il appel à lui, le sollicite-t-il et donne-t-il en même temps au croyant les forces dont il a besoin pour vivre saintement. "Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné", disait Jésus (Jean 3:27). "Qu'as-tu que tu n'aies reçu?", demande Paul (1 Corinthiens 4:7). David, conscient de ses faiblesses, dit au Seigneur: "O Dieu, crée en moi un coeur pur et renouvelle en moi un esprit droit" (Psaume 51:12).
Dieu est donc ce qu'on appelle en théologie la cause efficiente de la sanctification. C'est lui qui fait marcher le croyant sur ce chemin béni, dans l'obéissance à ses commandements, qui lui en donne la volonté et les moyens. Et le croyant, régi par le Saint-Esprit, le laisse agir dans son coeur et consent à vivre chrétiennement. Voilà pourquoi la Bible dit les deux: "Dieu vous sanctifie" et: "Sanctifiez-vous!" Elle parle aussi bien à l'indicatif qu'à l'impératif.
Pour sanctifier le croyant, le Seigneur utilise les mêmes moyens que ceux qu'il met en oeuvre pour l'appeler, le convertir et le justifier: l'Evangile dans la Parole et les sacrements. Seul l'Evangile qui libère l'homme de la crainte que lui inspire le péché en lui apportant la certitude de l'amour de Dieu et du pardon, lui fait aimer le Seigneur et sa volonté. L'Evangile et lui seul est source de sanctification. Il n'y contraint pas, mais y exhorte et y encourage. C'est "par les compassions de Dieu" que l'apôtre exhorte les croyants à offrir leurs corps "comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu" (Romains 12:1). Ailleurs il leur rappelle, en les exhortant à une vie sainte, qu'ils sont les "élus de Dieu, saints et bien-aimés" (Colossiens 3:12), "enfants bien-aimés" (Ephésiens 5:1), des enfants nouveau-nés qui ont "goûté que le Seigneur est bon" (1 Pierre 2:2). L'apôtre Pierre, appelant ses lecteurs à l'obéissance, leur rappelle qu'ils ont été rachetés par le sang précieux du Christ comme d'un agneau sans défaut et sans tache" (1 Pierre 1:18). Cf. encore Romains 6:2-4.11.14; Colossiens 3:1.5; Tite 2:11.12; 3:8; 1 Jean 4:11.19.
La Loi de Dieu est là pour baliser un chemin, pour dire à l'homme comment il doit vivre pour plaire à son Seigneur. Mais toute motivation à la sanctification vient de l'Evangile, de l'annonce de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, du rappel de sa volonté, de sa fidélité et de ses promesses. Pousser le chrétien à la sainteté en exerçant sur lui une pression ou en le menaçant des foudres de la Loi, c'est le contraindre à une soumission servile et non à l'obéissance filiale, à la sanctification chrétienne. Cela ne saurait lui plaire et c'est, par ailleurs, agir de façon légaliste.
Les oeuvres ne sont pas nécessaires au salut. Nous ne dirons pas pour autant qu'elles sont facultatives, que le croyant est libre d'en faire ou non. Nous allons jusqu'à dire qu'elles sont nécessaires en ce sens qu'elles sont les fruits indispensables de la foi et qu'elles rendent gloire à Dieu. Jésus dit aux siens: "Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux" (Matthieu 5:16). Paul déclare: "Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions" (Ephésiens 2:10). Il est demandé aux riches, mais cela s'applique à tous les croyants, d'être "riches en bonnes oeuvres" (1 Timothée 6:18).
Une oeuvre est bonne aux yeux de Dieu, quand elle est conforme à sa volonté révélée dans la Loi et qu'elle procède du bon motif, de l'amour de Dieu et du désir sincère de le servir. Voilà pourquoi tous ces textes s'adressent aux chrétiens. Quand la Bible, au contraire, parle des incroyants, elle ne leur demande pas de faire de bonnes oeuvres, mais de se repentir, ce qui n'est pas du tout la même chose. C'est dire que seul les croyants peuvent accomplir des oeuvres agréables à Dieu. Nous ne nions pas la justice civile, c'est-à-dire l'aptitude que possède chaque homme à vivre en bon citoyen, à être un bon mari et père de famille et à faire preuve d'honnêteté, de bonté et de générosité. Tout cela est possible et c'est important, mais ce n'est pas en agissant ainsi que l'homme accomplit réellement la Loi de Dieu et travaille à son salut. Il faut pour cela une justice beaucoup plus grande, une justice intérieure, à la fois du coeur et des actes, et une justice sans failles. Et de cela, l'homme n'est pas capable. Voilà pourquoi il est dit que "tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu" (Romains 3:23) et que personne ne sera justifié par les oeuvres de la Loi (Galates 2:16).
