MANUEL DE DOCTRINE CHRÉTIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index  MANUEL DE DOCTRINE CHRÉTIENNE, par Dr. Wilbert Kreiss - index


 

INTRODUCTION

 

PROLÉGOMÈNES

Le mot "prolégomènes" vient d'un terme grec qui signifie "les choses dites d'abord". Il s'agit d'une introduction à la dogmatique dans laquelle il est question des religions en général, de la religion chrétienne en particulier, de la théologie et des différentes disciplines qui font partie de l'enseignement théologique. C'est de cela qu'il sera question dans cette introduction.

 

LE NOMBRE DE RELIGIONS

L'origine du mot "religion" est incertaine. Il vient sans doute d'un terme qui signifie "relier". La religion est donc ce qui relie l'homme à Dieu. On compte des centaines de religions dans le monde, mais selon l'Ecriture Sainte, il n'y en a que deux, le paganisme sous toutes ses formes et le christianisme, c'est-à-dire d'un côté les religions de la Loi 1 et, de l'autre, la religion de l'Evangile 2. Les religions de la Loi enseignent, sous des formes diverses, que l'homme doit faire lui-même son salut en accomplissant des oeuvres et un certain nombre de rites. Le christianisme, au contraire, enseigne que le salut est un don gratuit que Dieu lui-même fait à l'homme, quelque chose qu'aucun homme ne peut mériter, mais qui lui est offert par grâce et qu'il est appelé à recevoir par la foi. On peut dire aussi que toutes les religions non chrétiennes sont des chemins sur lesquels les hommes cherchent Dieu 3, tandis que le christianisme est le chemin sur lequel Dieu lui-même vient trouver les hommes 4.

1

"Quand les païens qui n'ont point la Loi, font par nature ce que prescrit la Loi, ils sont, eux qui n'ont point la Loi, une loi pour eux-mêmes" (Romains 2:14).

"Demande-moi et je te donnerai les nations (en hébreu : les païens) pour héritage, les extrémités de la terre pour possession" (Psaume 2:8).

"C'est pourquoi vous, autrefois païens dans la chair, appelés incirconcis par ceux qu'on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l'homme, souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde" (Ephésiens 2:11.12).

"Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Matthieu 28:19).

"Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent par la foi en moi le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés" (Actes 26:18).

2

"Ceux qui s'attachent aux oeuvres de la Loi sont sous la malédiction, car il est écrit: Maudit est quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi et ne le met pas en pratique" (Galates 3:10).

"Sachant que ce n'est pas par les oeuvres de la Loi que l'homme est justifié mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ et non par les oeuvres de la Loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la Loi" (Galates 2:16).

"Nul ne sera justifié devant lui par les oeuvres de la Loi, puisque c'est par la Loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:20).

3

"Il a voulu qu'ils cherchent le Seigneur et qu'ils s'efforcent de le trouver en tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun de nous" (Actes 17:27).

4

"Le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous" (Esaïe 7:14; Matthieu 1:23).

"Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule. On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix" (Esaïe 9:5).

"Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n'imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous faisons donc les fonctions d'ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu!" (2 Corinthiens 5:19.20).

"Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu par la foi accès à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions de la gloire de Dieu" (Romains 5:1.2).

"Lequel d'entre vous, s'il a cent brebis et qu'il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix- neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la trouve?" (Luc 15:4).

"Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis... Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. Celles- là aussi, il faut que je les amène. Elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger" (Jean 10:11.14-16).

"Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces... Il envoya encore d'autres serviteurs... Allez donc dans les carrefours et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives" (Matthieu 22:2-4.9.10).

