LES MIRACLES DE CHRIST, par Dr. Wilbert Kreiss - index
LES DIX LEPREUX: Luc 17:11-19
Seul Luc raconte la guérison des dix lépreux. Elle se situe à la fin du ministère de Jésus. Il se rend à
Jérusalem, cette fois-ci pour y mourir, et passe non pas entre la Samarie et la Galilée, comme l'écrit
Segond, mais à travers ces deux provinces.
Se tenant à distance:
C'est ce que prescrivait la loi. Cf. à ce sujet Lévitique 13 et 14 et le premier récit de miracle de cette
série, la guérison du lépreux de Marc 1:40-45. Ils sont malheureux, pauvres, exclus de la société et
condamnés à la solitude, osent tout au plus s'approcher des villages sans y entrer, dans l'espoir qu'un
bienfaiteur déposera quelques victuailles à leur intention sur le bord du chemin ou sur une pierre.
Apercevant Jésus, ils le supplient d'avoir pitié d'eux. Ils devaient savoir qu'il était facilement ému de
compassion devant la souffrance humaine et qu'il avait déjà secouru bien des malheureux.
Allez vous montrer aux sacrificateurs!
Voilà une nouvelle façon de guérir. D'ordinaire Jésus invitait les malades à venir auprès de lui, les
prenait par la main et les conduisait à l'écart, les touchait, leur imposait les mains et prononçait quelque
parole qui avait le pouvoir de les guérir. Ici, rien de tout cela. Pas même une promesse de guérison, mais
simplement l'ordre d'aller trouver les sacrificateurs dans le temple de Jérusalem.
Et ils y vont, sans demander d'autre explication, car ils ont compris qu'à cet ordre était liée une promesse
inexprimée, celle que les sacrificateurs constateraient leur guérison. Et en effet, la guérison était
indéniable. Les prêtres n'avaient plus qu'à la constater.
Comme le lépreux de Marc 1:40-45, Jésus les envoie dans le temple pour qu'on procède à ce constat
et pour qu'un rituel sacrificiel mette un terme à leur impureté. Il se conforme aux prescriptions de Moïse.
Il est venu non pour chambouler et bouleverser, ni pour scandaliser les croyants sincères d'Israël, mais
pour accomplir la loi et les prophètes (Matthieu 5:17). Il ne passe outre à ces préceptes rituels que
lorsqu'il a affaire à une interprétation fausse de la loi et qu'il lui faut tenir tête aux scribes et aux
pharisiens qui égarent le peuple. Consulter ce qui est dit à ce sujet dans l'étude de Marc 1:40-45.
L'un d'eux... revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix... C'était un Samaritain:
Normal qu'on vienne dire merci à Jésus? Peut-être pas tant que cela, à en juger d'après les neuf autres.
Dieu veut que les hommes le glorifient et lui rendent grâces pour tous ses bienfaits. Ne pas le faire, c'est
lui refuser le culte, l'adoration et les hommages auxquels il a droit. Il y a là une leçon pour chaque
croyant. La part que dans nos vies et nos prières nous faisons à la gratitude envers Dieu n'est pas si
grande que cela.
Le texte nous dit que cet homme fit deux choses: il glorifia Dieu et rendit grâces à Jésus. Les deux vont
ensemble, et on peut voir à cela au moins deux raisons: 1) Jésus est Dieu, donc en le remerciant on
remercie Dieu. 2) C'est en Jésus que notre Père céleste nous manifeste sa miséricorde et sa bonté et
nous accorde ses bienfaits. Toute prière chrétienne lui est donc adressée au nom de son Fils bien-aimé,
notre Sauveur.
Comme par hasard, ce lépreux qui revint remercier le Christ était un Samaritain, un membre de ce
peuple mi-juif et mi-païen que les juifs méprisaient si facilement. Consulter à ce sujet, dans un
dictionnaire biblique ou une encyclopédie religieuse, l'article sur la Samarie. Notre texte n'est pas une
parabole dont Jésus choisit les personnages, comme la parabole du bon Samaritain, mais un récit de
miracle. Cet homme était bel et bien un Samaritain en chair et en os. Il y avait parmi ces lépreux neuf
juifs et un Samaritain, et seul le Samaritain eut à coeur d'aller dire merci à son bienfaiteur. Dure leçon
pour ses compatriotes, les juifs. Non, ils ne seront pas les premiers dans le Royaume de Dieu. D'autres
les devanceront. On n'est pas fils d'Abraham parce qu'on a du sang d'Abraham dans les veines, qu'on
est un Israélite pur-sang. La circoncision du coeur vaut plus que celle de la chair (Romains 2:25-29;
Galates 5:6; Colossiens 2:11).