Le chrétien n'aime pas Dieu pour que Dieu l'aime en retour, mais parce que Dieu l'a aimé jusqu'au sacrifice de son Fils. "Cet amour consiste non en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres" (1 Jean 4:10.11). L'apôtre dit encore: "Vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu" (1 Corinthiens 6:20). Un homme qui se dit chrétien et qui ne fait pas de bonnes oeuvres et ne porte pas les fruits de la foi, est un imposteur qui peut tromper ses semblables, mais pas le Seigneur.
Ces oeuvres, nous l'avons dit, sont nécessaires, non pour l'obtention du salut, mais parce que Dieu le dit et qu'elles sont les témoins d'une foi véritable qui lui rend hommage et gloire: "Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification" (1 Thessaloniciens 4:3). "Celui qui demeure en moi, dit Jésus, porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire... Si vous portez beaucoup de fruit, c'est ainsi que mon Père sera glorifié et que vous serez mes disciples" (Jean 15:5.8; cf. encore Actes 5:29; Romains 13:15). Cela signifie inversement que celui qui ne porte pas de fruit montre par là qu'il ne demeure pas en Christ et ne lui appartient pas. Les chrétiens sont par la foi unis à leur Sauveur. Son Esprit agit en eux. En marchant devant le Seigneur et en faisant de bon coeur sa volonté, ils savent qu'ils lui plaisent et que sa bénédiction reposera sur eux. Leurs bonnes oeuvres sont aussi, malgré toute leur imperfection, les gages de leur foi et de leur appartenance au Seigneur: "Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour est parfait en nous. Nous connaissons que nous demeurons en lui et qu'il demeure en nous en ce qu'il nous a donné de son Esprit" (1 Jean 4:12.13; cf. encore 2 Pierre 1:5-7.10; 1 Jean 3:19.24; 5:;2).
L'Eglise luthérienne enseigne aussi que la sanctification du chrétien est imparfaite dans ce monde, qu'elle ne sera parfaite que lorsqu'ils auront définitivement vaincu le péché et la mort et accédé à la vie éternelle. C'est la raison pour laquelle l'Ecriture ne cesse de les exhorter à croître "à tous égards" (Ephésiens 4:15), à être "fermes et inébranlables" (1 Corinthiens 15:58), à "porter des fruits en toute sorte de bonnes oeuvres et en croissant dans la connaissance de Dieu" (Colossiens 1:10). L'apôtre, écrivant aux Thessaloniciens, souhaite que "le Seigneur augmente de plus en plus parmi vous et à l'égard de tous cette charité" (1 Thessaloniciens 3:12), qu'ils marchent "de progrès en progrès" (1 Thessaloniciens 4:1). Il veut aussi que l'amour des Philippiens "augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures" (Philippiens 1:10).
La Bible, comme nous l'avons vu, enseigne que la sanctification consiste dans un combat que le chrétien mène chaque jour contre le vieil homme qu'il s'agit de noyer dans une contrition et une repentance de tous les jours. Parlant de lui-même, Paul fait ce constat: "Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair. J'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas. Si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le mal qui habite en moi" (Romains 7:18-20). Ailleurs il écrit: "La chair a des désirs contraires à ceux de l'esprit, et l'esprit en a de contraires à ceux de la chair. Ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez" (Galates 5:17). Cf. encore Hébreux 12:1; Jacques 3:2; 1 Jean 1:8, ainsi que la 5° demande du Notre Père: "Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" (Matthieu 6:12; Luc 11:4).
C'est une doctrine fausse et très dangereuse que d'enseigner que le chrétien peut, à force de prières et de luttes, parvenir à un point où il triomphe entièrement et définitivement du mal et atteint un degré de sanctification parfaite. Elle fait naître le désespoir, obligeant tel chrétien souffrant de l'imperfection de sa sanctification à se demander s'il est un véritable enfant de Dieu, et incitant tel autre, fier de sa foi et de sa piété, à l'orgueil.