Le salut, selon la plupart des religions orientales, consiste à échapper à la chaîne infernale du karman, c'est-à-dire au cycle des réincarnations. Il a lieu selon le védisme hindou par l'accomplissement d'oeuvres rituelles, selon le brahmanisme par la connaissance et la méditation. Selon le bouddhisme, il réside dans la dissolution dans le nirvana, c'està-dire le néant. Selon l'islam, il s'obtient grâce aux cinq "piliers de la foi" que sont la confession de la foi en Allah, Dieu unique dont Mahomet est le prophète, les prières rituelles, le jeûne, l'aumône et le pèlerinage à La Mecque. Ce sont autant de chemins de la loi préconisant une forme ou l'autre d'autorédemption. Ces religions demandent à leurs adeptes de se racheter et de mériter les faveurs de Dieu et leur salut par l'observance de rites et de commandements ou l'accomplissement d'exercices spirituels. Le christianisme, au contraire, enseigne la rédemption de l'homme par Dieu lui-même, rédemption offerte dans l'Evangile et appropriée par la foi seule, c'est-à-dire la confiance en les promesses de Dieu.

 

LA RELIGION ABSOLUE

Le christianisme est la religion absolue. Il n'est pas une religion parmi d'autres ni simplement une religion meilleure que les autres, mais la seule religion qui puisse sauver l'homme. C'est ce qu'enseigne le Christ lui-même. Voilà pourquoi il doit, selon la volonté de Jésus-Christ, conquérir le monde entier. Le christianisme est en effet fondamentalement différent de toutes les autres religions parce qu'il fonde le pardon et le salut non pas sur les oeuvres, la dignité et les mérites de l'homme, mais sur l'oeuvre de rédemption parfaite accomplie par le Christ, dont les bienfaits sont reçus la foi 1. Il revendique le caractère de religion absolue en ce sens qu'il est la seule à pouvoir apporter le salut à l'homme 2.

1

"Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n'imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation... Nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu!" (2 corinthiens 5:19.20).

"Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois" (Galates 3:13).

"Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme né sous la Loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la Loi, afin que nous recevions l'adoption" (Galates 4:4.5).

"Il est écrit que le Christ souffrirait et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations" (Luc 24: 46.47).

"Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ" (Romains 3: 23.24).

"Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ" (Romains 5:1).

"Sachant que ce n'est pas par les oeuvres de la Loi que l'homme est justifié mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ et non par les oeuvres de la Loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la Loi" (Galates 2:16).

2

"Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas sera condamné". (Marc 16:15.16).

"Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi" (Jean 14:6).

"Il n'y a de salut en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés" (Actes 4:12).

 

LA THÉOLOGIE CHRÉTIENNE

Le mot "théologie" désigne au sens objectif, la doctrine de Dieu et, dans un sens plus large, l'ensemble des doctrines révélées par Dieu dans l'Ecriture Sainte, et même l'ensemble des disciplines qui concernent la Bible et l'histoire, l'enseignement et la vie de l'Eglise chrétienne.

Au sens subjectif du terme, le mot désigne la connaissance de Dieu que possède celui qui exerce le ministère institué par le Christ pour rassembler et édifier son Eglise, la compétence particulière donnée par le Saint-Esprit au moyen de la Parole qui rend un pasteur capable de discerner avec foi la vérité de Dieu révélée dans la Bible, de l'exposer fidèlement et la défendre contre toutes les erreurs, pour son propre salut et le salut d'autrui 1.

"Il faut que l'évêque soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l'enseignement" (Timothée 3:2).

"Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l'enseigner aussi à d'autres" (2 Timothée 2:2).

"Nous sommes pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent : aux uns, une odeur de mort, donnant la mort ; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie. Et qui est suffisant pour ces choses?... Ce n'est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'esprit ; car la lettre tue, mais l'esprit vivifie" (2 Corinthiens 2:16;3:5.6).

"Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" ( 2 Timothée 3:16.17).

"Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même et tu sauveras ceux qui t'écoutent" (1 Timothée 4:16).

"Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera les choses à venir" (Jean 16:13).

"Sanctifie-les par ta vérité ; ta Parole est la vérité" (Jean 17:17).