Thèmes de réflexion:
- On apprend aux enfants à dire merci. Nous devons l'apprendre nous aussi, car cela ne va pas
de soi. Si Dieu ne nous accordait un nouveau bienfait qu'après que nous lui ayons dit merci pour le
précédent, il y a longtemps qu'il ne nous bénirait plus et que nous ne serions plus en vie. Les chrétiens
ont besoin d'être constamment exhortés à la gratitude. Quant aux non-chrétiens, il faut qu'ils en
apprennent encore l'ABC. Guérir les hommes de leur ingratitude est plus difficile que de les guérir de
leurs maladies. Jésus en a fait l'expérience.
- Un centenier et une Cananéenne, donc des païens, avaient exprimé une foi que Jésus n'avait
pas rencontrée en Israël (Matthieu 8:5-13; 15:21-28). Et voilà qu'un Samaritain manifeste une gratitude
que ne lui montrent pas des juifs à qui il a accordé le même bienfait. Des étrangers viennent prendre les
premières places au banquet de l'amour divin. Les apôtres feront la même expérience: il y aura plus de
soif de l'Evangile, plus de repentance, de foi, de piété et d'espérance chez les païens que chez les juifs.
Question: Se pourrait-il que les nouveaux convertis, ceux qui viennent de découvrir l'Evangile et l'amour
de Dieu en Jésus-Christ, soient plus reconnaissants que les vieux chrétiens que nous sommes?
- Aux yeux des juifs, les Samaritains étaient pires que les païens. C'étaient des bâtards, issus du
croisement entre les juifs restés en Palestine au moment de la déportation et des ressortissants de
peuples païens que l'empereur de Babylone avait envoyés vivre là-bas. Ils avaient consentis à les
épouser. Mais ils se prenaient pour le véritable Israël, les vrais détenteurs de la foi. Ils n'acceptaient que
le Pentateuque comme livre sacré, et en plus, l'avaient falsifié dans de nombreux textes pour l'adapter
à leurs conceptions. Ce n'étaient pas simplement des étrangers à l'alliance, mais des hérétiques. Or il
n'y a pas pire ennemi que l'hérétique ou celui qu'on prend pour un tel, comme il n'y a pas pire haine que
la haine idéologique ni pire guerre qu'une guerre de religions. Les protestants en savent quelque chose.
- Ce sont là des verrous que Jésus fait sauter, des barrières qu'il renverse. Il est heureux de
constater qu'un Samaritain vient lui dire merci, et il tient à ce que cela soit raconté dans la Bible. Tous
nous avons dans notre ligne de mire notre Samaritain, tel faux chrétien qui pense autrement que nous,
tel faux-frère déviationniste, dont nous disons beaucoup de mal au lieu d'aller le trouver pour lui parler,
et surtout pour lui montrer un peu d'amour en essayant patiemment et gentiment de le gagner, de le
détourner de ses erreurs.
- "L'un d'eux, se voyant guéri, revint sur ses pas". Il semble qu'il ne soit même pas allé dans le
temple, qu'il ait remis cela à plus tard, tandis que les autres n'avaient qu'une hâte, se faire déclarer purs,
de manière à pouvoir retourner chez les leurs et mener une vie normale. Pour ce Samaritain, il y a plus
urgent que l'attestation des sacrificateurs, ce certificat légal de purification. Comme le souligne un
interprète, ce quelque chose n'est pas une chose, c'est quelqu'un, Jésus. Lui dire merci, tout de suite,
est plus urgent qu'un rite. Il ne rejette pas les cérémonies et les liturgies prescrites par la loi, loin de là,
mais une relation l'unit à Jésus-Christ, faite de foi et d'amour, et elle passe avant tout le reste. La
gratitude du coeur compte plus que l'observance d'un rituel.
- Attardons-nous un moment à l'étonnement de Jésus. La Bible nous parle de ses joies, de ses
colères, de ses tristesses, de ses déceptions, de ses indignations. Elle sait nous parler aussi de son
étonnement. En effet, Jésus s'étonne et dans son étonnement se demande pourquoi un seul est revenu,
alors qu'il en avait guéri dix. Neuf juifs B.C.B.G. n'ont pas cru devoir revenir pour lui dire un petit "merci".
Seul cet homme qui n'est ni juif ni étranger, cet être hybride qui ne vaut pas la peine d'être fréquenté
(Jean 4:9.27), vient le faire. Nous arrive-t-il aussi d'étonner Jésus? Par notre foi ou notre incrédulité?
Notre amour ou nos haines?
Questions de révision et exercices:
1) Rappelez pourquoi Jésus envoie les lépreux chez les sacrificateurs.
2) Pourquoi un seul revient-il le remercier, et cela sans doute avant même d'avoir été dans
le temple pour se faire purifier?
3) Pourquoi la Bible souligne-t-elle que c'était un Samaritain?
4) Quelles sont les différentes leçons qu'on peut tirer de ce récit?
(A noter: les quelques images insérés
au texte de ce document n'y figurent pas dans l'orginal, mais ont été
ajoutés au moment de la préparation de la version en-ligne.
Ils sont tous dans le domaine public, par Julius V. H. SCHNORR von CAROLSFELD,
du livre: "Das Buch der Bucher in Bildern." publié par Georg Wigand,
Liepzig: 1908.)
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