Enfin, Dieu a promis dans sa bonté de récompenser les oeuvres et les sacrifices de ses enfants. "Votre récompense sera grande dans les cieux", promit le Christ aux disciples qui allaient affronter des privations de toutes sortes et la haine du monde (Matthieu 5:12). "Tu as été fidèle en peu de choses; je te confierai beaucoup", est-il promis au chrétien fidèle (Matthieu 25:21). "Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste. Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits, parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point son récompense" (Matthieu 10:41.42). Au jour du jugement, le Fils de l'homme "rendra à chacun selon ses oeuvres" (Matthieu 16:27). Cf. encore Matthieu 6:4; 19:29; Luc 14:14; 1 Corinthiens 3:8; 2 Thessaloniciens 1:6.7.
Il ne peut s'agir bien sûr que d'une récompense de grâce, de quelque chose que le Seigneur ne doit pas aux siens, car ils n'ont pas de mérite. Mais dans sa bonté, il veut les encourager à la persévérance, surtout à l'heure de l'épreuve, de la tribulation et de la persécution. Le salut sera le même pour tous les croyants, mais selon la constance et la fidélité dont ils auront fait preuve et les sacrifices auxquels ils auront consenti, ils recevront une part plus ou moins grande de gloire. C'est ce qu'enseigne la doctrine biblique de la vie éternelle.
Questions de révision et exercices:
La prière:
La prière chrétienne est une des plus belles expressions de la foi. Elle en est la manifestation nécessaire et spontanée. Nécessaire, parce que le croyant ne peut pas ne pas prier comme la foi ne peut pas ne pas porter de fruits, et spontanée, parce qu'il le fait de lui-même. C'est pour lui un besoin. Prier, c'est parler à Dieu dans son coeur, lui exposer ses besoins et ceux des autres hommes, lui confier son chagrin, ses soucis et ses inquiétudes, attendre quelque chose de lui. Mais c'est aussi lui apporter l'hommage de son coeur, le louer et glorifier son nom. La prière est ainsi le baromètre de la foi. Il existe en effet différents types de prières. La prière est louange et adoration, quand le chrétien se remémore et célèbre tout ce que Dieu fait pour lui et les autres et qu'il l'en remercie. Il confesse ainsi sa toute-puissance, sa majesté, mais aussi sa bonté et sa miséricorde. Cf. Néhémie 9:5; Apocalypse 5:8-14; Ephésiens 1:3-14. La prière est demande, quand le chrétien expose à son Père céleste ses besoins, ceux de son corps et ceux de son âme, quand il le prie de le protéger ou de le garder en bonne santé, de le guérir, de lui accorder le pain de chaque jour, de faire régner la paix dans le monde, ou qu'il le supplie de lui pardonner les péchés, de le fortifier dans la foi, de le préserver de la tentation ou de lui donner paix et courage. Cf. le Notre Père. La prière chrétienne est intercession, quand elle concerne le bien-être, la santé ou le salut d'autrui, qu'il s'agisse d'une personne, d'un peuple ou du monde entier. C'est ainsi qu'Abraham intercéda pour Sodome (Genèse 18), que le Christ pria pour les siens (Jean 17) et pour ses bourreaux (Luc 23:34), et qu'il est demandé aux chrétiens de prier pour les autorités (1 Timothée 2:1 ss.), pour leurs frères et soeurs dans la foi (Ephésiens 6:18) ou pour leurs ennemis (Matthieu 5:44).
Le croyant se sait indigne d'adresser ses prières à Dieu. Il n'a de lui-même aucun droit à l'exaucement: "Voici, j'ai osé parler au Seigneur, moi qui ne suis que poussière et cendre", dit Abraham en intercédant pour Sodome (Genèse 18:27). Le Seigneur ne nous doit absolument rien et il n'est pas en soi évident qu'il ait le temps ou l'envie d'écouter les requêtes de millions d'hommes. Il ne se laisse pas non plus impressionner par un flot de paroles (Matthieu 6:7), comme il n'existe pas de technique pour lui arracher son exaucement. Le pécheur ne peut compter que sur sa miséricorde et sa grâce: "Ce n'est pas à cause de nos oeuvres de justice que nous te présentons nos supplications, c'est à cause de tes grandes compassions" (Daniel 9:18).