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LOI ET ÉVANGILE

Dieu révèle deux choses dans l'Ecriture Sainte, la Loi et l'Evangile. C'est le double message qui parcourt la Bible tout entière. La Loi exprime la sainte volonté du Seigneur. Elle dit à l'homme ce qu'il doit faire pour être comme Dieu veut qu'il soit. Elle est une barrière qui met un frein aux manifestations grossières du péché, un miroir qui révèle à l'homme son injustice et sa corruption et lui prêche la colère de Dieu, et une règle de vie pour le croyant. L'Evangile, au contraire, révèle à l'homme l'amour de Dieu, le pardon et le salut par la foi en Jésus-Christ 1.

Pour cette raison, la Loi doit être prêchée aux pécheurs impénitents pour qu'ils se repentent de leurs péchés, et aux croyants pour qu'ils persévèrent dans la repentance. L'Evangile, au contraire, doit être annoncé aux pécheurs repentants pour qu'ils trouvent le chemin du salut, et aux croyants, pour qu'ils persévèrent dans la foi 2. En ce qui concerne la sanctification et les oeuvres chrétiennes, la Loi est un guide qui montre aux croyants comment ils sont appelés à servir Dieu; mais seul l'Evangile peut leur donner la volonté et la force d'accomplir ces oeuvres. La Loi ne brise le péché qu'extérieurement ; seul l'Evangile permet au croyant d'y renoncer, de se détourner du mal et de faire le bien 3.

1

"Nul ne sera justifié devant lui par les oeuvres de la Loi, puisque c'est par la Loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:20).

"Je n'aurais pas connu la convoitise, si la Loi n'eût dit : Tu ne convoiteras point" (Romains 7:7).

"Nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la Loi" (Romains 3:28).

Je n'ai point honte de l'Evangile de Christ : c'est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit : Le juste vivra par la foi" (Romains 1:16.17).

2

"Nous savons que ce que dit la Loi, elle le dit à ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu" (Romains 3:19).

"Je n'aurais pas connu la convoitise, si la Loi n'eût dit : Tu ne convoiteras point" (Romains 7:7).

"L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur" (Luc 4: 18,19).

"Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos" (Matthieu 11:28).

3

"Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Matthieu 22: 36-39).

"Le commandement qui conduit à la vie, se trouva pour moi conduire à la mort. Car le péché, saisissant l'occasion, me séduisit par le commandement, et par lui me fit mourir. La Loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon. Ce qui est bon a-t-il donc été pour moi une cause de mort? Loin de là! Mais c'est le péché, afin qu'il se manifestât comme péché, en me donnant la mort par ce qui est bon, et que, par le commandement, il devint condamnable au plus haut point" (Romains 7: 10-13).

"Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable" (Romains 12:1).

"Maintenant nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à cette Loi sous laquelle nous étions retenus, de sorte que nous servons dans un esprit nouveau, et non selon la lettre qui a vieilli" (Romains 7:6).

 

DOCTRINE ET DOGME

On appelle doctrine une vérité d'ordre spirituel révélée dans la Bible concernant notamment Dieu, la création et le gouvernement du monde, l'homme, Jésus-Christ et son oeuvre rédemptrice, le chemin du salut, les moyens de grâce, l'Eglise chrétienne et les choses dernières. Dieu dans sa sagesse et sa bonté a révélé ces vérités dans la Bible parce qu'elles sont utiles et salutaires à l'homme qui a besoin de les connaître pour trouver le chemin de la vie éternelle 1. On appelle dogme une doctrine formulée de façon systématique, avec toute la rigueur, la clarté et la précision voulues, ainsi que la réfutation des erreurs enseignées à ce sujet 2.

1

"Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi" (Jean 5:39).

"Toi, demeure dans les choses que tu as apprises, sachant de qui tu les as apprises. Dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" (2 Timothée 3:14-17).

"Nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs, sachant d'abord vous-mêmes qu'aucune prophétie ne peut être l'objet d'une interprétation particulière, car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'aucune prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu" (2 Pierre 1:19-21).

"Tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l'espérance" (Romains 15:4).

2

Dans ses différentes épîtres, l'apôtre Paul a formulé un certain nombre de doctrines, par exemple les doctrines de la justification et de l'Eglise. L'Eglise primitive a dû formuler de façon systématique la doctrine de la personne du Christ, en particulier de sa divinité, car elle faisait l'objet de dangereuses attaques. Martin Luther et la Réforme ont fait de même en ce qui concerne par exemple la doctrine de la justification ou celle de la Sainte Cène. Pour confesser publiquement sa foi et son enseignement, l'Eglise luthérienne a publié au XVI siècle un certain nombre de documents doctrinaux appelés Confessions de foi, qui sont réunis dans le Livre de Concorde dont il sera question plus loin.

 

ARTICLES FONDAMENTAUX ET NON FONDAMENTAUX

Dieu lie les hommes à tout ce qu'il a révélé dans l'Ecriture Sainte. Tout ce qui y est dit, et en particulier toute doctrine qui y est enseignée, doit être cru, enseigné et confessé. La théologie distingue cependant entre articles fondamentaux et articles non fondamentaux. On appelle articles fondamentaux les vérités bibliques qui sont à la base même du christianisme, tout ce qui concerne le plan divin du salut. Certains de ces articles sont dits primaires 1, et d'autres secondaires 2. Les articles non fondamentaux, par contre, sont les vérités révélées dans la Bible qui n'ont pas de lien direct avec ce fondement 3. Enfin, on appelle questions ouvertes les questions doctrinales qui ne trouvent pas de réponse dans l'Ecriture Sainte et sur lesquelles l'Eglise chrétienne ne peut pas se prononcer 4.

1

Par exemple l'enseignement des Ecritures sur le péché, la condamnation, personne du Christ et l'oeuvre du Christ, la repentance, la conversion et la foi, etc...

2

Par exemple l'enseignement de la Bible sur le Baptême, la Sainte Cène, le ministère des clés, etc...

3

C'est le cas de la doctrine des anges, de la doctrine de l'Antichrist, des modalités de la création, des données historiques, géographiques ou archéologiques de la Bible, etc...

4

Par exemple le créationnisme ou le traducianisme, autrement dit la question de savoir si l'âme fait partie du patrimoine génétique d'un enfant ou si elle est créée directement par Dieu, les modalités de la chute des anges, celles modalités de la fin du monde, etc...

 

ADIAPHORA

On appelle "adiaphora" (au singulier : "adiaphoron") des traditions, coutumes et rites qui ne sont ni prescrits ni interdits par l'Ecriture Sainte 1. Dans ce domaine, l'Eglise ou le chrétien peut recourir à la liberté qui est la sienne et agir selon ses convictions personnelles, à condition toutefois de ne pas porter atteinte à la vérité et de ne scandaliser personne, en particulier le frère qui est faible dans la foi.

1

"Faites accueil à celui qui est faible dans la foi et ne discutez pas sur les opinions. Tel croit pouvoir manger de tout. Tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange point ne juge pas celui qui mange, car Dieu l'a accueilli... Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c'est pour le Seigneur qu'il mange, car il rend grâces à Dieu. Celui qui ne mange pas, c'est pour le Seigneur qu'il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu" (Romains 14:1-3.6).

"Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile. Tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit" (1 corinthiens 6:12).

"Tout est permis, mais tout n'est pas utile. Tout est permis, mais tout n'édifie pas" (1 Corinthiens 10:23).

"Que personne donc ne vous juge au sujet du manger et du boire, ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune ou des sabbats, car c'était l'ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ" (Colossiens 2:16.17).

Les textes ci-dessus mentionnent des choix concernant l'alimentation ou la célébration de certaines fêtes. Les adiaphora concernent également le déroulement du culte, la musique, les vêtements sacerdotaux, la décoration et les gestes (crucifix, cierges, génuflexion, signe de la croix), etc...

 

THÉOLOGIE ET SCIENCE

La théologie est-elle une science? Si on définit la science comme une étude et une recherche qui recourent à la simple observation de l'univers et des règles qui le régissent pour en tirer des enseignements, des conclusions et parfois des hypothèses et des théories, la théologie n'est pas une science, car elle a pour source et norme la révélation de Dieu dans l'Ecriture. C'est vrai en particulier du chemin du salut par la foi en Jésus-Christ 1.

Si, par contre, on définit la science comme une méthode d'investigation et d'analyse rigoureuse ayant pour résultat une connaissance certaine, par opposition à tout ce qui est hypothèse, axiome et théorie, la théologie pourrait être définie comme une science exacte, la science par excellence, la plus parfaite qui soit, car elle est l'exposé ordonné et systématique de vérités divinement révélées 2.

1

"Quand les païens qui n'ont point la Loi font par nature ce que prescrit la Loi, ils sont, eux qui n'ont point la Loi, une loi pour eux-mêmes. Ils montrent que l'oeuvre de la Loi est écrite dans leurs coeurs, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s'accusant et se défendant tour à tour" (Romains 2:18.19).

"Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées d'avance pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit" (l Corinthiens 2:9.10).

"Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages. Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes, et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant Dieu. Or, c'est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui par la volonté de Dieu a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption, afin, comme il est écrit, que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur" (1 Corinthiens 1:27- 31).

2

"Ta Parole est la vérité" (Jean 17:17).

"Si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes véritablement mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:31.32).

"L'Ecriture ne peut être anéantie" (Jean 10:35).

"Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu" (l Corinthiens 2:5.6)

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THÉOLOGIE ET ÉVOLUTION DOCTRINALE

L'Eglise chrétienne est liée à l'enseignement des apôtres et des prophètes. Celui-ci est une entité achevée et révélée une fois pour toutes dans la Bible. Il ne peut donc y avoir d'évolution doctrinale légitime, modifiant le contenu de ce que l'Eglise est chargée de proclamer. La révélation de Dieu est immuable et éternellement vraie. L'Eglise chrétienne peut progresser dans sa connaissance des vérités de l'Ecriture Sainte, mais l'enseignement dont elle est chargée, l'ensemble des vérités qu'elle doit confesser et proclamer ne peut pas changer. Il n'existe pas d'évolution doctrinale légitime dans le christianisme.

"Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Matthieu 28:19).

"Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre. Et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, et des choses qui sont écrites dans ce livre" (Apocalypse 22:18.19).

"Si quelqu'un parle, que ce soit comme annonçant les oracles de Dieu" (l Pierre 4:11).

"Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:22).

"Quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème" (Galates 1:8).

"Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l'enseignement que vous avez reçu. Eloignez-vous d'eux!" (Romains 16:17).

 

THÉOLOGIE ET LIBERTÉ DOCTRINALE

L'Eglise chrétienne n'a qu'un maître ou docteur, Dieu qui a parlé dans la Bible à travers les prophètes, le Christ et les apôtres. Pour remplir fidèlement son ministère, le théologien chrétien est donc tenu de conformer son enseignement à celui de l'Ecriture Sainte. C'est pourquoi l'Eglise chrétienne ne peut pas légitimement concéder à ses théologiens, docteurs et pasteurs de liberté doctrinale ou académique. Ils ne sont pas libres d'enseigner ce qu'ils veulent, mais sont liés à l'Ecriture Sainte et, dans l'Eglise luthérienne, aux Confessions de foi du XVI siècle.

"Ne vous faites pas appeler Rabbi, car vous n'avez qu'un Maître, qui est le Christ... Ne vous faites pas appeler directeurs, car un seul est votre Directeur, le Christ" (Matthieu 23:8.10).

"Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Matthieu 28:19).

"Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:20).

"Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Matthieu 28:19).

"Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:31.32).

"Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre. Et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, et des choses qui sont écrites dans ce livre" (Apocalypse 22:18.19).

"Si quelqu'un parle, que ce soit comme annonçant les oracles de Dieu" (l Pierre 4:11).

"Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:22).

"Quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème" (Galates 1:8).

"Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l'enseignement que vous avez reçu. Eloignez-vous d'eux!" (Romains 16:17).

 

DOGMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE

La théologie luthérienne rejette a priori toute méthodologie théologique qui établit, à côté de l'Ecriture Sainte, une autre source et norme de la doctrine, telles que la tradition, la conscience croyante du théologien ou des révélations individuelles. Les manuels de dogmatique luthérienne ont recouru traditionnellement à deux méthodes différentes, la méthode dite synthétique et celle qu'on appelle analytique. La méthode synthétique consiste à procéder de la cause aux effets ou des éléments vers le tout 1, tandis que la méthode analytique suit la procédure inverse qui remonte des effets à la cause ou dégage du but final l'ensemble des vérités 2. L'une et l'autre de ces deux méthodes peut être utilisée. La dogmatique luthérienne emploie généralement la méthode analytique.

1

La méthode synthétique étudie successivement les doctrines suivantes : doctrine de l'Ecriture Sainte, doctrine de Dieu, doctrine de l'homme (anthropologie), doctrine du Christ (christologie), doctrine de l'appropriation du salut (sotériologie), doctrine des moyens de grâce, doctrine de l'Eglise (ecclésiologie), doctrine des choses dernières (eschatologie).

2

La méthode analytique étudie successivement les doctrines suivantes : doctrine de l'Ecriture Sainte, doctrine de Dieu, doctrine des choses dernières (eschatologie), doctrine du Christ, doctrine de l'appropriation du salut, doctrine des moyens de grâce, doctrine de l'Eglise.

 

APERÇU DE L'HISTOIRE DES DOGMES

Il est difficile de résumer l'histoire des dogmes en quelques lignes. Nous le ferons très schématiquement en distinguant et décrivant à gros traits les périodes suivantes : l'Eglise apostolique 1, l'Eglise primitive 2, le Moyen Age 3, la Réforme 4, l'orthodoxie protestante 5, le piétisme 6, le rationalisme 7 et l'époque moderne 8.

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Jésus-Christ avait chargé ses apôtres de faire "de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" et de leur enseigner à observer tout ce qu'il leur avait "prescrit" (Matthieu 28:20). Ils avaient donc pour mission de faire connaître à tous les hommes l'enseignement de leur Maître. Prêcher la Parole de Dieu, c'est annoncer les vérités de la foi chrétienne et les défendre contre l'erreur et la fausse doctrine. Mais bientôt les apôtres et leurs successeurs durent lutter contre l'erreur et le mensonge que de faux docteurs s'efforcèrent de répandre dans l'Eglise et contre les attaques de l'extérieur, aussi bien des Juifs que des païens. Ils furent contraints de préciser leur enseignement et de le protéger contre toute déformation. Ceux qui propageaient l'erreur firent de même. L'Eglise à l'époque des apôtres et de leurs successeurs immédiats dut ainsi se défendre contre un certain nombre de fausses doctrines qu'on regroupe sous l'étiquette "gnose". L'enjeu était important. Il y allait de la vérité de l'Evangile même, de la personne de Jésus-Christ, de sa véritable humanité et de sa vraie divinité, ainsi que de son oeuvre rédemptrice.

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Vers la fin du 3 et au début du 4 siècle, de faux docteurs s'en prirent à la doctrine de la Trinité et à celle de la divinité du Christ. Le plus dangereux parmi eux fut Arius qui enseignait que Jésus-Christ n'était pas vrai Dieu, mais une créature supérieure aux autres. Beaucoup de pasteurs et de paroisses furent influencés par son enseignement, ce qui obligea l'Eglise à réagir. Elle le fit notamment lors du Concile de Nicée (325) en condamnant sa doctrine. D'autres docteurs de l'Eglise avaient une fausse conception des relations entre les natures humaine et divine en Jésus-Christ. Soit ils les confondaient, soit ils les séparaient. Le Concile de Chalcédoine (451) définit l'enseignement de l'Ecriture à ce sujet. Un autre faux docteur du nom de Pélage affirmait que l'homme n'était de naissance ni bon ni mauvais. Il niait le péché originel et soutenait que l'homme avait par nature la totale liberté de choisir entre le bien et le mal et donc de réaliser son salut et de le mériter avec l'aide de Dieu. Saint Augustin, un des plus grands docteurs de l'Eglise, lutta contre cette fausse doctrine et obtint que l'Eglise la rejetât.

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Les théologiens du Moyen Age étaient grandement influencés par la philosophie grecque, tout spécialement celle d'Aristote. S'écartant de la doctrine d'Augustin et se rapprochant de celle de Pélage, ils enseignaient que l'homme pouvait avec l'aide de la grâce divine coopérer à sa justification, se rendre digne des faveurs de Dieu et mériter le salut. L'Eglise gouvernée par la hiérarchie, avec à sa tête le pape, devint progressivement une institution chargée de dispenser les grâces divines et d'aider les hommes à faire leur salut. On en finit par enseigner que "hors de l'Eglise il n'y a pas de salut". On négligeait beaucoup la prédication de la Parole de Dieu et imposait aux hommes le recours aux sacrements confiés à l'Eglise pour qu'elle les aide à faire leur salut. C'est ainsi qu'on encourageait les uns à vivre dans la sécurité charnelle en se disant qu'ils accomplissaient les rites prescrits par l'Eglise, et qu'on poussait les autres, surtout âmes sensibles, au doute et au désespoir, sachant qu'aucun homme n'est en mesure de mériter son salut. C'est ce qui finit par déclencher la Réforme.

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Certaines tentatives de réforme furent faites par des hommes comme Valdo, Wicliff et Jean Huss, jusqu'au jour où Martin Luther protesta officiellement contre le trafic des indulgences en affichant 95 thèses sur les portes de l'église de Wittenberg (31 octobre 1517). Son étude de l'Ecriture Sainte qu'il était chargé d'enseigner à l'université de cette ville lui fit découvrir progressivement les graves erreurs enseignées par l'Eglise, notamment en ce qui concerne la justification. Excommunié et mis au ban de l'empire, il fit connaître le véritable Evangile par son enseignement et ses écrits, ralliant derrière lui de nombreux territoires allemands et d'autres pays européens (Danemark, Norvège, Suède, Finlande). D'autres Réformateurs accomplirent une oeuvre semblable dans des pays tels que la France, la Suisse, l'Angleterre, l'Ecosse ou les Pays-Bas.

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L'époque qui suivit la Réforme fut celle de l'orthodoxie protestante. Le terme "orthodoxie" signifie "pur enseignement" ou "pure doctrine". Cette époque qui produisit de grands théologiens est caractérisée par l'importance attachée à la rigueur et la précision doctrinales et le souci de préserver l'enseignement de l'Eglise de toute erreur. Mais il se peut que l'orthodoxie ait un peu trop privilégié la doctrine au détriment de la vie et de la piété, les formules doctrinales au détriment des sentiments, encore qu'il faille être très prudent à ce sujet. Toujours est-il que l'orthodoxie suscita le piétisme.

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Le piétisme du XVIII siècle fut une réaction contre l'orthodoxie et son insistance sur le dogme. C'est un mouvement religieux qui, négligeant les affirmations doctrinales, attacha une grande importance aux sentiments du coeur et à la piété. Il tomba dans l'autre extrême. On en vint à négliger l'enseignement de la vraie doctrine et la confession de foi, préparant le terrain au rationalisme.

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"Rationalisme" vient d'un mot latin qui signifie "raison". C'est un courant philosophique né en Europe au cours du XVIII siècle qui enseignait la suprématie de la raison humaine, juge de toutes choses, y compris de ce que l'Eglise doit enseigner. Selon le rationalisme, on ne doit proposer à la foi des fidèles que ce que la raison humaine peut comprendre et expliquer. Il rationalisme s'en prit donc à l'enseignement de l'Ecriture, fit de la raison le juge de la Parole de Dieu et rejeta tout ce qui dans la Bible n'est pas acceptable pour un esprit gouverné par la raison.

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C'est ainsi que naquit ce qu'on a coutume d'appeler la théologie moderne qui s'étend à travers le XIX et le XX siècle. Elle est marquée par une approche critique de la Bible qui n'est plus reconnue comme Parole de Dieu dans tout ce qu'elle affirme, mais soumise à une analyse scientifique et libérale. Elle engendra de nombreux courants que nous ne pouvons pas analyser ici, tels que l'histoire de la tradition synoptique, la critique des formes, la théologie existentialiste, la théologie néo-orthodoxe, la théologie de la mort de Dieu, la théologie de la libération, la théologie féministe, etc... Cette théologie libérale suscita ici et là des réactions dont certaines furent à l'origine de véritables réveils. Ce fut le cas en particulier au XIX siècle. Les Eglises luthériennes confessionnelles issues de ce réveil s'efforcent de défendre l'héritage de la Réforme par une soumission inconditionnelle à l'autorité souveraine de l'Ecriture Sainte et aux Confessions de foi du XVI siècle.

 

COMMENT DEVIENT-ON UN THÉOLOGIEN ?

Luther, dont personne ne conteste la profonde intelligence scripturaire et l'expérience spirituelle, estimait qu'il fallait trois choses pour être un théologien, "oratio, meditatio, tentatio", c'est-à-dire la prière, l'étude de la Parole de Dieu et l'épreuve. C'est ainsi que s'obtient selon lui la capacité théologique, c'est-à-dire l'aptitude à acquérir la connaissance des vérités bibliques, à les professer et à les défendre contre l'erreur.

"Je veux t'indiquer la bonne façon d'étudier la théologie, celle que j'ai utilisée. Si tu l'emploies, tu seras instruit au point de pouvoir rédiger, si c'était nécessaire, d'aussi bons ouvrages que les Pères et les conciles..., comme l'enseigne le saint roi David dans le Psaume 119, et tous les patriarches et prophètes s'y sont certainement conformés, il existe trois règles abondamment énoncées dans le psaume: oratio, meditatio, tentatio, c'est-à-dire la prière, l'étude et la mise à l'épreuve" (Luther, Préface au premier recueil des oeuvres de Luther, 1539, W2 XIV, 434).

 

DISCIPLINES THÉOLOGIQUES

On appelle théologie exégétique ou biblique, ou exégèse, la discipline théologique qui discerne et expose le sens véritable des écrits divinement inspirés de l'Ancien et du Nouveau Testaments, en recourant à toutes les connaissances requises pour cela : philologie, critique textuelle, archéologie, géographie, histoire, sociologie, etc. Faire de l'exégèse, c'est expliquer et commenter les textes bibliques en recourant aux méthodes et règles établies pour cela.

On appelle théologie systématique ou doctrinale, ou dogmatique, la discipline qui expose de façon systématique les doctrines divinement révélées dans la Bible, qui les fonde bibliquement, établit les liens qui existent entre elles et les défend contre l'erreur. Faire de la théologie systématique ou de la dogmatique, c'est exposer de façon méthodique les doctrines de l'Ecriture Sainte et réfuter les erreurs.

On appelle théologie historique la discipline qui étudie la naissance, les progrès et la préservation de l'Eglise chrétienne, de son enseignement (histoire des dogmes) et de ses institutions (histoire de l'Eglise), et utilise ces connaissances historiques pour la promulgation, l'application et la défense des vérités divines révélées dans les Ecritures. Faire de la théologie historique, c'est étudier l'histoire et l'expansion de l'Eglise depuis ses origines jusqu'à nos jours, ainsi que l'histoire de ses dogmes, des vérités qu'elle a dû défendre et des erreurs dans lesquelles elle a sombré.

On appelle théologie pratique l'enseignement des tâches spécifiques confiées aux ministres de l'Eglise et des principes et règles qui doivent les diriger dans l'exercice de leur ministère. Faire de la théologie pratique, c'est enseigner comment les pasteurs et autres serviteurs de l'Eglise doivent exercer leur ministère.

 


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14-août-1998, Rev. David Milette.