Mais le croyant sait aussi que le Seigneur attend ses prières, qu'il y prend plaisir et qu'il y répond avec amour. Il sait qu'il doit au Christ de pouvoir s'approcher du trône de Dieu. C'est donc en son nom qu'il l'invoque: "Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai" (Jean 14:13.14). Il se fonde en priant sur les promesses de l'Evangile, sachant que le Seigneur est fidèle et tient parole.
Le lieu et l'heure de la prière comptent peu. En soi, aucun lieu n'est plus saint ou plus favorable à la prière qu'un autre (Jean 4:23.24). Il en est cependant qui peuvent, plus que d'autres, susciter le recueillement. D'autre part, la solitude est recommandée, à moins qu'il ne s'agisse de la prière publique du peuple de Dieu (Matthieu 6:6). Peu importe aussi les gestes accomplis pendant la prière. On peut invoquer Dieu debout, assis ou à genoux, la tête levée vers le ciel ou baissée vers le sol. La Bible indique plusieurs positions possibles (Marc 11:25; Actes 21:5). L'essentiel est toujours la sincérité, l'humilité et la confiance en Dieu (Jacques 1:6; Hébreux 11:6).
Dieu exauce les prières. En tout cas celles qui sont prononcées avec foi et dont l'exaucement nous est utile et salutaire. Mais il existe aussi des prières sans réponse. Il est des demandes que le Seigneur n'exauce pas, ce qui fait souffrir le chrétien, surtout quand il est dans l'épreuve ou qu'un être bien-aimé est dans la détresse. Pourquoi agit-il ainsi? Nous n'avons pas toujours de réponse à cette question. Cependant il arrive que le croyant prie sans discernement et demande à Dieu des choses insensées (cf. la prière de la mère des fils de Zébédée, Matthieu 20:20-23) ou qui tout simplement ne sont pas nécessaires ou utiles.
Il arrive aussi que Dieu retarde l'exaucement pour tester notre foi et nous apprendre la confiance et la patience. L'apôtre Paul n'a pas eu la réponse escomptée à sa prière, quand à plusieurs reprises il supplia Dieu d'éloigner l'"écharde" qu'il avait dans la chair, c'est-à-dire manifestement de le guérir d'une maladie, mais il reçut, au lieu de cela, une bénédiction spirituelle (2 Corinthiens 12:7 ss.). Dieu répond et donne toujours, et si nous ne recevons pas ce que nous demandons, nous recevons quelque chose de meilleur.
Mais nos questions restent souvent sans réponses. Il est des prières qui nous paraissent vitales et que le Seigneur n'exauce pas. Il appartient alors au croyant de confesser humblement que son Seigneur sait mieux que lui ce qu'il lui faut, et de tout remettre entre ses mains, sachant qu'il juge de tout à la lumière de l'éternité.
Questions de révision et exercices:
6. LA PERSEVERANCE
Jésus-Christ a dit: "Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" (Matthieu 10:22). "Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie" (Apocalypse 2:10). Il est donc primordial de persévérer dans la foi, comme il est important de savoir ce que la Bible enseigne à ce sujet.
L'apôtre Paul pouvait dire à la fin de sa vie: "J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m'est réservée. Le Seigneur, le juste juge, me la donnera en ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement" (2 Timothée 4:7). Il n'y a pas pour le chrétien de couronnement sans victoire, et pas de victoire sans combat. C'est à ce prix qu'il est sauvé. Aussi la vie chrétienne est-elle comparée à une épreuve sportive (1 Corinthiens 9:24-27) ou un combat mené jusqu'à la fin (1 Timothée 6:12; 2 Timothée 2:5; Philippiens 1:30; Hébreux 12:1.4). Etre sauvé, c'est obtenir dans l'éternité une couronne qui nous est réservée, que nous possédons dès maintenant par la foi (2 Corinthiens 2:14; 1 Jean 5:4), mais que nous ne porterons que si nous persévérons jusqu'à la victoire finale. C'est dans l'Apocalypse qu'on peut lire les plus belles pages à ce sujet (Apocalypse 2:7.11.17.26; 3:5.12.21; 12:11; 21:7).
La Bible ne cesse de mettre les chrétiens en garde contre la chute et l'apostasie: "Si le juste se détourne de sa justice et commet l'injustice, il en mourra" (Ezéchiel 33:18). "Si nous le renions, lui aussi nous reniera" (2 Timothée 2:12; cf. encore Matthieu 10:33; 18:35; Hébreux 3:6.12.14; Apocalypse 2:4.5.16.25; 3:1-3). Toute l'histoire du peuple d'Israël, depuis la traversée du désert jusqu'à la chute de Jérusalem et même jusqu'à l'heure actuelle, n'est qu'un avertissement continu et répété contre l'infidélité et l'apostasie.
Mais la Bible enseigne également que la persévérance est l'oeuvre de la grâce divine. Si un homme parvient à la foi et y persévère jusqu'à la fin, c'est à son Dieu qu'il le doit. Jésus disait de ses brebis: "Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père nous sommes un" (Jean 10:28-30). L'apôtre Pierre écrit: "Par la puissance de Dieu vous êtes gardés par la foi pour le salut" (1 Pierre 1:5). "Je suis persuadé, dit l'apôtre Paul, que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ" (Philippiens 1:6). Ou encore: "Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous préservera du malin" (2 Thessaloniciens 3:3). "Je sais en qui j'ai cru et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'en ce jour-là" (2 Timothée 1:12). Cf. encore 1 Corinthiens 1:8; 1 Thessaloniciens 5:24; Jude 24.
Ainsi donc, c'est Dieu qui veille sur le "dépôt" des siens, qui mène à bien l'oeuvre du salut qu'il a commencée en eux. C'est ce qui fait dire à Paul: "Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement..., car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir" (Philippiens 2:12.13). Nous sommes appelés à lutter pour notre salut, à grandir dans la foi, à rester sobres et vigilants pour ne pas renier le Seigneur, mais nous ne le pouvons que s'il nous en donne la volonté et la force. Il en va de la persévérance comme de la sanctification. C'est Dieu qui l'accomplit en nous, mais en faisant appel au coeur nouveau qu'il nous a donné et en y faisant germer et fructifier sa Parole, puissance de salut pour quiconque croit.
L'Eglise luthérienne rejette la doctrine de Calvin selon laquelle l'homme ne peut pas résister à la grâce de Dieu ni déchoir, une fois qu'il a été converti et régénéré. Elle enseigne qu'elle est à la fois résistible et amissible. Que signifieraient autrement ces paroles de l'Ecriture: "Souviens-toi d'où tu es tombé, repens-toi!" (Apocalypse 2:5)? Ou ces autres: "Repens-toi donc, sinon je viendrai à toi bientôt et je les combattrai avec l'épée de ma bouche" (Apocalypse 2:16), "Je lui ai donné du temps afin qu'elle se repentît (Apocalypse 2:21), "Il leur est arrivé ce que dit un proverbe vrai: Le chien est retourné à ce qu'il avait vomi, et la truie lavée s'est vautrée dans son bourbier" (2 Pierre 2:2), "Ils ont fait naufrage par rapport à la foi" (1 Timothée 1:19)? Cf. encore Ezéchiel 18:31.32; 31:11; Luc 8:13; 22:32.
L'Eglise luthérienne a rejeté aussi dans ses Confessions le synergisme, la doctrine selon laquelle l'homme naturel a assez de forces pour participer activement à sa conversion, et le chrétien assez de forces spirituelles pour persévérer seul dans la foi. Ce n'est pas parce que l'homme a le pouvoir de déchoir de la foi qu'il a aussi les moyens de persévérer en elle. Tout est grâce dans le Royaume de Dieu, et l'épître aux Hébreux appelle Jésus "le chef et le consommateur de la foi" (Hébreux 12:2). S'il était au pouvoir du chrétien de persévérer dans la foi, il pourrait dire un jour: "C'est grâce à moi que je suis sauvé".
Il est très important que l'Eglise ne succombe ni à l'une ni à l'autre de ces deux erreurs, car elles sont toutes les deux pernicieuses.
Questions de révision et exercices: